Partie quatre vingt huit

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Quand c'est fini, c'est fini. Pas de questions, pas de larmes, pas de baisers d'adieu.

~~~ Point de vue de June. ~~~

Immobile et anxieuse sous les yeux de mon infirmière, elle tente de me convaincre gentiment de lire mon compte-rendu de la prise de sang. Mon coeur cesse de battre à ce moment-là. Impossible, je suis enceinte de deux mois exactement.

— Un bébé pour l'été..

Benny qui s'est occupée de nous pendant toute notre convalescence après notre accident me sourit joyeusement en me prenant dans ses bras.

— Il ne va pas être content du tout, ce n'est pas une bonne nouvelle Benny..

La femme rondouillarde se rembrunie soudainement en se rappelant que nous parlons bien de Jared Collins, le célèbre mannequin qui ne trouve déjà pas de temps dans son emploi du temps alors avec un bébé, c'est tout bêtement impossible.

— Ça s'appelle un cadeau de la vie. Me dit-elle en prenant ma main dans la sienne. Qu'est-ce que tu comptes faire ?

— Prendre un billet de train et partir le plus loin possible.

Elle ne rigole pas, elle me connaît suffisamment pour savoir que je suis capable de ne rien dire simplement parce que je suis terrorisée.

— Regarde cette magnifique bague à ton doigt, il a officialisé votre relation, peut-être qu'il est prêt..

Je regarde les petits diamants à mon annulaire en me rappelant de cette merveilleuse nuit où il m'a avoué ses sentiments. Je me souviens de nos sourires sincères, de nos câlins, de notre dispute mais surtout de ses mots rassurants juste après en ce qui concerne nos cicatrices.

— La donation de poumon qu'il a fait devrait déjà te prouver à quel point il t'aime, June. Soupire-t-elle en d'allumant une cigarette devant la fenêtre. En presque cinquante ans d'existence, je n'avais jamais connu une si belle preuve d'amour.

— Souhaite-moi bonne chance..

— Envoie-moi un message !

Je récupère mes papiers et sors en trombe de l'hôpital en me demandant bien comment je vais faire pour dire à Jared que nous attendons un mini nous. Je file en direction de Massey's Industrie, le cœur battant à tout rompre dans la poitrine.

— Mademoiselle Decker ? M'interpelle une réceptionniste en me voyant courir dans les couloirs. Monsieur Collins donne une conférence, vous ne pouvez pas..

— Je vous remercie de votre professionnalisme mais c'est une urgence.

La jolie blonde aux yeux de chats tente de se mettre sur mon chemin mais je la repousse gentiment.

— Je ne suis pas de bonne humeur en ce moment, je vous assure Katie.

— Les règles sont les règles pour tout le monde. Râle-t-elle en s'interposant une seconde fois.

La colère me gagne doucement en comprenant qu'elle ne me laissera pas faire ce dont j'ai envie. Pourtant si calme et respectueuse habituellement, je suis surprise de me mettre aussi soudainement en colère.

— Sortez de mon chemin ou je vous jure que personne dans cette entreprise ne vous recommandera sur votre curriculum.

— Vous vous prenez pour qui avec vos grands airs ? C'est pas parce que vous vous tapez le boss que vous avez tous les droits.

Je repousse violemment en arrière cette femme qui me tape sur le système. Andrew sort à ce moment-là de son bureau en me retenant d'une main.

— Qu'est-ce qui se passe, June ?

— Demande plutôt à cette garce qu'on ne connaissait même pas jusque-là son problème à ce que je sorte avec ton frère.

Je suis à cran et pas seulement parce que cette peste me cherche depuis cinq minutes. Andrew lève un sourcil dans sa direction et bizarrement Katie ne trouve rien à dire.

— Il me connaît très bien, ne vous en faites pas..

— Ah oui et vous êtes qui ?

Je commence à comprendre ce qu'elle cherche en tentant de me rendre jalouse. Plus aucun bruit dans les couloirs, le temps semble s'être arrêté alors qu'elle me sourit comme si elle venait de gagner un jackpot à la loterie.

— Le genre de très bonne amie qui partage le même lit.

Le coup de massue me percute de plein fouet. Andrew semble le comprendre en tentant de me faire revenir doucement à la raison. Elle ment, ne te ridiculise pas, June. Oh non, je sais qu'elle ne ment pas en me montrant une photo sur son portable. Je reconnais parfaitement la chevelure en bataille de Jared ainsi que son tatouage en forme de rose dans la nuque.

— Je sais que je vais être licencié de toute façon alors autant montrer directement la date de cette photo. Minaude-t-elle en regardant la bague que je porte à mon doigt. Une demande en mariage, waouh il ne fait pas les choses à moitié.

Le vingt-sept Juillet où exactement quatre mois après notre rencontre.

— Vous devriez prendre vos affaires, Katie. Lui rappelle Andrew en se passant une main sur le visage. Vous avez raison, vous êtes viré.

Le visage pâle et les yeux perdus en direction de son portable, je reste immobile en me demandant quand cette douleur dans ma poitrine va disparaître.

— June ?

La voix rauque de Jared a mes arrières me donne ce fameux coup de poing imaginaire que je redoutais.

— Je suis vraiment désolée, il fallait qu'elle le sache. Soupire Katie a l'intention de mon mari.

— Mais putain qu'est-ce que tu racontes encore ?

Je me retourne sous ses yeux en cherchant silencieusement à comprendre une explication rationnelle à ce que je viens de voir mais je n'en trouve pas. La belle blonde montre la photo comme si ce n'était déjà pas assez douloureux comme ça.

— Qu'est-ce que c'est cette putain de connerie.. Chuchote t-il en faisant mine de ne toujours pas comprendre le problème.

— D'habitude on se méfie d'une jolie fille, toi pour être plus crédible tu tapes dans la sous-marque. Bravo champion.

J'applaudis bêtement sous les yeux ahuris des employés qui suivent cette histoire depuis le début.

— Je ne me rappelle même plus de cette fille, June, je te le jure.

En me barrant le passage, ses mains trouvent le chemin jusqu'à mes joues comme pour me retenir prisonnière. Je ne vois plus rien si ce n'est son expression faciale torturée en tentant de me convaincre qu'il est sincère. Foutaise, il ne lui reste plus que le mensonge pour se sauver.

— Tu as fait tomber quelque chose. M'interpelle une voix dans mon dos.

J'arrache le document des mains de cette vipère mais vu la façon dont son sourire caresse son visage, elle est déjà au courant de tout.

My only one Where stories live. Discover now