Chapitre 2 : Suite 1

36 4 1
                                    

Fin de la quatrième valse. Je veux rejoindre Téphe, mais dans mon élan je suis stoppée net par Fradaë. Il me saisit le bras et me ramène à lui, m'emprisonnant de ses bras contre son torse. Trois coups de bâton. C'est la dernière valse. Nous tournons à une vitesse folle,la musique est plus entraînante que les précédentes. Nous tournons, nous tournons, et ma tête essaie malgré tout de voir Téphe. Je le vois ! J'ai une forte poussée d'adrénaline. Je mets toute ma force pour me délivrer de l'emprise de Fradaë et le pousse à terre. Il est très vif, j'entame à peine ma course pour retrouver mon bien-aimé que celui-ci m'attrape le poignet. Revenue à sa hauteur, voilà qu'il me gifle ! Il m'a giflée ? Il m'a giflée ! Comment ose-t-il ! J'appelle désespérément un patrouilleur, en vain. Aucun de ceux qui sont assignés à ce village n'est présent. Cela ne m'étonnerais guère que Fradaë soit derrière tout ça.

— Cette valse n'est pas terminée ! Me rage-t-il au visage en me tirant une nouvelle fois par le bras.

Mais qu'ont-ils tous avec mon bras enfin ! Reprenant enfin mes esprits, je me prépare à riposter quand un poing arrive droit dans le nez de Fradaë. Mon amoureux a vraiment un bon crochet du droit ! Je glousse. J'ai gloussé ? J'ai gloussé ! Voilà une première, il faut que je me ressaisisse. Fradaë s'apprête à lui rendre la monnaie de sa pièce mais je m'interpose et prend son poing au bas ventre. J'ai terriblement mal, et je m'écroule au sol.

Téphe entre dans une rage folle. Prêt à me venger, il est cependant devancé par un homme que je n'arrive pas à identifier. Après quelques secondes, je réalise qu'autour de nous tous continuent de danser sans nous prêter la moindre attention, même les musiciens ne se sont pas arrêtés. Téphe m'aide à me relever, et c'est mon père, oui, c'est mon père qui donne une correction à Fradaë. Je n'en crois pas mes yeux. Mon père lève Fradaë et, tout en le tenant par le col de sa cotte hardie, le fixe dans les yeux et lui dit :

— Tu lèves encore une fois la main sur ma fille, et je te tue.

Ma mère accourt tel une hystérique :

— Mais tu as perdu la raison ! Oh Fradaë je suis désolée, excusez-les, ils sont un peu impulsifs, mais...je suis sûre qu'ils regrettent déjà leurs gestes.

Mon père profite de l'instant pour glisser à Téphe :

— Tu as tout intérêt à prendre grand soin d'elle compris !

Et Téphe de répondre dans un sourire rougit par le sang de sa lèvre coupée :

— Comptez sur moi monsieur ! Merci.

Nous nous fondons donc dans la foule, et savourons cette ultime valse. Face l'un à l'autre, les yeux dans les yeux, je pose ma main gauche sur son épaule, et la droite dans sa main. Sa lèvre saigne encore un peu, et son arcade sourcilière droite enfle petit à petit. Une bosse couvre une partie de son front.

— Comment t'es-tu fais ça?

— Un petit souvenir de Fradaë. Quand tu es restée auprès d'Eldicha, je suis parti avec mon frère informer mes parents de la situation, et par la même occasion chercher nos présents pour toi et celle convoitée par Ghajii. Fradaë nous a surprit sur le retour. Il m'a frappé à la tête avec un morceau de bois qui traînait à l'orée du petit bois et plus rien. C'est Ghajii qui m'a aidé à revenir à moi et mis en fuite cet idiot. Je suis venu aussi vite que j'ai pu. Quand je t'ai vu à son bras sur la piste, j'ai voulu le tuer. J'ai confié mon présent à Ghajii et lui ai foncé dedans. Enfin après tu connais la suite. C'est marrant...ton regard n'est plus le même qu'au début de la fête. Tu sembles plus...plus sereine. Non ?

Les Sphères d'Ebesse                               Tome 1 - Épées forgéesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant