Je terminerai comme un objet retrouvé

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Play Boy (2009)

Ces derniers temps, je bascule entre mes deux ressources, mes deux sources de réconfort. Ambre. June. Ambre. June. En réalité, sans elles, je ne sais pas comment je supporterai tout ça.

Ambre m'apporte cette bienveillance, cet appui dont j'ai besoin, celui qui me manque au quotidien, celui que je n'ai jamais vraiment eu auparavant. June, quant à elle, m'amène une certaine légèreté qui m'est nécessaire pour apaiser toutes ces tensions. Elle a toujours su comment s'y prendre avec moi, et je suis rassuré de constater que ce n'est pas aujourd'hui que les choses vont changer. June, tu vois comment à l'intérieur de moi je me sens.

Après avoir trouvé mon prénom, ma nouvelle appellation, j'ai attendu quelques jours avant d'en parler. J'ai gardé cette identité véritable pour moi, un temps. Je voulais me retrouver avec moi-même, reprendre contact avec ce que je suis foncièrement, m'habituer doucement à ce que je découvre de moi-même.

Et puis un jour, j'ai senti que c'était le bon moment d'en parler, qu'il était temps ! La première à qui j'ai ressenti le besoin d'en parler, c'est June, bien évidemment ! Je lui ai exposé tout le raisonnement que je me suis fait pour en arriver à ce prénom. Elle me félicite, me confirme que « ça n'a pas du être simple pour toi ». Elle le trouve joli et pense pouvoir s'y faire rapidement. Si ce ne devrait pas être le cas, j'appréhendais sa réaction, j'avais peur qu'elle n'approuve pas. L'avis des personnes que j'aime m'est bien trop important. Les personnes que j'aime... Maman... Je chasse ses vilaines pensées de ma tête. On verra ça plus tard !

Quelques fois, ses vieux réflexes reviennent ; de temps à autre, elle accorde les adjectifs au féminin, commence à prononcer mon prénom mais se reprend aussitôt, toute gênée. Elle est si adorable ; Je vois qu'elle est pleine de bonne volonté. Je crois que je reprends espoir en l'Homme, amoindrissant l'importance que je donne à la méchanceté de Mél.

D'ailleurs, petit à petit, les choses se tassent avec elle. Je prends conscience que, au-delà de la transidentité, il y avait autre chose. Ce gros problème de fond est que j'aime toujours trop. Je donnais sans doute trop par rapport à ce qu'elle était capable de me donner. En fait, inconsciemment, j'en demande sûrement trop. Le voilà le problème. Elle n'était pas en mesure de m'offrir ce que j'attendais. Dois-je lui en vouloir pour cela ? « Ah oui oui oui ! », s'imposerait fermement June. Je crois que mon indulgence, ma magnanimité me perdra.

Mais aujourd'hui, je retrouve Annie. J'avais tellement hâte ! Si nous avons toujours pris garde à ne pas créer une quelconque dépendance entre nous, il faut bien avouer, qu'en ce moment, j'ai vraiment besoin d'elle. Je crois que je suis simplement en manque de repères. Je ne demande rien de plus que d'en trouver, en réalité.

« Bonjour ! Désolée du retard, j'ai gardé un patient plus longtemps que prévu. débite t-elle, essoufflée, en prenant place sur la chaise en face de moi.

- Oh ne vous en faites pas, je viens d'arriver !

- Super ! Alors, comment tu vas ?

- C'est marrant, cette question est en générale si banale quand on nous la pose ; sauf quand ça vient d'un psy, remarqué-je pour détendre l'atmosphère.

- Hé ! Je ne suis pas ta psy aujourd'hui. Je suis ton amie ! Alors, même si certains amis ont du mal avec le principe de bienveillance, moi, je te le demande sincèrement : comment tu te sens ?

- Et bien... je... à vrai dire, c'est un peu fouillis dans ma tête. Il s'est passé un tas de choses depuis la dernière fois, dis-je sans réfléchir, avant de me raviser à parler.

Ma Seconde Naissance [PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant