Les larmes du Phoenix d'argent

Partie 1: Chapitre 12 - Perturbations

— Non ça ira, dis-je sans prêter attention à sa plaisanterie.

Je savais qu'utiliser mes ailes seraient plus simple, et moins dangereux, mais Ezarel se donnait beaucoup de mal. Je me rendais compte que ça devait être pénible pour lui de quitter son confort pour une simple gardienne comme moi. Je devais m'estimer heureuse de sa compagnie. Je me serais déjà perdue cent fois sans lui.

Après avoir vérifié que les deux cordes étaient bien fixées à un tronc d'arbre, il s'approcha de moi et enroula le bout de l'une d'elle autour de ma taille. Il était très proche de moi. Tellement proche que je pouvais sentir des effluves de miel. Je souriais intérieurement. Mon chef adorait le miel. Se pouvait-il que ses produits d'hygiène et de soin soient parfumés à ce plaisir sucré ? Je le dévisageais maintenant. Je me demandais comment il faisait pour avoir une si belle peau. Et ses lèvres.... Le miel. J'ignorais pourquoi mais maintenant le miel commençait à prendre un côté plus sensuel dans mon esprit. J'avais envie de l'embrasser. Je me détournai vite de lui avant que je commette l'irréparable. Il m'en voudrait surement. En y réfléchissant, j'avais bien cru qu'il allait m'embrasser la veille. Maintenant assez éloignée de lui, je l'observais nouer la seconde corde autour de sa taille.

Une fois les questions de sécurité réglées, nous entamâmes la descente. Ezarel passa devant et je le suivi. A vu d'œil, j'estimais la hauteur de la falaise égale à celle d'un immeuble d'une vingtaine d'étages. Je ne savais à combien de mètres d'altitude nous nous trouvions mais la hauteur était relativement haute. Je m'accrochais fermement à la roche tout en descendant. Cela aurait été plus rapide de s'élancer dans le vide mais je me cognerais sans nul doute contre la roche. Il était donc préférable de prendre mon temps. J'avais la tête qui tournait un peu et je commençai à sentir la faim et la soif. Je me dis que j'aurai dû boire un peu d'eau avant de suivre mon chef.

Mes mouvements étaient mécaniques. Un pied, une main, l'autre pied, l'autre main. Malgré l'automatisme de mes gestes, je me trouvais bloquée à quelques mètres du vide. Je fermai les yeux un moment. Je ne me sentais pas très bien. Je m'agrippais tant bien que mal alors que tout virevoltait autour de moi. Je tremblais un petit peu.

— Dena ? entendis-je Ezarel prononcer. Tu vas bien ?

— Non... Je...ma tête tourne énormément. J'ai peur de tomber, lui répondis-je honteusement.

Il ne dit rien et remonta. Lorsqu'il atteignit sa hauteur, je le sentis déposer sa main sur mon omoplate droit. Je tournai mon visage en sa direction.

— Il ne reste pas plus de trois mètres mais je vais rester à tes côtés. Vu la tête que tu fais, j'ai peur que tu t'évanouisses.

— Merci.

— Tu me dis quand tu es prête à descendre. Respire un grand coup.

Je suivi son conseil. Ce ne fût pas une grande goulée que j'avalais mais trois.

— Je crois que je suis prête.

Je reprenais là où je m'étais arrêté. Ezarel descendit sa main en direction de mon flanc droit et agrippa ma taille. Nous devions synchroniser nos gestes. Ce n'est que lorsqu'il descendait d'un niveau que je faisais de même. Mon chef déposait sa jambe gauche plus bas sur la falaise, puis sa main gauche. Lorsqu'il en faisait de même avec son pied droit, c'était à mon tour de descendre mon pied et ma main droite en même temps que sa poigne. Je faisais la même chose du côté gauche.

Lorsque que nous atteignîmes la terre ferme, je m'écroulais par terre. Je m'assis pour respirer et reprendre mes esprits. Je détachais la corde qui m'enserrait aussi vite que je le pus. Les cordes se détachèrent par magie. Pendant qu'Ezarel les rangeait les cordes, il sortit de son sac quelques raisins secs et une gourde. Il me les tendit.