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Bip ! Bip ! Bip ! ...

J'ouvre les yeux avec une flemme monumentale et écrase ce réveil de malheur. Allez Lila, on se motive !
Je pose alors un pied par terre, puis le second, et marque une pause.

Une semaine de vacances c'est trop court !

Guidée par un élan soudain nommé « coup de pied au cul », je me lève enfin et me lance dans le couloir, attirée ensuite par une délicieuse odeur de chocolat. Hummmm Valentina ...

Valentina, c'est ma coloc' qui bosse dans le même hôtel que moi. Elle adore cuisiner, mais elle aime encore plus nous faire partager ses pâtisseries en tous genres. Bien sûr, je n'ai rien contre. Quand il s'agit de manger du sucre, je suis toujours prem's. Les gâteaux au chocolat, ce sont ceux qu'elle préfère préparer. Et bien évidemment, nos deux autres colocataires, CJ et Nikko, raffolent du chocolat. Mais qui n'aime pas le chocolat ?
Et CJ raffole surtout de la pâtissière ...

Nous sommes quatre dans cette petite maison sur l'île de Porquerolles, dans le Sud-Est de la France. Elle fait environ trente kilomètres de circonférence et ne possède que 200 habitants environ. J'adore cette île ! J'ai l'impression d'être seule au monde et loin de la vie réelle. Comme si à cet endroit, tout était beau et facile. J'ai du mal à me dire que je suis toujours en France. C'est vrai que comparé à Paris, vivre ici est totalement dépaysant. En même temps, la plupart des personnes à Porquerolles sont, soit retraitées, soit saisonniers ou en vacances. Ou débordants de fric ! C'est clair que ça n'est pas la même ambiance que dans la capitale, et c'est aussi ce qui me plait ici.

CJ, Christopher Junior, 25 ans, est un américain qui a poursuivi ses études de tourisme dans notre pays. Depuis tout petit, il rêvait de venir vivre ici. Il aime la France. Et surtout les françaises. Depuis plus d'un an, il bosse sur l'île comme guide pour les étrangers. Raconter l'histoire de cet endroit le passionne toujours plus chaque jour. Au premier abord, quand on regarde CJ, "guide amoureux de son métier" n'est pas vraiment l'intitulé qui plane sur son front. En vrai, ça serait plutôt : "bombe atomique un poil bad boy qui va te retourner les neurones". CJ est LE type de mec a affoler les petites culottes. Même si la seule qu'il souhaite enflammer est celle de notre chère Valentina.

Nikko lui, bosse aussi dans le même hôtel que moi, à la laverie. Il a débarqué de Roumanie il y a huit mois environ, juste avant que je ne les rejoignent. Il n'avait plus vraiment d'attaches dans son pays, et la vie là-bas ne lui convenait plus. C'est qu'à 22 ans, on ne rêve pas de stagner dans un endroit qu'on n'aime pas. Et la France était son premier choix. Il a d'abord pris quelques cours de français et travaillé ici et là avant de poser ses valises sur l'île un jour où il avait un coup de cafard. Il s'était dit qu'il allait profiter une dernière fois avant de rentrer en Roumanie car il avait l'impression de ne pas être à sa place. La solitude peut parfois rendre les gens malheureux, et Nikko n'aime pas être seul. Je l'aime beaucoup. Il a un genre de truc rassurant dans le regard, et sa simplicité le rend magnifique. J'ai envie de le protéger comme mon petit frère même si je n'ai qu'un an de plus que lui. Mais je crois que personne ne serait capable d'être indifférent à ce garçon et à ce qu'il dégage. Et surtout, Nikko fait les meilleurs massages du monde ! Raison de plus pour l'aimer.

Valentina elle, vient d'Espagne. Elle rêvait de la grande aventure et a décidé de s'installer en France avant les States. Elle est issue d'une de ces familles bourrées de fric comme celles qui vivent ici. Comme la mienne... Valentina voulait la France, papa et maman lui ont donné la France, à condition qu'une fois ici, elle se débrouille par elle-même. Malgré la situation plus qu'agréable de ses parents, elle ne montre rien. Ici, c'est une fille parmi tant d'autres. Bien sûr, ses parents seront là en cas de coups durs. Mais Val est bien trop fière pour leur demander quoi que ce soit. Et puis, je crois qu'elle aime ça en fait. On a vite fait de se laisser dépasser par notre statut lorsqu'on a les moyens, et je pense que Valentina se sent "plus humaine" à vivre comme quelqu'un de "la classe moyenne". 

Strictement professionnelWhere stories live. Discover now