A Coeur Ouvert

Le petit cahier

Après une bonne nuit de sommeil et de repos bien mérité, les chirurgiens du Boston Miller allaient reprendre leur garde de jour.

Emma et Alex arrivaient toujours ensemble, comme celui-ci n'avait toujours pas trouvé d'appartement.

Kate avait fait son entrée seule, puisque son mari n'avait toujours pas donné de nouvelles depuis leur dispute.

Et depuis que James lui avait ouvert les yeux, Ethan venait travailler plus sereinement. Il s'était résolu à ne plus rien à espérer d'Emma, décidant plutôt à se projeter dans l'avenir aux côtés de Megan.

James était - pour une fois - arrivé en avance, et Laurel était restée là pour surveiller sa patiente.

En arrivant ce matin, les deux amis remarquèrent de nombreuses affiches et guirlandes accrochées un peu partout dans l'hôpital. Arrivés au service de chirurgie, Emma s'empressa de demander à Laurel l'origine de tout ces décors.

- T'es pas au courant ?!

- Au courant de quoi ? L'interroge Alex qui ne voulait pas tourner autour du pot.

- C'est la fête en pédiatrie et en oncologie ! On fait ça tout les ans pour les enfants et les malades du cancer !

- Et ça consiste en quoi ? Continue Emma.

- Eh bien... Réfléchit-elle, on amène des chiots et des lapins, on fait venir des clowns et on fait venir un gospel au service d'oncologie. C'est cool, non ?

- Il aurait pu me prévenir qu'il y aurait des caniches et des nez rouges dans mon service ! Rumine Alex, avec le sentiment d'être mit à l'écart.

- A quelle heure le gospel ? Demande joyeusement Emma.

- 16h dans le hall je crois...

- Parfait. J'y serai. Si je ne suis pas au bloc !

A peine changé, Alex retrouva ses collègues aux urgences. Aujourd'hui, il devait accoucher une femme et ensuite s'occuper du bec de lièvre du nourrisson avec le docteur Clark, qui, comme d'habitude, n'était toujours pas arrivé. Agacé, il décida de commencer la visite sans lui.

*

Dans les vestiaires, Emma termina son lacet gauche, puis sortit rapidement pour ne pas être en retard à sa première visite préop'. Un étage plus haut et quelques pas plus tard, elle arriva sur le seuil de la chambre de monsieur Hodges.

- Bonjour monsieur Hodges ! Vous êtes prêt ? Claironne-t-elle.

- Bonjour docteur... Euh... Non...

- Dites-moi ce qui vous tracasse, continue-t-elle en s'asseyant près de lui.

- J'ai peur, avoue-t-il. Et s'y j'y restais ?

- Ne vous inquiétez pas, on va tout faire pour que ça n'arrive pas, le rassure Emma.

- Je vais avoir mal ?

- Vous serez sous anesthésie générale monsieur Hodges, je ne pense pas que vous allez sentir quelque chose, plaisante-t-elle.

- Comment vous allez faire ?

- Je vous laisse répondre, docteur Parks.

L'interne debout à côté d'eux sortit de ses pensées quand il entendit son nom. Son mentor du jour lui avait posé une question.

- Euh... Eh bien nous allons inciser au niveau de votre poitrine et sectionner votre sternum. Ensuite, nous allons vous mettre sous dérivation et ...

- Stop. Je t'arrête tout de suite. Nous n'allons pas mettre monsieur Hodges sous dérivation.

Le patient tout comme l'interne la regardèrent avec de grands yeux ronds. Cette femme allait pratiquer une opération à cœur ouvert sans l'aide d'une machine. Etait-elle folle ?

- Je vais pratiquer une technique à cœur battant. J'inciserai toujours votre paroi thoracique, mais je ferai les pontages directement sur le cœur battant, ça permettra d'éviter toutes complications dues à la dérivation.

- Vous êtes bien sûre de vous docteur ?

- Persuadée. On se revoit au bloc monsieur Hodges !

Les deux médecins repartirent. Emma tout sourire, impatiente d'ouvrir son patient, et Parks encore tout paniqué à l'idée de faire un triple pontage sans dérivation.

*

- Tiens donc, docteur Williams ! Ça faisait longtemps !

- Professeur Charles ! Quelle surprise !

- Qu'est-ce que vous faites de beau aujourd'hui ?

- J'ai un triple pontage coronarien dans une heure. Et vous ?

- Rien de bien extraordinaire, de la paperasse...

- Ne vous inquiétez pas, vous aurez peut-être un truc extraordinaire dans quelques temps ! On a tous droit à des trucs extraordinaires dans notre vie !

- J'espère bien ! Au fait, je voulais vous donner ceci, continue-t-il en sortant un petit cahier de sa poche. C'était à ma sœur, elle y décrivait ses opérations, et je suis sûre que vous y trouverai des pépites !

- Merci beaucoup, dit-elle en attrapant le cahier. Je ne sais vraiment pas quoi dire, c'est un honneur... Je...

- Eh bien ne dis rien ! Plaisante-il. Allez donc vous occuper de ton triple pontage !

- Merci encore ! Conclut-elle en partant pour le bloc.