(T3) Chapitre 9 - Et tu es là

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  Le couloir du train était bondé de jeunes élèves, tout excités et stressés par leur rentrée. Beaucoup d'entre eux parlaient de la cérémonie de répartition...Si seulement ils savaient. Le Choixpeau était, de loin, la dernière chose qu'ils auraient dû craindre. Je marchais aussi rapidement que la foule d'enfants me le permettait, à la recherche d'un compartiment vide. Soudain, un élève me bloqua le passage. Il n'avait pas encore revêtu sa robe de sorcier et portait des vêtements typiquement moldus. Son visage se leva dans ma direction et je crus perdre pied. Le sosie parfait du petit garçon dont les supplications hantaient mes nuits se tenait juste là, devant mes yeux. J'eus un mouvement de recul : je devais fuir.

  - Pourquoi as-tu fait ça?

  Rien, dans son attitude, ne l'indiquait, mais mes tympans avaient tremblé suite à son cri. Je tombai à genoux et je bouchai mes oreilles du mieux que je le pouvais. Une petite main se posa sur mon épaule et lorsque j'ouvris les yeux, le petit garçon n'était plus là. À ma gauche, une jolie petite brune me regardait, inquiète.

  - Tout va bien, Mademoiselle?

  - Oui. Tout va très bien.

  Sans une formule de remerciement à l'égard de la petite fille, je me relevai et m'engouffrai dans le premier compartiment vide disponible. Je voulus refermer la porte, mais une étrange force m'en empêcha. C'était comme si des mains invisibles poussaient la paroi dans le sens contraire au mien. Après quelques secondes de réflexions, j'ai repoussé la porte d'un coup sec ; elle s'est aussitôt refermée, m'entraînant avec elle sous l'effet de la surprise. Une fois assise sur la banquette, je m'y suis allongée, désireuse de me reposer un tant soit peu.

*•*•*•*
  Il m'était enfin donné de la regarder. Elle était là, devant moi, ses mains jointes sous sa joue et ses traits tirés par la fatigue. Les cernes qui s'étiraient sous ses yeux étaient impressionnants. Elle n'était plus aussi belle qu'avant, à croire que ce qui l'avait brisée à l'intérieure avait eu des répercussions sur son corps. Elle me paraissait si fragile, et pourtant si forte à la fois. Dire qu'elle ignorait jusqu'à ma présence dans le compartiment. J'avais insisté pour accomplir cette tâche seule, mais l'Ordre avait ordonné à George de m'accompagner. Lorsque mon frère et moi avions rapporté les propos qu'avaient tenus Draco, ils étaient tous restés interdits pendant une interminable minute. Ensuite, notre mère s'était levée de sa chaise et avait dit qu'il était hors de question d'abandonner Joanne aux mains de Celui-Dont-On-Ne-Peut-Prononcer-Le-Nom. Les membres de l'Ordre avaient pris soin de nous jeter un puissant sortilège de Désillusion, si bien que nous étions montés à bord du Poudlard Express sans éveiller le moindre soupçon.

  Il régnait un silence de mort quand Joanne se redressa précipitamment, des larmes coulant à flot sur ses joues. Elle enfouit son visage dans ses mains et, même s'il était incapable de me voir, George réussit à poser une main ferme sur mon bras pour m'empêcher de faire un autre truc stupide. À contrecœur, j'ai consenti à rester assis calmement. Il était inutile de faire des vagues, spécialement maintenant.

*•*•*•*

  Le train se vidait lentement, mais sûrement. J'avais décidé d'attendre et de sortir la dernière pour éviter de croiser qui que ce soit, ce que j'avais réussi à faire sans encombre jusque là. Un coup d'œil rapide dans le couloir m'indiqua que je pouvais sortir, alors je m'empressai de descendre du wagon et de respirer l'air frais. Le ciel était déjà bleu foncé et parsemé d'étoiles que je pris un malin plaisir à les contempler plus longtemps que nécessaire, jugeant tout prétexte valable pour retarder mon entrée au château. Soudain, un nuage noir surgit de nul part et obscurcit mon champ de vision. J'agitai mes bras ridiculement, dans l'espoir de dissiper l'épaisse fumée, mais rien n'y fit. Je voulus pousser un cri, mais il resta bloqué dans ma gorge : qui sait qui serait venu à mon secours? Je n'y pensai pas plus longtemps, car une main se posa sur ma bouche, une autre se posa sur mon ventre et je sentis qu'on me plaquait contre un torse musclé tandis qu'une autre personne soulevait mes jambes.

*•*•*•*

  Elle se débattait, paniquée. Ma main, posée sur sa bouche pour l'empêcher de crier, était déjà trempée par ses larmes. Je me sentais terriblement mal de lui infliger cela, mais c'était pour son bien...non? Je Transplanai, entraînant George et Joanne avec moi. Nous étions dans les hautes herbes qui entouraient le Terrier et Joanne n'avait pas cessé de gigoter sous notre emprise. Tant bien que mal, George et moi atteignîmes les limites de protection de notre maison au Pas de course, et Joanne atterrit au sol. Elle se relevait difficilement tandis que le sortilège de Désillusion qui agissait sur nous se dissipait tout doucement.

*•*•*•*

  La chute m'avait fait mal. Ma cheville s'était foulée à cause de ma tentative d'atterrissage en douceur...qui avait été un échec cuisant. J'essayais de me relever doucement. Si je n'étais pas parvenue à distinguer mes ravisseurs, je commençais enfin à distinguer des chaussures, des jambes...un sortilège de Désillusion, parfaitement exécuté, était en train de se dissiper. J'avais peur. Tout ce que je distinguais sous mes mains étaient de l'herbe et de la terre. Qui m'avait enlevée? Des Mangemorts? Peut-être le Seigneur des Ténèbres avait-il décelé la moindre faille dans mon attitude de parfait soldat. Peut-être en avais-je moi-même trop fait. Quand le sortilège me révéla enfin les visages, je fus surprise de voir qu'ils étaient presque identiques. Mais l'épi qui retombait sur ton front attira mon regard immédiatement. Alors, c'était toi. Toi, toi et toujours toi. Tout en revenait toujours à toi. Pourquoi? Je me rappelais avoir retrouvé mon collier, pendant les vacances. Je me rappelais aussi qu'il avait apaisé mes nuits un tant soit peu, comme si une part de toi était toujours là, à mes côtés. Et voilà que tu m'arrachais à Poudlard, l'endroit où je devais être pour rester dans les bonnes grâces du Maître. J'étais sans voix, j'étais ébranlée, j'étais chamboulée. Que dire? Que faire? J'étais désormais bien campées sur mes deux pieds malgré ma cheville droite fragilisée. Où courir? Où ne pas courir? Tout, absolument tout dans mon esprit était flou. Te voir était la dernière chose à laquelle je m'attendais.

  - Toi.

  - Moi, répondis-tu avec ce sourire en coin qui m'avait tellement manqué.

  Cependant, je remarquai quelque chose de nouveau dans ce sourire : de l'inquiétude. Elle était lisible sur tes lèvres et dans tes prunelles : tu transpirais l'inquiétude, toi qui étais si décontracté, d'habitude. Des tas de questions assaillaient ma conscience, et elles arrivaient tellement vite que j'avais peur de tourner de l'œil. Pourquoi m'avais-tu emmenée? Pourquoi t'étais-tu mis dans un tel danger? Pourquoi te donnais-tu tout ce mal pour moi? Avais-tu fais le deuil de notre relation? Ou bien étais-tu resté enfermer dans la cage de notre amour, comme moi? Retenir mes larmes était de plus en plus difficile, même si beaucoup d'entre elles avaient déjà coulé lorsque tu me retenais. Tu le remarquas, car tu me pris dans tes bras. Je ne te rendis pas ton étreinte, non. J'étais là, immobile, droite, crispée, froide, et pourtant si soulagée. Je t'avais retrouvé. Ou plutôt, c'était toi qui m'avais retrouvée.

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Et voilà! Chapitre très légèrement plus long pour cette fois, mais aussi très différent. Je me suis dit qu'un petit retour à la première personne pouvait être très intéressant. Je voulais surtout vous exprimer plus clairement ce que ressent Joanne, car j'ai conscience de ne pas très bien y arriver en narrant à la troisième personne. J'espère que ça vous plaira et que vous ne m'en voudrez pas de changer de style aussi souvent...

Kiss kiss mes p'tits horcruxes

-Cxlxnx13

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