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Lila


Après m'être enfermée le reste du week-end dans la chambre 28 en charmante compagnie, il est temps de repartir travailler.  Je serais bien sûr, restée volontiers ici, dans cette chambre, dans ce lit, dans ses bras. Mais la vie continue, et je ne suis pas en vacances moi. Mais durant toutes ses heures, de joie, de liberté, de plaisir, je me suis définitivement rendu compte que de le laisser partir va être une épreuve difficile. Il m'a tellement apporté en si peu de temps, que je me demande bien comment je vais pouvoir faire quand il ne sera plus là, quand la parenthèse "Dimitri" sera refermée. Comme une sombre idiote, j'ai naïvement cru que j'allais simplement profiter, sans me prendre la tête. Mais me prendre la tête est une seconde nature chez moi. Il va falloir que je garde la face les jours qui vont précéder son départ. Je ne tiens pas spécialement à voir la pitié éclairer le regard de Dimitri quand il comprendra que je suis en train de tomber amoureuse de lui. 

Ce que je ne voulais pas est donc arrivé. L'amour. Je ne regrette pas d'avoir cédé à mes envies, je regrette seulement que mon petit cœur soit si faible. Une nouvelle fois, mes émotions ont pris le dessus. Certes, la situation n'est pas comparable à celle entre Charles et moi, mais une fois de plus, je n'ai pas su mettre les barrières nécessaires pour me protéger. Je sais que je vais souffrir à nouveau, même si Dimitri n'en a pas conscience. Charles lui, savait pertinemment quand il me faisait du mal, et comparer ces deux hommes, ces deux histoires, n'est pas justifié. 

* * *

Dimitri doit partir dans deux jours, et j'ai une énorme boule dans le ventre qui ne fait que croître d'heure en heure. Je fais tout mon possible pour ne pas lui montrer. Je ne veux pas que ma nervosité face à mon incapacité à gérer la situation lui gâche la fin de son séjour. Et je ne souhaite pas non plus qu'il me perce à jour, j'aurai bien trop honte de moi. 

Comme nous sommes samedi, Dimitri a décidé de m'emmener sur Hyères. Il a passé plusieurs jours à Porquerolles sans jamais reprendre le bateau, il trouvait dommage de ne pas aller voir ce qu'il se passait ailleurs. Et cette idée est brillante. Moi aussi, ça me fera du bien de sortir un peu de cette île.

Sur le port nous saluons David, je crois, un ami de CJ, qui nous regarde d'un œil étrange. Surement mal réveillé ou je ne sais quoi. Je n'ai jamais vraiment trop accroché avec lui. Les rares fois où il est venu rendre visite à mon colocataire, je n'ai pas spécialement eu l'envie d'en savoir plus à son sujet. 

Nous arrivons donc au port de Giens assez tôt, ce qui nous laissera le temps de voir plein de chose avant de rentrer. 

Pour cette matinée, nous nous sommes arrêtés à une boulangerie pour prendre des viennoiseries, je crois réellement que Dimitri cherche à me rendre grosse et laide. Je l'ai ensuite conduis dans les hauteurs de Costebelle, près du lycée du même nom. Ici, on peut voir la mer, et même les avions qui décollent de l'aéroport, et atterrissent. Blottie dans ses bras en regardant loin devant, je me sens bien, apaisée. Je soupir d'aise devant ce paysage à couper le souffle.

- Je pourrais rester là des heures, dis-je en serrant les bras de Dimitri enfermés sur ma poitrine. 

- On peut rester là toute la journée si tu veux mon ange, déclare-t-il avec douceur à mon oreille. 

- Et ta visite de la ville ? Tu l'oublies ? demandé-je en riant doucement.

- Je dis juste que si toi, tu veux rester là, on restera là. Au pire, il faudra que je revienne en vacances dans le coin la prochaine fois, ajoute-t-il.

Est-ce que ça veut dire qu'il compte revenir ? Viendra-t-il me voir si jamais c'était le cas ? 

Non ! Enlève-toi ça de la tête tout de suite ! Il s'en va ! C'est tout ce qu'il faut garder en mémoire !

Strictement professionnelWhere stories live. Discover now