Chapitre cinq

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CLAIRE

Aujourd'hui est le premier jour de ma nouvelle vie.

Aujourd'hui j'emménage dans mon nouvel appartement. Mon départ du foyer sera rapide car je n'ai pas grand-chose à emporter et je suis bien contente que Milo ne m'ait pas appelé pour m'aider à déménager car tout ce que j'ai, tient dans la camionnette du concierge du foyer, et j'aurais eu honte qu'il voit la pauvreté de mon existence. Je dis au revoir à mes colocataires de galère, à ma psy ainsi qu'à la directrice qui me donne une enveloppe que j'ai ordre de n'ouvrir qu'une fois à l'appartement. Je les remercie chaleureusement en les prenant dans mes bras.

Je me retourne une dernière fois afin de ne jamais oublier ce foyer. D'ailleurs comment pourrais-je l'oublier ? Il a été mon refuge pendant ces deux dernières années et je n'ose même pas imaginer ce que je serais devenue sans ce refuge, sans sa directrice, sans la psy et sans toutes ces autres femmes qui comme moi ont vécu plus ou moins longtemps avec un homme violent. Malgré ce point commun que nous avons toutes, aucune histoire n'est la même. Certaines étaient mariées comme moi, d'autres vivaient en couple, quand d'autres ne faisaient que sortir avec eux alors qu'elles vivaient encore chez leurs parents.

Puis il y a eu Poppy.

Dès le premier jour nous nous sommes bien entendus. J'étais ici depuis six mois et je commençais à aller un peu mieux quand elle a poussé la porte de la salle de réunion. Elle s'est présentée et a annoncé :

— Je m'appelle Poppy, j'ai dix-huit ans depuis ce matin et je suis ici car mon père a abusé de moi pendant sept ans. Mais maintenant que je suis majeure, il ne me touchera plus jamais.

Hier a été son dernier soir, aujourd'hui est mon premier jour.

Cette jeune fille brune, pâle et bien trop mince m'a touchée dès qu'elle est entrée. Et quand ses grands yeux verts ont croisé les miens, j'ai su que quelque chose de spécial venait de se produire. Elle allait devenir ma meilleure amie. Malgré notre différence d'âge bien souvent j'ai l'impression d'être la plus jeune des deux. Poppy est réfléchie, à du caractère, sait ce qu'elle veut et ne veut plus ! Cette épreuve au lieu de l'avoir détruite lui a encore plus donné la rage de vivre et d'envoyer tout balader en laissant derrière elle sa famille qui a toujours su mais qui n'a jamais rien dit ou fait.

Alors quand elle a su que j'avais trouvé un appartement elle a été la première à me féliciter et à me dire :

— J'espère que tu as prévu de quoi dormir pour moi, quand je viendrais passer des soirées filles chez toi.

— Au pire on dormira dans le même lit, ma Poppy.

— On fera ça, ma Cali. Dis-moi tu n'as pas été très bavarde sur ce mec qui t'a trouvé l'appart de tes rêves ?

— Qu'est-ce que tu veux que je te dise ?

— Il est mignon ?

— Très, avoué-je en rougissant.

— À ce point ?

— Oui mais inaccessible !

— Pfff... Avec ton corps de rêve il n'a pu que craquer.

— Sur le serveur, oui en effet il a craqué.

— Oh merde, il est gay ?

— Oui et en couple.

— Ben merde pour une fois que tu en trouves un à ton goût, ajoute-t-elle dégoûtée.

— C'est comme ça ma Poppy. Le karma, que veux-tu !

— Il a bon dos ton karma. Tu es sûre qu'il n'y a pas moyen de le faire changer de bord ?

— Même si le bateau venait à chavirer il ne changerait pas de bord pour autant, crois-moi !

A Pile ou Face - MILO | TerminéeWhere stories live. Discover now