Strictement professionnel

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Dimitri

Je suis là, comme un con totalement abruti devant mon écran en cherchant ce putain de dossier Grinberg sur mon ordinateur. Mais en fait, mon écran est complètement flou. Je ne vois rien. En réalité, je tente seulement de faire comme si Lila n'était pas dans la pièce.  Comme si sa présence m'était égale. Mais je ne parviens pas à faire abstraction de cet ange qui se tient tout près. Même son odeur sucrée me trouble et me détourne du droit chemin. Je ne sais pas ce qu'il m'a prit de lui dire venir. J'en ai envie, c'est clair !  Mais c'est loin d'être raisonnable.

Alors que je me torture l'esprit tout seul comme un sombre crétin,  je la vois qui bouge pour prendre son sac et l'enfiler sur son épaule.  Non...

- Tu t'en va ? dis-je en décollant les yeux de l'écran.  

- Tu as l'air occupé. On se verra une autre fois. Nan nan nan ! 

Je me lève de mon fauteuil et avance vers elle timidement.  Je ne la quitte pas du regard et la fixe sans cligner des yeux une seule fois. Comme si ça allait m'aider à entrer dans sa tête pour qu'elle me dise ce qu'elle attend de moi. Même si moi, je sais clairement ce que je veux, malgré que ce soit l'envie la plus irrationnelle qui m'ait jamais traversé. J'arrive très vite face à elle qui rougi  de plus en plus.  J'adore ça... J'aime aussi sentir sa proximité même si ça m'effraie en même temps. Je sais que je n'ai pas le droit de dire ce que je m'apprête à dire, mais c'est plus fort que moi. 

- T'es pas obligée de partir maintenant, déclaré-je en approchant toujours plus. 

- J'ai pas dit que c'était ce que je voulais, dit-elle alors.  

Là mon ange... Tu ne m'aides pas... 

Le truc qui me sert de cœur tambourine à mort dans ma poitrine. Sûrement parce que je suis conscient de faire une belle connerie. Je laisse mon front se coller sur le sien et tente de me résonner. Encore... Et encore...  

- Et merde, lâché-je les dents serrées. 

Je m'empare de ses lèvres doucement et savoure chaque millième de seconde de ce doux contact. J'aime ça. J'adore ça même, et je pourrai l'embrasser durant des heures. Merde Léoni !  Arrête ça ! 

Reprenant mes esprit, je rompt ce baiser si chargé de toutes sortes de tensions, que je me demande comment j'en ai été capable. Mais Lila elle, ne veux pas en rester là. Elle saisit le col de ma chemise pour m'attirer contre elle et m'embrasse à nouveau. Mon petit ange sait ce qu'il veut et ça m'excite. Sous ses petits airs timides se cachent une lionne affamée.  Mes mains viennent alors se perdre dans sa longue chevelure noire pour laisser mes doigts s'entortiller dans quelques mèches.  La tension, clairement sexuelle, a envahi la pièce. Je ne veux qu'une chose à cet instant : elle, toute entière.  Et ce qui me fait le plus peur, c'est qu'elle aussi en a envie au moins  autant que moi. Je caresse son dos nu et la sens frissonner. Chaque parcelle de son corps meurt de désir pour moi. Et quand je sens ses mains glisser dans mes cheveux, je me force à me rappeler qui elle est. Un contrat...  

- Tu devrais y aller, dis-je  sans la regarder.   

- Quoi ?  demande-t-elle surprise. 

- Rentres chez toi Lila, parviens-je à dire avec toute la difficulté du monde.  

- Comme tu voudras, dit-elle d'une façon que je ne lui connaissais pas.  

Je la regarde discrètement s'éclipser. Une fois qu'elle a passé la porte, je me relâche et m'écroule sur le fauteuil. Putain Léoni !  À quoi tu joues bordel ! Je passe les minutes suivantes à me demander pourquoi je suis si faible et pourquoi ça me déchire autant de l'avoir faite fuire. 

Alors que je me ronge toujours l'esprit avec des questions débiles auxquelles je ne trouve pas de réponses, mon téléphone sonne. 

- Ouais ? dis-je aussi aimable qu'une porte de prison. 

- Bah qu'est-ce que tu fous ? T'attends quoi pour m'envoyer le dossier ? La fin du monde ?! 

Oh merde Daniel !  

- Ça va, ça va... destresse-toi trente secondes. Je vais te l'envoyer ton putain de dossier ! T'auras qu'à faire gaffe la prochaine fois putain !  

- T'as les couilles à l'envers ou quoi ? C'est ton trou paumé qui te déprime ?  

- Tu m'emmerdes Dan ! 

- Oula, toi, t'as fait une connerie... Y a que dans ces cas-là ou tu m'envois chier. Dim ? J'espère que t'as pas fait la boulette que je crois t'as fait... 

- De quoi tu me parles putain ?  

- Tu t'es tapé la fiancée super sexy de l'autre con de fils à papa ?! Parce que vu ce que tu m'as sorti l'autre fo-... 

- Ferme-la Dan !  Je me suis tapé personne okay ?! 

- Ah bah c'est pour ça que t'as une humeur de merde ! Trouve-toi vite un plan cul mon vieux parce que là tu crains ! 

- C'est bon t'as fini ? dis-je exaspéré.

C'est clair que je ne me suis tapé personne, mais y penser est bien suffisant. J'ai déjà plus que dépassé les limites du raisonnable. Cette simple prise de contact est un putain de fiasco ! Pourquoi Keller ne pouvait pas se contenter juste de photos et de quelques notes ? Pourquoi ce con débordant d'humilité m'a demandé de me rapprocher d'elle ? Et pourquoi moi, j'ai accepté ce deal de merde ? Ouais, je sais 6000 balles !  Mais pourquoi je ne me suis pas contenté de l'accord de départ. Changer un contrat en cours de route n'est pas dans mes habitudes. Et heureusement d'ailleurs ! Parce que si tous les contrats modifiés me font faire des bourdes comme ça, ça ferait longtemps qu'on aurait mis la clé sous la porte ! 

Putain mais dans quel merdier je me suis foutu ?!