(T2) Chapitre 2 - Bourgeons blancs à pétales de sang

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Union. Héritier. Tous ces mots flottaient dans l'esprit de Joanne Potter. Deux semaines s'étaient écoulées depuis l'annonce du Seigneur des Ténèbres, et le pseudo mariage devait avoir lieu dans une heure à peine. Dans sa chambre du Manoir Malefoy, l'adolescente regardait son reflet dans le miroir. Sous son débardeur, on voyait encore quelques traces de sa torture, cependant, elle avait repris du poids et des couleurs. Mais quand elle croisait son regard dans la glace, elle s'en voulait. Elle se sentait coupable, oui. Coupable pour ce qu'elle faisait subir à Draco, son dernier ami. Il l'aimait, pas elle. Il était amoureux d'elle, mais ce n'était pas réciproque. Et pourtant, elle allait épouser ce garçon. Si elle devait passer sa vie avec lui, alors leur relation ne serait que mensonge. Le pire dans tout cela, c'était qu'elle n'avait rien fait pour améliorer les choses.

Il y a une semaine, elle l'avait laissé l'embrasser. Ils avaient dormi l'un contre l'autre, se réconfortant comme ils le pouvaient. Bien sûr, Joanne savait que ça ne ferait que plus de mal au garçon, mais elle n'arrivait pas à faire autrement. Aussi trouvait-elle un peu de bonheur auprès du blond, il parvenait à l'enfermer dans une minuscule bulle d'inconscience momentanée.

Elle était censée enfiler sa robe d'ici cinq minutes, et Narcissa et son elfe viendraient peaufiner les derniers détails. Le Maître avait été extrêmement clair : il voulait que tout soit parfait. Aussi étrange que cela paraisse, Draco et Joanne seraient les seuls individus vêtus de blanc. Les Mangemorts, Voldemort, eux seraient vêtus de noirs. Les parents de Joanne avaient été conviés, à condition qu'ils restent à distance du Maître et qu'ils ne parlent pas à Joanne. C'était Narcissa et Lucius qui allaient les faire transplaner. Cela réjouissait la jeune femme et la mettait mal à l'aise en même temps. Elle n'avait plus revu ses parents depuis son enlèvement... Qu'allaient-ils penser d'elle ?

Elle se leva lentement et enfila la robe qui avait été confectionnée spécialement pour elle. C'était une très belle pièce. Elle était blanche, immaculée. Les seules choses qui dénotaient étaient de fins serpents noirs brodés au bas du tissu. Elle était pieds nu, si bien que la robe traînait par terre. Les manches, qui lui arrivaient au-dessus des coudes, étaient lâches, resserrées aux extrémités par un élastique et étaient légèrement translucides, tout comme la bande de tissu qui passait juste sous sa poitrine, révélant une des nombreuses cicatrices qui striaient maintenant son corps. On frappa à la porte qui donnait sur le couloir.

- Entrez.

- Joanne, tu es magnifique, la complimenta doucement Narcissa Malefoy. Comment te sens-tu ?

- Mal. Coupable. Je n'aime pas votre fils Madame.

- Je t'ai déjà dit de m'appeler Narcissa, et je sais que tu n'es pas amoureuse de lui, je ne peux pas t'en blâmer. Mais nous n'avons pas le choix, malheureusement. Tenter de raisonner le Seigneur des Ténèbres aurait relevé du suicide, et j'en suis navrée mais-

- Ne vous excusez pas Ma...Narcissa. Ce n'est pas de votre faute. C'est juste que... Draco compte énormément pour moi, je ne veux pas qu'il souffre par ma faute.

- Je te comprends. La bande transparente te gêne-t-elle ? Je peux cacher ta cicatrice si tu en as envie, ou alors tu peux la laisser apparente.

- Non, laissez-la. Elle fait partie de mon histoire maintenant, et je ne veux pas l'oublier. Je suis une femme forte, je passerai au-dessus de ça.

- Tu sais, si ça peut te réconforter, même dans un monde sans Magie Noire, sans guerre et sans meurtres, je n'aurais pas pu rêver meilleure épouse pour mon fils que toi. Et j'espère de tout cœur qu'après tout ceci, vous saurez reconstruire vos vies.

- Narcissa, Draco est quelqu'un d'exceptionnel. Quand je l'ai rencontré et que j'ai écouté ce que l'on me disait de lui, je n'avais que ces mots en tête : lâche, prétentieux et hautain. Or, je suis très observatrice, et j'ai vite remarqué cette lueur dans ses yeux. Draco n'est qu'un autre de ces enfants malmenés par la vie et la guerre. Son père l'a endoctriné. Vous savez, une fois, il en est même venu à complimenter mon amie Hermione, née-moldue. Draco est une personne superbe. Il a un cœur un peu cabossé, très réticent et il a une fâcheuse tendance à rejeter l'amour en général, mais il abrite au fond de lui quelqu'un d'aimant et, malgré tout ce qu'il veut bien laisser paraître, quelqu'un de courageux. Oui, Draco est l'un de mes amis les plus précieux, et ça ne fait aucun doute : un jour, il trouvera une femme qui l'aimera comme il se doit. Une femme qui l'aimera comme je n'aurai jamais su le faire.

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