Partie 1: Chapitre 13 - Inyë

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Ezarel


Après nous être changés, nous sommes partis à la recherche d'un lieu sûr dans la forêt pour établir notre campement. Nous avons mis en place un enchantement autour de celui-ci pour empêcher qui que ce soit de nous voir, de nous entendre ou de nous sentir. Nous avons mangé et Dena a fini par s'endormir. Sachant ce que j'avais entendu plus tôt, je ne pouvais dormir tranquille. Il y avait dans cette forêt des êtres qui rôdaient. Ils étaient à la recherche de mon être de lumière.

Il n'était pas question de les laisser mettre la main sur elle. Aussi, je décidai de partir à leur recherche. Ils ne toucheraient pas Dena et je m'en assurerai. Je n'étais pas friand de ce genre de méthode mais dans ce cas-ci la vie de Denara était en jeu.

Dena ne me simplifiait jamais les choses. Sa façon de se rapprocher de moi, de chercher à me connaître, de me toucher, m'exaspérait au plus haut point. J'en avais envie pourtant, mais je ne pouvais pas m'attacher à elle. Pas de cette manière. La tâche était rude. Ce que je m'apprêtais à faire le prouvait. Je couvais des sentiments à son égard, des sentiments qu'il m'avait été donné l'occasion de ressentir une fois, il y a longtemps. Je savais que cette chose qui grandissait en moi me ferait souffrir un jour ou l'autre. Les chances de souffrir étaient encore plus grandes avec une Elue. Je ne pouvais me leurrer sur ce point. Je devais être prudent et ne jamais laisser mes sentiments prendre le dessus.

Pourquoi était-ce si difficile ? Je me tournai vers elle pour comprendre. Elle avait la froideur de la lune et pourtant elle rayonnait comme le soleil. Il y avait quelque chose de réconfortant et de chaleureux en elle. Une certaine douceur alliée à une grande force. Elle semblait fragile parfois, mais je savais à quel point elle ne l'était pas. Parfois je la jalousais de se permettre de pleurer. Elle ne laissait rien caché. Elle n'enfouissait pas ce qu'elle ressentait. Même si j'avais l'impression qu'elle le faisait avec moi parfois. C'est comme si elle ne voulait pas me blesser en se montrant trop insistante. En tout cas, c'est ainsi que je voyais les choses. Du moins je préférais les voir sous cet angle. Elle en montrait assez sans en faire trop. Et se braquait quand elle sentait que ça en était trop pour moi.

Je me levai et pris la direction prise par les voix entendues plus tôt. Je jetai un dernier coup d'œil vers Denara. Je m'accrochai à ma dague, comme pour être sûr que j'avais ce qu'il me fallait pour accomplir la tâche que je m'étais fixée. Ils ne devaient pas être très loin. Je serai de retour avant le lever du soleil, et Denara ne saurait rien de ce que j'aurai fait pour elle. Elle ne pourrait pas s'attacher à ce geste pour se rapprocher davantage de moi, et ne se sentirait pas redevable.

Mon chemin me mena jusqu'à la rivière. J'entrepris sa traversée. Prenant la direction ouest, je tentai de trouver des indices sur mon chemin. Une branche cassée, des traces de pas, des odeurs. La faible lumière émise par mon cristal phosphorescent ne me permettait pas de bien voir les choses. Je devais parfois me fier à mon intuition pour suivre la bonne direction. Je revins sur mes pas à plusieurs reprises avant d'être sûr d'avoir suivi le même itinéraire que nos traqueurs.

Ce n'est que lorsque j'entendis des paroles audibles à quelques centaines de mètres de moi que je me rendis compte que je les avais trouvés. Je percevais le chatoiement d'un feu de camp se répercuter sur les chênes, les hêtres et les sapins, arbres de l'Ancien Monde. Nous étions dans la vieille forêt. Premier lieu où s'étaient établis nos ancêtres lors du Grand Exil. Ils avaient migrés depuis le Portail au sud, celui-ci qui avait permis à toutes les créatures magiques de rejoindre Eldarya depuis le cercle de Menhirs de Calanais en Ecosse.

Les larmes du Phoenix d'argentΌπου ζουν οι ιστορίες. Ανακάλυψε τώρα