Les larmes du Phoenix d'argent

Prologue

Dans cette nuit sombre, trois individus encapuchonnés couraient à vive allure, s'enfonçant de plus en plus profondément dans la forêt. Ils pressaient le pas comme s'ils étaient poursuivis. Ils semblaient fuir quelque chose mais quoi ? Leur attitude prouvait qu'ils ne voulaient pas être vus. Tout le monde savait à quel point déambuler dans la forêt à une heure aussi tardive, et surtout lors d'une nuit sans étoiles, était dangereux. Mais ces trois êtres bravaient le danger pour une raison qui leur semblait noble. Lorsqu'ils atteignirent la colline aux lucioles, ils s'arrêtèrent soudainement. Etaient-ils arrivés à destination ? Ou tentaient-ils de reprendre leur souffle ?

Une voix féminine s'éleva.

-Vous voilà donc ! Tout est prêt. Par ici, suivez-moi.

C'était une dame dont le visage usé par le temps avait perdu de son éclat. Sa chevelure était grisonnante et elle portait une tunique d'un bleu sombre des plus stellaires.

Ils la suivirent. La femme les dirigea sous les arbres immenses qui jonchaient les pentes de la colline.

— Est-ce la meilleure chose à faire ? Demanda l'une des trois personnes encapuchonnées aux autres. N'y a-t-il pas une autre solution ?

Elle retira son capuchon et dévoila son visage à la vue de tous ceux qui se trouvaient là. C'était une dame fort belle aux oreilles pointues, aux yeux gris et aux cheveux de jais. Elle semblait accablée de chagrin.

— S'il venait à se savoir qu'un être doté d'un tel pouvoir existe, je n'ose imaginer le chaos dans lequel sombrerait Eel, lui répondit l'un des hommes encapuchonnés.

— Tous voudront jouir de son pouvoir ! Nous ne pouvons risquer cela, ajouta la troisième personne qui semblait être un jeune homme. Je ne veux pas qu'elle en souffre. Certes son pouvoir serait très utile pour régler les problèmes d'Eldarya, mais il y a beaucoup trop de danger à la garder dans ce monde. Il est plus sage de l'éloigner pour le moment.

Durant leur brève conversation la dame qui les avait enjoints à la suivre vérifiait son travail.

— Approchez donc et déposez-le au centre.

La dame s'approcha et découvrit aux yeux de tous un bébé, jusque-là dissimulé sous sa cape. L'un des hommes la rejoignit. Il prit le bébé dans ses bras et lui déposa un baiser sur le front. La femme fit de même et lui susurra des mots à l'oreille.

« Je te promet que nous nous retrouverons un jour. »

Des larmes se déversèrent tel un torrent sur ses joues, embrumant sur leur passage sa vision. Elle déposa le petit être au centre du cercle. En une fraction de seconde, il disparut.