Partie 1: Chapitre 15 - Jeux dangereux?

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Nous étions revenus la veille au soir après presque deux jours de marche. Nous avions pris notre temps pour rentrer, après tout nous ne pouvions rien faire puisque Sirul, ou devais-je le nommer Inyë, avait quitté la citadelle.

Avec Ezarel, nous avions discuté de choses et d'autres. Nous nous demandions ce qui avait bien pu se produire dans la tête de l'ancien conseiller pour qu'il décide de se tourner vers l'ennemi de tout Eldarya, le même ennemi qui avait détruit de nombreuses cités des années, voir des siècles, auparavant. Malgré moi je ressentais le goût amer de la déception, et quelque chose de plus intense encore. Comme si un proche parent m'avait brisé le cœur. D'une certaine manière cela se comprenait. Je m'étais accrochée à l'idée qu'il était le seul lien avec ma famille, et en fin de compte il n'était rien de plus qu'un traître. Je voulais comprendre mais comment y parviendrais-je ? L'Esprit de la Terre m'avait dit que l'ombre de Dranbalt s'était insinué en Inyë et qu'il l'avait modelé à sa manière. Je me demandais si cela signifiait qu'il était manipulé tel un pantin ou si la noirceur de Dranbalt l'avait réellement atteint.

En attendant, les paroles de Teyra se bousculaient, elles aussi, dans ma tête. Je devais rejoindre les Terres bleues, et retrouver ma famille par la même occasion. Je doutais fort que Miiko me laisse quitter la Citadelle, mais l'Esprit avait dit que c'était essentiel. Je devais trouver un moyen de la convaincre. J'espérais qu'Ezarel me soutiendrait dans cette démarche.

Il se pouvait que ce soit encore un leurre mais je devais tenter de trouver mes parents. J'avais besoin de comprendre. Et puis je ne pensais pas qu'un des grands Esprits eldaryens se tournerait du côté du mal. Qu'aurait-il à gagner ? Et Inyë qu'avait-il à gagner dans cette histoire ? Rien n'était jamais certain.

Je sortis de ma chambre pour aller toquer à la porte d'Ezarel. Le couloir des Absynthes était désert. Au vu de l'heure, ils devaient tous être dans au labo ou dans les serres. Eza y serait lui aussi.

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Miiko était sur les nerfs. Elle faisait les cent pas dans la salle et ne cessait de souffler et de pousser des grognements. Lorsque je m'étais rendue au labo, Ezarel m'avait fait savoir que Miiko désirait me voir. J'étais là depuis que l'horloge avait sonné onze heures, cela faisait dix minutes que j'attendais qu'elle se lance.

« Ecoute Denara, nous ne savons pas quoi faire avec Sirul, ou Inyë, appelle-le comme tu veux. Nevra et quelques membres de la garde de l'ombre se sont lancés à la poursuite de cette personne que nous pensions bienveillante. Ce matin j'ai reçu une missive de Nevra et nous avons de très mauvaises nouvelles. Sirul s'est réfugié à Galil et d'après les descriptions de Nevra, la forteresse se prépare à la guerre.

— Contre nous ? Galil est une garde spécialisé dans le combat...Nous avons du souci à nous faire ?

— Ezarel m'a rapporté les paroles d'un megednin. Il semblerait que Galil ne soit plus de notre côté depuis longtemps. Et puis je ne m'avance pas en te disant qu'ils s'apprêtent à passer à l'attaque. Nevra m'a parlé d'armes lourdes, de catapultes, de balistes, de trébuchets, de nouvelles armes de haute qualité,... Et lorsqu'il a demandé d'accéder à la cité, les gardiens de Galil ne l'ont pas laissé entrer.

— Oui, mais s'ils veulent atteindre la citadelle, il leur faudra traverser la grande forêt eldaryenne et passe devant Osina ou Brelissa, et devant ou derrière la cité du Conseil. Il leur sera impossible de nous atteindre. Le Conseil ne restera pas sans rien faire n'est-ce pas ?

— Les effectifs de Brelissa et Osina en matière de combattants ne sont pas énormes. Tu peux compter un maximum de cinquante combattants par citadelle. Ce ne sont pas des cités de grandes envergures. Et la cité du Conseil est construite de manière à protéger la population des assauts, mais elle ne tiendra pas longtemps si elle est assiégée. Compte tenu de ces données, j'ignore si le Conseil se rangera de notre côté mais je l'espère très sincèrement.

Les larmes du Phoenix d'argentWhere stories live. Discover now