Partie trente quatre

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Laisse derrière toi les gens qui n'ont pas su voir le trésor qu'ils avaient entre leurs mains.

~~~ Point de vue de Jared. ~~~

Les gouttes de sang coulent comme un torrent de mes phalanges au volant déjà imbibé de ce liquide brunâtre et malodorant. Cette main est déjà en miette mais me procure toujours cette même sensation en la malmenant. Je ne m'arrête pas dans ma course en rejoignant Manhattan à grande vitesse, il faut que je retrouve June à tout prix.

— J'ai besoin d'un renseignement.

La dernière localisation de son portable m'indique un hôtel miteux à moins de cinq kilomètres de mon lotissement. Effectivement ce mot convient parfaitement à cet endroit. Sinistre, vide et cette vielle moquette vert sapin qui me chatouille le nez à cause de la poussière.

— Plus aucune chambre disponible, bonne journée.

La femme qui se trouve à l'accueil est froide comme un putain de bonhomme de neige.

— J'ai dit un renseignement pas une chambre.

Cheveux rouge, piercing dans le nez et voix plus aiguë que la normale, j'ai les yeux qui saignent et les tympans en mille morceaux.

— J'ai dit bonne journée ou plus exactement je ne veux pas de vos questions.

— Vous avez un problème avec moi ? Demandai-je en m'agaçant davantage. Je recherche quelqu'un et vous êtes certainement la dernière personne qui pourrais me dire où elle se trouve.

Lily comme son nom l'indique sur sa blouse m'incite silencieusement à rejoindre la porte mais il faut absolument que je retrouve June. J'ai tellement de choses à lui dire que ça ressemble à une explosion dans ma tête. Il y en a de partout, des bribes de mots que je regrette, les traits de son visage plus triste que jamais auparavant et tout ce que j'ai dis alors c'est la colère qui a encore pris le dessus sur tout le reste.

— Non pas personnellement mais vous êtes mauvais pour mon amie alors c'est tout comme.

— Nous y voila enfin, c'est quoi votre prix ?

Je sors un chèque en attrapant un stylo qui traîne sur la banque mais elle le déchire sous mes yeux en me fusillant de ses beaux yeux bleus.

— Je ne veux pas d'argent mais juste que vous laissez June tranquille. Soupire-t-elle en jetant les petits morceaux à la poubelle. Elle est malheureuse et c'est de votre faute alors je pense que vous ne devriez pas en faire plus, elle se portera mieux sans vous.

— Je ne bougerais pas de ce motel branlant.

Ma main me lance soudainement en tapant du poing contre la tablette en bois. Je grimace au contact de la brûlure qui s'immisce jusqu'à dans mes articulations.

— Encore un coup comme celui-là et vous êtes bon pour un plâtre avec des petits cœurs dessus.

— Je vous emmerde.

— Pareillement.

Un petit sourire se dessine sur ses lèvres en regardant ma main encore plus rouge que le maquillage qui se trouve sur sa bouche. Garce, comment June peut-elle être amie avec ce genre de personne ?

— Vous voulez que je passe un message peut-être ? Continue-t-elle en me narguant. Je commence avec pleurnicheuse sans famille où quelque chose de plus soft ? Attention à ma moquette avec votre sang !

Je secoue ma main de plus en plus douloureuse en maculant cette moquette hideuse qui brûlerait même les yeux d'un aveugle.

— Je peux attendre tout l'après-midi s'il le faut.

— Ça tombe bien, j'adore la compagnie.

Lily croise les bras contre sa poitrine en souriant avec arrogance comme je le fais depuis quelques secondes déjà et c'est comme si nos caractères de chiens se ressemblent plus qu'il ne le devrait. June a vraiment le chic pour choisir ses amis où plus ? Je m'assois dans un vieux siège silencieusement en regardant un magazine stupide qui date certainement de l'année dernière.

— Vous êtes pas croyable quand même, qu'est-ce que ça vous coûte de faire ça ? Elle ne veut plus de vous.

— Mais moi j'ai besoin d'elle.

La femme aux cheveux longs et rouge desserre les dents en me rejoignant devant un de ses sièges prêt à rendre l'âme sous mon poids.

— Vous avez vraiment des sentiments pour elle alors ?

— Honnêtement je n'en sais rien.

Je ne mens pas en disant ça, je sais juste que j'ai besoin de cette femme dans ma vie et plus qu'il ne le faudrait. Elle m'apporte ce petit quelque chose insoupçonné dans ma routine de tous les jours. De la joie ? Du bonheur ? Oui, je crois que c'est le mot.

— Elle est à Massey's industrie, je crois qu'il fallait qu'elle parle à son responsable.

— Ah bah voilà, enfin je vous respecte un peu plus maintenant.

Elle tire doucement à la racine de ses cheveux en me fusillant encore des yeux comme elle en a l'habitude depuis ses quinze dernière minutes.

— Et moi toujours pas alors barrez-vous et ne revenez plus à moins que ce soit pour me dire qu'elle vous a pardonnez cette fois-ci.

— Je n'y manquerais pas.

J'accepte sa main tendue juste pour le plaisir de mettre encore un peu de sang partout mais cette fois-ci elle me donne un bon coup en s'essuyant contre son tee-shirt. Je respire enfin en sortant de cet immeuble miniature mais Lily m'interpelle à nouveau en me balançant quelque chose à la figure.

— Soignez votre main avant de la rejoindre, vous ressemblez à un détraqué comme ça.

J'accepte seulement parce qu'elle a raison. Je crois bien qu'à ce stade il me faudra bien plus que des simples soins.

My only one Where stories live. Discover now