Alone but not lonely

Chapitre 35

Izuku

Cela faisait maintenant presque deux heures que je servais de personne en détresse à mes camarades.
Kacchan ne regardait pas les écrans chez Recovery Girl, il n'avait donc sûrement pas encore découvert ma présence. Ochaco m'avait dit à la fin de l'épreuve qu'il passait en dernier contre Shoto. Kacchan allait sûrement foncer sur lui plutôt que de se préoccuper de la personne en détresse  - moi ,donc - qui était pour lui un poids conséquent durant le combat. Je ne le prenais pas mal vu qu'il n'était pas au courant que cette personne n'était autre que moi. Par contre, je craignais un peu sa réaction et je réfléchissais à une manière de l'aborder sans le faire sortir de ses gonds.

"Salut Kacchan, ça fait longtemps, non ?"
Beaucoup trop abrupte.

"Me frappe pas, me frappe pas, je le referais plus !"
Ouais... Non plus.

"All Might a dit qu'il était d'accord !"
Trop pleurnichard.

Des centaines de phrases se bousculaient dans ma tête, cherchant à me montrer qu'elles étaient les plus adaptés à la situation. Finalement, j'optais pour l'improvisation. Rien de mieux que d'inventer une phrase en fonction de la tête qu'il fera en me voyant.

Il fallait que je me reconcentre sur l'exercice. Premier combat, Tsuyu gagne, deuxième combat, c'était Tenya qui avait pris de cours ce pauvre Ejiro en courant à toute vitesse vers mon emplacement. À vrai dire, je n'avais presque pas remarqué qu'on m'avait trouvé. Pour le troisième combat, Kyouka gagne assez facilement vu que Denki entamait une danse de la joie, les pouces en l'air. On était donc au quatrième combat... Par élimination, je savais d'avance que c'était Momo et Fumikage qui devaient me trouver. D'ailleurs, des bruits de pas assez bruyants retentirent et mon coeur s'arrêtait tout comme mon cerveau. Ni Momo, ni Fumikage pouvaient faire autant de bruit en marchant.

- DEEEEEKU !

Et merde. Ne pas faire de bruit, surtout pas sinon...

- Trouvé, enfoiré. Alors, on quitte l'hôpital, hein ? Tu m'avais donné ta parole.

- C'était ma parole de scout ! En plus, j'ai jamais été scout.

- Est ce que tu te rends compte que tu fais n'importe quoi ?

- J'arrive pas à rester toute une journée sans rien faire du tout.

- T'as même pas essayé.

- Parce que je sais déjà que ça ne sert à rien !

- Et ben pas moi ! Dès que je te ramène au point sécurisé, tu t'en vas.

- Désolé Katsuki mais c'est moi qui l'y amènera.

Shoto était juste entré dans la pièce et avait gelé le pied de Kacchan, l'emprisonnant dans la glace. Malgré les protestations de l'explosif, Shoto m'embarqua sans que je puisse réagir. À vrai dire, je ne m'y attendais pas vraiment et je crois que Kacchan non plus. Il hurlait des messages de mort qui faisaient trembler les murs. C'était sûrement dû à ses explosions incessantes.

- JE VAIS TE TUER LE RÉFRIGÉRATEUR !

- C'est ça, cause toujours.

Il ne criait pas mais il me semblait que les mots avaient été entendu par Kacchan qui vociféra.

- TU VAS CREVER SALE BÂTARD !

- Shoto, tu devrais...

- Courir plus vite.

Il fit apparaître une rampe de glace sur les escaliers et se lança dessus avec un peu d'élan. Je n'eus pas d'autre choix que celui de m'agripper à son costume de toutes mes forces pour éviter de tomber par terre. À cette vitesse, le choc serait violent. Soudain, je me sentais tiré en arrière et je devinais que c'était Kacchan qui revenait à la charge. Ça me faisait sourire de le voir aussi compétitif. Un instant, j'ai cru qu'il était resté emprisonné dans la glace mais ce n'était pas n'importe qui. C'était Kacchan et aussi loin que je me souvienne, il avait toujours été têtu comme un âne. C'est ce qui faisait sa force et sa faiblesse en même temps. Je lâchais Shoto pour ne pas le faire tomber non plus vu que j'étais accroché à lui comme si ma vie en dépendait et c'était un peu le cas dans cette situation ! Kacchan me portait à la façon d'une princesse Disney et je ne sais pas pourquoi mais je me mis à rougir assez violemment. Kacchan me scruta avant de mettre une main sur mon front.

- T'as pas de la fièvre au moins...

- Non, rassure toi, juste un coup de chaud je pense.

- Tu sais que je ne suis pas le seul à t'aimer ?

Pendant un instant, il y eut juste le bruit des pas et de la respiration haletante de Kacchan qui planait dans l'air.

- Qu'est ce que tu veux dire par là ? Ochaco aime Tenya, pas moi.

- C'est... Bon à savoir mais c'est pas elle dont je te cause. C'est lui derrière.

- Shoto ?

- Ouais ! Déjà ce matin, il m'a limite menacé ! Il voulait en savoir plus sur toi, genre des détails quand on était enfants. Je l'ai envoyé bouler et j'ai même failli le frapper ! Mais...

- Mais ?

- Il a dit que si tu l'apprenais, tu me ferais la gueule et je voulais pas ça. On a mis du temps à se réconcilier, je n'ai pas envie de tout gâcher à cause de lui.

- Kacchan... Tu ne gâcherais rien du tout ! Je t'aurais demandé avant ce qu'il s'était passé pour pouvoir te faire la tête. Je ne suis pas comme ça !

- Je sais bien mais sur le coup, j'ai vraiment flippé.

- Bon, c'est passé maintenant... Non ?

Vu sa tête, j'en déduisais que ce n'était pas le cas.

- Je ne crois pas. Il te veut. C'est assez glauque je dois dire.

- J'ai une idée mais j'espère que ça ne va pas le blesser...

- J'ai pas le droit de le frapper ?

- Non, de le blesser au niveau émotionnel !

- Mais au pire, on s'en fout ?

- Kacchan ! Ça reste mon ami quand même.

- Est ce que ça sent la friendzone ? 

- Fais gaffe, tu pourrais t'y retrouver.

- Tu fais ça et tu y passes avec la clim sur pattes.

- Je ne faisais que te taquiner.

- Et si tu m'expliquais ton plan au lieu de me parler de n'importe quoi ?

Je lui chuchotais quelques mots à l'oreille avant qu'il ne court vers la pièce que je lui avais indiqué. Il me déposait au sol avant de m'embrasser. Au début, c'était un ballet assez lent et monotone mais dès que Shoto entra dans la salle, une sorte d'ardeur enflamma Kacchan qui m'embrassait comme si j'étais un canot de sauvetage sur le Titanic qui coulait lentement parmi les eaux glaciales et insalubres. Je n'osais pas regarder Shoto en face. Il ferait se sentir tellement gêné et absurde de m'avoir cru. D'avoir cru à l'amour.

- Izuku ?

Je ne pouvais pas répondre vu que Kacchan gardait ses lèvres plaquées contre les miennes. Dès que je voulais arrêter, il me mordait la lèvre comme pour me dire "Pas maintenant".

- Tu sors avec... Lui ?

- Mmmouimmm.

- Ah et bien... On devrait revenir à la base de repos pour y déposer Izuku.

- C'est ça... T'arrives à te lever ?

- C'est pas comme si j'étais en sucre non plus !

Si.
Justement.