Partie 1: Chapitre 16 - En route vers les Terres Bleues

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Ezarel avait convaincu Miiko de m'écouter. Je ne savais par quel miracle il y était parvenu, mais un matin elle m'avait convoqué pour que je lui explique tout. Je lui avais livré mon ressenti, je lui avais parlé de Teyra, de ma famille biologique et de la nécessité d'apprendre à utiliser mes pouvoirs. Eza m'avait soutenu et ça avait payé.

Il me restait quelques heures avant le grand départ. Je revérifiais mon sac plusieurs fois avant d'aller le déposer dans la cale du bateau. Ensuite j'allais manger une dernière fois avec mes collègues absynthes. J'étais un peu triste de quitter la garde ainsi mais je me rassurais en me disant que ce n'était pas définitif.

J'ignorais pour combien de temps je serais partie mais ça risquait d'être long. Je déplorais presque le fait d'y aller seule. Huit jours de bateau avec, pour seule compagnie un vaste océan. Et une longue marche à travers une forêt méconnue.

A présent il était temps de régler les derniers détails avec Ezarel. Je regagnais la bibliothèque où il me fournirait une carte et les indications nécessaires pour le bon déroulement de mon voyage.

*

*           *

Il était temps pour moi de mettre les voiles. Miiko et Leiftan était venu me dire au revoir. J'étais déçue de ne pas voir Ezarel. Je regardai le port et baladai mon regard espérant tomber sur lui mais ce ne fut pas le cas.

Prête pour ce grand voyage, je larguai les amarres. Alors que Leiftan me faisait des signes, je m'éloignais du port. Je devais m'en éloigner pour pouvoir mettre le cap vers l'est. Je n'étais pas totalement à l'aise avec tous ces outils, que ce soit la boussole, la carte, ou le bateau. Il était évident que j'avais fait mon choix. J'avais décidé de rejoindre les Terres Bleues et peu m'importait la manière.

La cité rapetissait à vue d'œil. Je ne pouvais m'empêcher de regarder en arrière. A présent j'avançais tout droit en direction de ce continent en ruine. Mon souhait était de rejoindre la terre ferme le plus rapidement possible.

Je me demandais si je ne faisais pas une erreur à me lancer dans cette quête sans trop savoir où j'allais. J'avais le sentiment qu'arriverait un moment où je saurais mais n'était-ce pas complètement absurde d'attendre un signe qui ne viendrait peut-être pas? C'est bien pour ça qu'Ezarel ne comprenait pas mon souhait de rejoindre les Terres Bleues. Je plongeais dans l'inconnu. La cité des lumières était un lieu secret dont seuls ceux qui y avait vécu connaissaient l'emplacement. D'ailleurs je me demandais comment Dranbalt l'avait trouvée. Cela cachait quelque chose. Des traitres, il y en avait partout. Pourquoi étais-je si pessimiste ? Inyë...c'est bien à lui que je pensais en disant cela. Comment avait-il pu me berner de la sorte ? Et surtout comment avais-je pu être aussi bête ? Ce n'était pas mon genre de faire confiance aux gens aussi facilement, pourtant je l'avais cru sans trop y réfléchir, comme si c'était logique pour moi.

« C'est incompréhensible ! » ,dis-je tout haut.

A présent je voguais depuis des heures. C'était long et ce n'était pas fini.

« Je vais devenir folle en huit jours! »

Le vent était faible, je n'avançais pas assez vite à mon goût. Tout autour de moi était bleu. Le ciel qui s'élevait au-dessus de ma tête, l'océan qui se dressait devant moi. J'avais peine à croire que nous étions en automne. Dès mon départ, je l'avais remarqué. C'était un beau jour pour prendre le large. Ça me rappelait des souvenirs de vacances. Ça me rappelait ma famille et notre weekend à Dingle. Nous avions pris l'une des navettes qui faisait le tour de la baie. Maman avait un sacré mal de mer alors qu'Aron n'arrêtait pas de chanter « Où est Fungie ? Où est Fungie ? ». Avec papa nous nous jetions des regards complices et nous rions tant la situation était comique.

Les larmes du Phoenix d'argentWhere stories live. Discover now