A Pile ou Face - MILO | Terminée

Chapitre cinquante-cinq

LEWIS

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Milo a tout de suite été d'accord avec moi quand l'autre nuit, je lui ai parlé du besoin de Claire de faire une pause, de partir quelques jours pour faire le vide, et il a trouvé l'idée excellente même. Je ne pensais vraiment pas qu'un jour avec Milo nous pourrions nous entendre assez bien pour qu'il me propose, sans que je le lui demande, de me prêter leur maison de vacances. Une villa qui d'après ce qu'il m'en a dit est dans leur famille depuis très longtemps, et où Claire aimait aller étant enfant.

Claire a besoin de digérer tous ces nouveaux changements dans sa vie. De la découverte de son cousin Sylvain, qui n'est d'autre que Milo, son ami, jusqu'à ces photos, qui lui démontrent à quel point, ils s'entendaient bien gamins. Que ce soit pour les anniversaires, les vacances, les promenades ainsi que celles au parc, aux manèges de chevaux souvent accompagnés de Paloma... Et ces goûters fabuleux qu'ils dévoraient ensuite, tous ces souvenirs lui sont revenus comme un boomerang en pleine tête, l'obligeant à réaliser tout ce bonheur parti en fumée, à cause de décisions d'adultes.

Ils ont décidé pour eux, ils ont dicté la conduite à tenir en précisant ce qu'ils devaient faire, ressentir, aimer, pour en arriver au stade de la haine entretenue par tous ces mensonges. Claire a beaucoup de mal avec le fait qu'on lui ait toujours menti sans quand plus, elle n'en sache les vraies raisons. Elle s'en veut aussi, d'avoir oublié tout ce qu'elle pouvait ressentir pour ce petit garçon joyeux aux belles boucles brunes. D'avoir effacé de sa mémoire, tout cet amour pour le remplacer par de la haine, juste sur commande, parce qu'on le lui a fait croire et imposé aux fils des années.

C'est dur d'accepter que toute sa vie est basée sur des mensonges, et que sa famille et ses parents ont entretenu cette haine. Les personnes en qui Claire avait le plus confiance l'ont trahie. Ils avaient le pouvoir de lui faire accepter au fil des années que son cousin était la pire personne au monde. Qu'elle devait le détester tout comme ses parents et cela, pour des raisons que Claire ignore.

Mais pas moi.

Parce que j'en ai forcément une petite idée, mais Claire ne doit pas encore le savoir tant que je n'ai pas toutes les cartes en mains, tant que je ne suis pas sûr à 100 %, je ne peux rien lui dire.

C'est trop tôt... Bien trop tôt.

De plus, je la détruirais si elle venait à apprendre tout ce que je sais maintenant.

C'est pourquoi, je dois faire de mon mieux pour qu'elle reprenne le dessus et qu'elle puisse en premier lieu dépasser ces nouvelles péripéties qui brusquent sa vie déjà bien tourmentée. Je dois tout faire pour qu'elle se sente en sécurité, qu'elle se sente aimée, et désirée. Qu'elle reprenne confiance en elle, en l'amour, en la vie et en l'espèce humaine. Je ferais tout mon possible, pendant ce court séjour, pour qu'elle soit heureuse.

Qui aurait dit qu'un jour, j'aurais envie de prendre soin d'un être si beau soit-il ? Que sa fragilité masquée par cette impétuosité me toucherait au point de lui donner tout l'amour dont moi j'ai été privé.

Ma mission : prendre contact avec Claire par le biais de Pop's. C'était la couverture idéale, je retrouvais ma petite sœur et par la même occasion, je faisais ami-ami avec Claire. Rien de bien compliqué en somme par rapport aux chefs de bandes auxquels j'ai à faire d'habitude. D'où ma légitime confiance, quand mon chef m'a demandé, si je m'en sentais capable, et si je saurais me faire accepter, si j'arriverais à approcher ses amis et à en apprendre un maximum, ce à quoi je lui avais répondu :

— Ça va être du gâteau chef !

Ça ne devait être qu'une formalité, une des opérations les plus simples qu'on ne m'avait jamais confiée. C'était comme si mon chef m'accordait des vacances et que je rentrais enfin chez moi après neuf mois d'absence. Parce que pour le coup, cette dernière mission à l'étranger n'avait pas été de tout repos, donc un peu de calme, ça ne pouvait que me faire du bien.