Partie quarante quatre

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Un jour toi et moi, on montera sur un bateau et on disparaitra pour toujours.

~~~ Point de vue de June. ~~~

J'assiste à un spectacle virulent de colère entre une femme monotone et fausse et de son fils qui ne veut plus aucun contact avec sa propre famille. Depuis le balcon, j'entends beaucoup de reproches venant de l'un comme de l'autre, des hurlements mais surtout cette haine qui emporte Jared en renversant la table en verre du jardin. Je suis prête à le rejoindre à la rescousse mais je me retiens de faire quoi que ce soit en comprenant qu'ils ont besoin de se dire toutes ses choses non dites depuis tout ce temps.

— Ne t'en fait pas June, c'est toujours comme ça entre eux.

J'attrape la main tendue d'Andrew qui signifie bien plus à mes yeux que des simples mots sans importance. Il me galvanise de bonne ondes sans jamais être imposant.

— Pourquoi est-il si en colère contre vos parents ? Demandai-je en assistant impuissante à la scène. Il n'en parle pas souvent..

— Des erreurs passées qu'il n'accepte toujours pas.

Nous restons silencieux, main dans la main en comblant notre peine comme nous le pouvons. Ça me rappelle vaguement que je suis toujours en dispute avec ma mère, ma sœur mais aussi mon père que je n'ai pas revue depuis.

— Il est malheureux.

Oui c'est ce que je pense, ses pots de fleurs ne voleraient pas dans tous les sens si ça ne le toucherait pas.

— Il a toujours été mon modèle depuis petit et encore aujourd'hui, je le vois comme un exemple. Il ne s'autorise juste pas à être aimé comme il le devrait. Soupire-t-il en croisant mon regard. Elles aiment beaucoup trop son statut mais pas assez celui qu'il est vraiment.

J'imagine facilement ce garçon pendant toute son enfance et adolescence et mon cœur explose en une centaine de morceaux à ses mots.

— Comment était-il plus jeune ?

— Amoureux de la vie je dirais, tout le temps le sourire et il donnait même des cours à ses amis de classe et notamment du français.

Il m'adresse un petit clin d'œil en souriant malicieux.

— Il ne connaît pas un mot de français, il fait toujours une tête bizarre quand je parle cette langue.

Andrew me sonde de ses beaux yeux clairs en comprenant qu'il en a peut-être trop dit à ce sujet. Comment est-ce possible que ce qu'il me dit et ce que je vois ne sont pas la même chose ?

— Je pense que c'est mieux qu'il t'en parle lui-même.. Me dit-il finalement en retirant sa main de la mienne.

— Tu peux me le dire Andrew, je ne suis plus à une nouvelle anecdote maintenant..

Il soupire, passe sa main dans ses cheveux en bataille avant de se tenir à la rambarde du balcon.

— Une bagarre banale puis plus rien, il ne reconnaissait plus personne et ne se souvenait plus de rien après cette commotion.

— Tu veux dire qu'il ne se souvient plus de son enfance ?

— Il se souvient majoritairement des pires choses.

Je ne suis pas certaine d'être encore capable d'entendre quelque chose à ce sujet parce que c'est de plus en plus douloureux. Je commence mieux à comprendre pourquoi il ne me parle jamais de sa vie avant.

— Tu pourrais peut-être lui faire apprendre le français ? Me dit-il comme s'il avait eu une soudaine illumination. Il aimait beaucoup ça et peut-être que les souvenirs reviendraient..

— Oui, pourquoi pas..

Une seconde de trop, et cette colère qui submerge Jared s'avère être incontrôlable. Je cours jusqu'à eux en me fichant royalement de ce qu'elle pourrait dire en m'apercevant. Je sais déjà qu'elle ne conçoit pas cette relation que nous entretenons depuis un petit bout de temps alors plus ou moins ne changeront rien à ce qu'elle pense.  

— Vous devriez partir maintenant. Dis-je en me postant sous ses yeux de biche. Il a déjà suffisamment retourné tout le jardin pour aujourd'hui.

— Et moi je vous conseille de ne pas me dire ce que je dois faire. Mon fils n'a pas besoin d'une sangsue comme petite amie.

Ses mots me blessent mais je ne montre pas à cette femme qu'elle peut m'atteindre aussi facilement.

— Je fais juste ce qu'il voudrait et dans la mesure du possible, donc vous mettre à la porte est dans mes cordes jusque-là.

J'arrive soudainement mieux à comprendre son caractère maintenant que j'ai appris à connaître cette femme horripilante sur ses talons hauts. Elle est mauvaise, manipulatrice et à toujours cette façon de vous faire croire que vous êtes un moins que rien à la seconde où elle vous regarde.

— Vous voyez ce qu'il vient de se produire à l'instant ? Me demande-t-elle soudainement en me montrant tout ce désordre. Il le fait constamment parce que la colère est son unique manière de se faire comprendre.

Effectivement dit comme ça, je lui donne raison.

— Je n'arrive toujours pas à comprendre ce qu'il vous trouve pour une raison qui m'échappe mais ça va vous détruire mademoiselle Decker.

— Vous ne me connaissait pas.

Je me tourne silencieusement jusqu'à Jared et Andrew qui sont de l'autre côté de la piscine. Il y a toujours de l'eau dans le gaz, mais personne ne se soucie de ce que je ressens à cet instant dans ce règlement de compte.

— Mais je le connais lui. Soupire-t-elle en lissant sa robe sous ses doigts. Vous pensez être la première personne à vouloir lui venir en aide ? Je vous assure que non. Il renie même sa propre famille alors comment imaginez-vous la suite ?

Je ne sais même plus quoi dire parce que je sais qu'elle a raison. Comment pourrait-il être attaché à moi après tout ? Après tout, nous en sommes toujours au même stade, il ne m'a jamais dit qu'il avait des sentiments.

— Je ne vous mens pas en vous disant tout ça.

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