Chapitre 1

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L'horloge sonnait sept heures. Ses cheveux blonds, parfaitement ondulés il y a un instant, étaient à présent emmêlés et en pagaille. Son fin chemisier bleu et ses mains délicates étaient tachés par quelque chose qui la faisait frémir.

Du sang.

Elle sentit l'adrénaline et la peur couler dans ses veines en apercevant le téléphone à l'autre bout de la cuisine. Elle était paralysée, clouée au sol, tandis que ses yeux s'emplissaient de larmes. La jeune femme baissa les yeux sur parquet, où l'intrus était étendu.

Il était mort.

Emma se leva et fit quelques pas incertains à travers la pièce avant de saisir le téléphone. Ses doigts tremblaient ; il lui fallut plus de temps qu'elle ne l'aurait cru pour composer correctement le numéro et déclencher l'appel.

« 911 quelle est votre urgence ? » demanda une femme à l'autre bout du fil.

« Un homme...un homme vient à l'instant d'essayer de me tuer dans ma maison et je... » sa voix chancelait et les mots peinaient à sortir de sa bouche. Elle prit une profonde inspiration et tâcha d'ignorer le couteau qui se trouvait à quelques mètres d'elle. « Je l'ai tué. »

« D'accord madame, nous sommes déjà en train de tracer votre appel. Des secours vont arriver bientôt. Veuillez garder votre calme. »

Emma hocha la tête comme si la femme pouvait la voir. Elle se laissa glisser contre le mur en marbre froid et essaya de se ressaisir avant que la police et l'équipe paramédicale n'arrive chez elle.

L'horloge sonnait sept heures vingt-cinq. Les blessures superficielles d'Emma avaient déjà été soignées. Elle était à présent assise sur le gros canapé de son salon avec une tasse de thé au jasmin.

« Emma ! » l'interpella une voix familière.

La femme regarda son mari et sourit faiblement avant qu'il ne l'entoure de ses bras.

« J'ai été si inquiet. Quand la police m'a appelé...j'ai pensé au pire, » avoua Walsh.

« Je vais bien, » dit-elle vivement tandis que Walsh lui caressait doucement la tête.

Elle accordait moins d'attention aux caresses de son mari qu'à la présence de la police dans la maison, qui rendait Emma étrangement mal à l'aise. Tout ce qu'elle voulait, c'était se calmer et oublier le fait qu'elle venait de tuer un homme, mais être entourée par des douzaines de flics ne l'y aidait pas vraiment.

« M. Anderson, un mot s'il vous plaît. » Le Capitaine Humbert, chef du département de la police de Los Angeles, interpela Walsh.

« Je reviens vite, mon cœur. » dit-il à Emma avant de s'éloigner pour rejoindre Graham. « Alors, Capitaine ? »

« Nous allons inspecter chaque détail, mais à première vue il semble que l'intrus soit venu ici pour voler. Il ne comptait probablement pas sur la présence de votre femme et c'est pourquoi il a attaqué. »

« Mais comment a-t-il seulement pu entrer ? Il y a des agents de sécurités et des caméras dehors. »

« Je suppose qu'il est passé par l'arrière de la maison. Mes coéquipiers ont vérifié et il n'y a pas de caméras dans cette zone, et les agents ne sont posté qu'à l'avant. C'était l'entrée idéale pour le voleur. »

« Je n'en reviens pas, » répondit Walsh d'un ton indigné. « Ma femme...Elle vit un moment difficile » dit-il en jetant un coup d'œil à Emma.

« Je sais. Nous allons faire une enquête plus poussée, je vous le promets » dit-il avec assurance avant de marquer une pause et de continuer. « Votre épouse est une femme forte, M. Anderson. Il fallait beaucoup de courage pour faire ce qu'elle a fait. »

Walsh acquiesça et lui accorda un léger sourire.

Dès que la police eût fini de nettoyer la scène, de prendre des tonnes de photos et de lui poser des questions, Emma fonça droit vers la salle de bain et resta dans l'eau un long moment. Après quoi, elle enfila son pyjama et se laissa tomber sur le lit sans un mot pour Walsh. Les évènements de la soirée continuaient à défiler dans sa tête.

L'horloge sonnait minuit. Emma n'arrivait pas à s'endormir après tout ce qui s'était passé. Elle ne pouvait se sortir de la tête cette horrible vision d'elle en train de frapper l'intrus avec un de ses couteaux de cuisine. Comment avait-elle pu faire ça ? Elle avait toujours été si calme et docile.

Elle réalisa que son attitude correspondait à quelque chose que chaque être humain possédait dans son ADN : l'instinct.

Emma bâilla. Elle se sentait très fatiguée et tout ce qu'elle voulait c'était dormir. Toutefois, elle ne trouva pas le sommeil avant quatre heures passées, voilà pourquoi elle se sentit encore plus fatiguée le jour suivant.

***

Emma observait les arbres verdoyants et le ciel nuageux à travers la vitre de la voiture qui roulait à vive allure sur l'autoroute. Le Colorado semblait être un pays totalement différent ; il était entouré par la beauté de la nature et tout y était plus paisible. Emma avait décollé de Los Angeles un peu plus tôt ce matin-là avec Walsh. Il lui avait suggéré d'aller dans un endroit où elle se sentirait rassurée et où elle pourrait retrouver l'affection des deux personnes qu'elle aimait le plus au monde.

Dès que le chauffeur se fût garé devant la somptueuse maison ancienne, Walsh ouvrit la porte à Emma et l'aida à sortir. Mary Margaret et David Swan sortirent de la maison en toute hâte et enlacèrent étroitement leur fille.

Emma sentit la chaleur de leur étreinte et ne put s'empêcher de laisser échapper quelques larmes. Sa mère les effaça en la guidant à l'intérieur, et en lui disant que tout irait bien.

Environ trois heures plus tard, Emma était allongée sur son ancien lit, dormant enfin grâce à un thé relaxant et à quelques comprimés que sa mère lui avait donnés. Mary Margaret était assise au bord du lit, caressant les cheveux d'Emma comme lorsqu'elle avait cinq ans.

Elle n'arrivait toujours pas à croire ce qui était arrivé à sa fille la veille. Elle ne méritait vraiment pas ça ! Mary Margaret se sentait triste, mais également en colère.

« Hey, » l'interpella tout bas la voix de David qui venait de la rejoindre, « Comment elle va ? »

« Elle a réussi à s'endormir mais...ce n'est pas la grande forme. »

Il y eut un court silence. Les parents d'Emma la regardaient en se demandant quoi faire.

« Je viens de parler avec Walsh. » commença David. « Il a des rendez-vous importants plus tard dans la journée alors je lui ai dit de laisser Emma avec nous. Au moins pour quelques jours jusqu'à ce qu'elle aille mieux. »

Mary Margaret poussa un soupir « Oui, Emma a besoin de toute notre attention maintenant. Retourner à Los Angeles après ce qui s'est passé ne semble pas une très bonne idée. »

« Mais il le faudra pourtant, » dit-il, mal à l'aise. « Je veux dire, il faudra bien qu'elle retourne à sa vie qu'elle le veuille ou non. Elle ne peut pas vivre dans la peur. »

« Je sais...Mais laissons-lui quelques jours le temps de se remettre. Ensuite on discutera avec elle pour tâcher de trouver la meilleure solution. D'accord ? »

« D'accord, » affirma David avant de quitter la pièce, fermant la porte aussi silencieusement que possible.

Mary Margaret continuait de caresser les cheveux de sa fille lorsqu'elle pensa à quelque chose.

Emma aura peur de repartir si elle n'a personne pour la protéger. Sa vie ne sera plus la même si elle ne peut pas avoir un sentiment de sécurité.

Elle a besoin de quelqu'un qui pourra veiller sur elle et prendre soin d'elle où qu'elle aille.

Elle a besoin d'un garde du corps.

Avec cette idée lumineuse en tête, Mary Margaret embrassa délicatement sa fille sur le front avant de sortir de la chambre, prête à passer un coup de fil dont Emma allait tirer profit...D'une manière qu'elle n'aurait jamais pu imaginer.

The Bodyguard [FR]Where stories live. Discover now