Prologue

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44e cycle de l'Ère de la nuit, sur Garin.

Le matin se levait. La lumière de l'arbre des mondes commençait à courir le longs des roches de la montagne jusqu'au sol. Très vite les ténèbres s'enfuirent et ne parvinrent à se dissimuler que dans les grottes, derniers bastions encore à l'abri du jour. Un chemin se dessina à coté du canyon blanc-ivoire, dessus se tenait une petite troupe de mercenaires en armures de cuir.

« Alors, il paraîtrait que tu vas te marier ? railla un des hommes, reconnaissable à son casque à pointes.

- Si tu te moques encore une fois de moi, tu vas goûter à ma dague ! menaça gentiment son compagnon à coté de lui.

- Arrêtez ! ordonna l'homme qui semblait être leur supérieur. Nous sommes presque au niveau de la grotte de ces maudits bandits, nous ne devons pas nous faire repérer ! »

L'homme au casque pointes se reprit en se redressant rapidement. La prestance de son supérieur était accentuée par ses yeux perçants et ses traits rudes. Mais l'homme à la dague regarda derrière lui d'une façon étrange, comme s'il cherchait quelqu'un.

« Où est Krölmor ? demanda l'homme à la dague. Il était là il y a encore quelques minutes...

- Si on perd notre archer nous ne pourrons plus attaquer les bandits ! s'exclama un vieillard musclé avec une longue hache dans le dos.

- Ne t'affoles pas, Jossov, tu vas nous faire une crise cardiaque ! rassura le supérieur. Krölmor a dû partir pisser, il aurait eu trop honte pour nous prévenir. »

Jossov était perplexe, il savait bien que son supérieur mentait, celui-ci le cachait mal. Le vieillard gratta son crâne chauve, puis continua :

« Je sais que tu mens, Polar, avoua-t-il. Je te connais depuis trop longtemps, et tu mens toujours aussi mal !»

Polar s'arrêta, puis le groupe fit de même. Il avait l'air plutôt fâché car il restait fixe comme une statue, ne se retournant même pas. Jossov tenta de l'attraper par l'épaule, comme pour l'empêcher de s'énerver.

Mais soudain Polar tomba en arrière.

Jossov le rattrapa par réflexe. Polar était lourd, si bien qu'il dû poser un genou à terre. Il le tint par l'arrière de la tête comme pour un malade. Mais en regardant son visage il remarqua une flèche plantée dans son front, du sang coulant le long de sa joue.

La peur fit trembler Jossov et le réveilla comme une électrocution. Ses poils se dressèrent, sa peau se raidit en dessous de son armure de cuir. Pour lui ce qui se passait ne pouvait être qu'une chose : Une embuscade !

« Blovski, part attaquer les ennemis sur le flanc avec ta dague, ordonna Jossov par réflexe, Djorlnask, toi tu vas protéger ma droite avec ton bouclier et ta massue ! »

Jossov redressa sa tête, puis vit une épée bâtarde transpercer Djorlnask, faisant ainsi tomber son casque à pointes. Il recula d'un réflexe vif malgré son âge, aussitôt une énorme masse écrasa le sol de son ancienne position, soulevant un grand nuage de poussière. Il se retourna, cherchant Blovski du regard, sans succès, puis il tenta de courir là où il lui avait ordonné d'aller. Mais un des assaillants lui asséna un violent coup de pommeau, si fort qu'il voltigea sur le coté.

Il se redressa difficilement, son âge ne l'aidait pas. En tournant la tête à sa droite il vit Blovski, mort, les yeux encore ouverts implorant la pitié. Un spasme envahit son corps, il venait de s'ouvrir le bras gauche du poignet jusqu'au coude. Il jura, il était gaucher.

Un des attaquant se tint devant lui, c'était celui à l'épée. Il l'observa de la tête au pieds avant de soutenir son regard. Il était grand, roux, avait un visage usé par la faim et des traits rudes. Ses yeux verts émeraudes exprimait parfaitement son triomphe. Mais lorsqu'il réalisa que devant lui se tenait la personne qui allait mettre fin à sa vie, les battements de son cœur allèrent en s'accélérant, vite, trop vite. Il comprit qu'il allait peut-être mourir d'une crise cardiaque avant même d'être assassiné. Le meurtrier leva son arme, prêt à asséner un coup violent.

Mais soudain, lorsqu'il ferma les yeux, un grand bruit de craquement retentit, une forte aspiration le fit s'avancer légèrement et une secousse sembla faire raisonner le sol. Il rouvrit les yeux rapidement, puis vit que la silhouette de son assaillant avait disparue. Il regarda de droite à gauche, il ne voyait toujours rien avec toute cette poussière dans l'air. Mais son ouïe ne le trahit point, car il entendit des cris s'éloigner de plus en plus. Il en conclut que les ennemis venaient de tomber dans le précipice.

Le nuage de poussière se dissipa rapidement lorsqu'un grand vent souffla, ainsi Jossov pu voir la scène dans son ensemble : Une demi-douzaine de corps gisait au sol, dont ses trois compagnons. Se tenait au milieu du chemin ensanglanté deux personnes à la fois opposées et semblables, un vieil archelan aux cheveux noirs parsemés de gris et aux yeux ébènes habillé d'une longue robe immaculée arborée d'enluminures rouge cramoisi. Tandis qu'à coté de lui se tenait un homme d'un âge moyen, sans armes ni armure, avec le visage anguleux et une barbe naissante en contraste avec ses longs cheveux noirs.

Jossov sourit, quelqu'un était venu pour le sauver.

« Alors, le vieux, on ne sait plus se défendre ! s'exclama l'homme avec un grand sourire. On ne t'as pas payé pour crever comme un rat !

- Mais qui êtes-vous ? demanda Jossov, étonné.

- Mon nom est Shigeki Ukita, je suis le deuxième Kavura, répondit-il sans hésiter, et le vieillard qui est à côté de moi s'appelle Kineta Daue, sous-maître de la guilde Saki.

- Nous vous avons suivis pour vous surveiller, enchaîna celui-ci avec un voix très rude. Engager des mercenaires est dangereux ces temps-ci, ils vous acceptent votre argent et partent sans accomplir leur mission ! »

Jossov les regarda une dernière fois d'un regard amusé, il était à la fois rassuré et honoré, puis il s'effondra, son cœur était trop usé pour tant de sentiments si forts...

ΛRCHΛE {T.2}Tempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang