Chapitre un

4.9K 302 118
                                    

MILO

J'ai fait la connaissance de Claire quand elle est venue, un jour, à l'agence. Cette vendeuse en boulangerie sentait les viennoiseries et vivait seule avec son chat dans un taudis à plus de quatre cents Euros de loyer, alors qu'elle n'avait que de modestes revenus.
Elle est un sacré défi pour moi, parce que le prix de l'immobilier a augmenté ces dernières années. Cependant, je lui ai dit que je l'aiderais, et il en est de mon devoir, vu mon job. Claire s'est convaincue de prendre le premier logement qui rentrait dans ses moyens, sauf qu'en y réfléchissant bien, elle va royalement se compliquer la vie.
Sans véhicule personnel, elle doit prendre les transports en commun trente minutes le matin, et pareil le soir, pour rentrer chez elle. Je ne sais pas pourquoi, mais ça m'énerve. Sans doute parce que j'aime que mes clients soient parfaitement satisfaits de mes services, ou parce qu'elle est jolie, va savoir...
C'est sans doute pour cela, que sans rien lui dire, je continue mes recherches. Puis, sait-on jamais, je dégoterai peut-être la perle rare !
Comme tous les matins, j'allume mon ordinateur et, vais me faire un café en attendant que les programmes se lancent. Lorsque je m'installe à mon bureau, je lorgne l'écran en grimaçant, la langue brûlée par le breuvage noir et ouvre mes mails, à la recherche des nouvelles annonces. Le marché de l'immobilier est un secteur florissant, changeant, dont je ne peux me lasser. Chaque jour, de vraies pépites fleurissent sur la toile et je les examine, persuadé qu'elles pourraient plaire à certains de mes clients.
D'ailleurs, je trouve rapidement quelque chose :

T2, dans le quartier de la roseraie. Secteur parfait, rue de la liberté. Génial ! C'est à environ dix minutes à pieds du boulot de ma cliente.
Les photos décrivent un appartement charmant, et très lumineux. C'est dingue, mais je suis sûr que ça lui plairait énormément. Je glisse ma souris sur la flèche, qui fait descendre l'annonce jusqu'en bas, pour en découvrir le loyer avant de fermer les yeux. Je m'enfonce dans mon fauteuil, avant de relire pour en être bien certain et jure : Ouais, c'est bien cinq cent cinquante Euros.

— Fais chier !

Je décroche mon téléphone, appelle tout de suite mon collègue pour bloquer l'appartement. Il faut absolument que je le visite en priorité. Lucas me doit bien ça.

— Salut Lucas, c'est Milo.

— Comment tu vas ? Oh toi, si tu m'appelles tôt, c'est que tu veux quelque chose.

— Exact. L'appart de la roseraie. Je le bloque, je passe chercher les clés d'ici trente minutes. Et essaye de voir avec le proprio pour faire baisser le loyer.

— Mais...

— Il n'y a pas de "mais" Lucas. J'arrive ! annoncé-je avant de raccrocher.

Je récupère ma sacoche, mon téléphone, mon casque et mes clés. Je ferme l'agence, Sonia ma collègue n'arrive que dans une heure.

J'enfourche ma moto et me faufile dans la circulation dense. Comme prévu, j'arrive à l'agence de Lucas trente minutes plus tard. J'aime être ponctuel. Quand je dis une heure, je fais tout pour m'y tenir tout en respectant le Code de la route, bien sûr. Je ne suis pas de ces motards qui zigzaguent entre les voitures en mettant la vie d'autrui et la sienne en danger. Oui je sais, je ne suis pas très fun. J'aime que les choses soient claires, carrées. Je n'aime pas les imprévus, le désordre et le manque de respect. Vous allez me trouver vieux jeux, coincé. Eh bien sachez, que vous ne me vexerez même pas. Au contraire, je trouve que c'est une qualité d'être maniaque et un tantinet exigeant.

Je pousse la porte vitrée de l'agence et vais saluer Lucas en lui tendant la main.

— Alors ?

A Pile ou Face - MILO | TerminéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant