Chapitre cent

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J'ai des mains faites pour l'or et elles sont dans la merde.

Point de vue de Jared.

Je manque d'oxygène et mon âme en peine m'arrache un craquement indescriptible dans la cage thoracique. J'aime tellement June, d'une manière qui ne s'exprime pas seulement dans une simple phrase mais dans tout ce qu'elle apporte de positif dans ma vie depuis notre toute première rencontre. Elle est inexplicablement ma raison de vivre, mon souffle et la moitié de moi-même.

— Encore un autre.

Cette femme aux cheveux blonds en cascade est la plus belle personne qu'il me reste dans cette pourriture d'existence. Ça ne fait que dix jours exactement, mais c'est toujours plus difficile de vivre sans entendre son rire, ses chants irritants de bon matin et incontestablement son sourire naturelle, sans aucuns autres artifices.

— Ça ressemble à une mauvaise journée, je peux faire quelque chose ?

— Je m'en balance de ton aide.

J'avale d'un traite mon verre de rhum en grimaçant au contact du liquide brûlant dans ma gorge. Ça ne m'apporte aucun plaisir d'être dans un pub à plus d'une heure du matin, mais j'ai besoin de faire le point comme l'un de ses vieux alcooliques qui ruminent dans leurs coins.

— Je suis officiellement un connard.

— Ça se voit tout de suite quand on te regarde.. mais heureusement que tu incroyablement sexy, ça donne un certain charme à ton personnage.

Je veux juste que ma femme revienne à la maison avec cette sangsue qui reste bien au chaud dans son ventre en attendant un moment propice pour faire son apparition. Je me rappelle encore de cette photographie à l'hôpital, du bruit assourdissant de son cœur battant à tout rompre dans cette machine et des larmes de June en souriant.

— Je te propose un pacte.. un verre contre une vérité. Me dit-elle soudainement en posant la bouteille de rhum sous mes yeux.

— Je vais bientôt être père.

— Ce n'est pas une vérité, ne triche pas.

Elle reste inflexible en croisant les bras contre sa poitrine.

— Tu es la première qui est au courant donc tu me dois un autre verre.

J'insiste, elle me sourit malicieusement de cette dentition blanche qui ferait fondre la terre entière sauf moi qui ne demande qu'à boire jusqu'à ce faire un lavage d'estomac au petit matin.

— Je suis encore vierge. Me dit-elle en plaçant gênée ses mains sur ses yeux.

— Impossible, tu dois bien connaître ton sujet.

J'ai la bouche sèche et peut-être même un début de pâteuse mais ça me convient totalement.

— Je t'assure que c'est la vérité.. mais j'ai une question en ce qui concerne ta révélation précédente. Pourquoi n'es-tu pas avec elle ?

— J'ai souffert toute mon enfance a cause du manque de mes parents, je ne veux pas être cette copie conforme.. elle ne mérite pas ça et June non plus. Pourquoi est-ce que je lui parle de ça déjà ?

— Donc si je comprends bien, tu abandonnes comme un lâche ta famille parce que tu ne veux pas reproduire les mêmes erreurs que tes parents ?

— Elle a déjà fait son choix à ma place.

Cette barmaid me cerne beaucoup trop rapidement, mais elle semble tout de même prendre mon problème comme quelque chose à résoudre.

— Non, je crois qu'elle a dit ça dans le but de te faire comprendre certaines choses. Putain, tu dois te battre comme un lion et ne pas boire comme un ivrogne à la place ! Elle donne un coup sec de torchon contre le rebord du comptoir en attirant involontairement l'attention sur nous. Je ne rigole pas, tu as une attitude de lâche.

— Il n'y a plus rien à faire de toute façon alors lâche-moi avec tes remarques.

Je me relève difficilement de mon tabouret en vacillant de gauche à droite comme un putain d'ivrogne. Les têtes se tournent, la voix de la serveuse ne devient plus qu'un vulgaire écho mais j'en ai rien à foutre tant que je ne l'entends pas me dire que je suis en train de commettre la faute la plus grave de toute ma vie.

— Je t'appelle un taxi, je crois que c'est plus prudent.. Soupire-t'elle en dégainant son téléphone de sa poche arrière.

— Range ton portable.

J'attrape son objet de torture qui sonne beaucoup trop fort malgré la musique et le balance contre le carrelage qui s'explose soudainement en mille morceaux.

— TU AS UN PROBLÈME ?

Je me retourne difficilement en constatant qu'un homme me dévisage en se déployant de toute sa longueur. Est-ce qu'il croit vraiment me faire peur avec cette attitude ? Je gagne du terrain en le plaquant contre un mur, mais ce costaud me ramène  jusqu'à la sortie en me poussant contre le par-choc d'une voiture.

— Mêle-toi de ton cul, ça ne te regarde pas.

Ma voix est grave presque à la limite de la nonchalance. Je n'ai plus rien depuis déjà longtemps, alors une bagarre de plus ou de moins à mon actif ne me pose pas de problème.

— Oh que si ça me regarde, c'est le portable à ma copine ! Il me soulève brusquement du goudron en croyant m'atteindre.

— Tu veux dire ta vierge effarouchée ?

Je lâche un rire sanglant en me faisant clairement exploser le visage. Les coups sont de plus en plus forts mais je continue à faire de la provocation en ne me défendant pas une seule seconde. Je veux que ça soit douloureux, que ça soit à la hauteur de la tristesse qui m'arrache le cœur en deux parties bien distinctes.

— Tu as que ça dans le ventre ?

Il enchaîne les coups de poings et les coups de pieds dans mon ventre. Ma vue est trouble, mais je crois que le sang commence doucement en prendre forme contre le trottoir de cette minuscule ruelle où des gens assistent à la scène. Personne ne s'oppose à se règlement de compte ou plutôt à cette exécution qui m'empêche de faire quoi que ce soit.

— Ne t'approche plus d'elle ou je te tue, est-ce que je me suis bien fait comprendre ?

— Non pas encore, tu veux pas me remettre un coup ou deux ? Je t'en prie.. c'est la dernière fois que tu en auras l'occasion.

Je crache du sang en toussant de plus belle, mais j'ai besoin de ça pour me remettre la cervelle en place. L'homme s'arrête soudainement après un dernier coup de semelle dans la cage thoracique et me laisse comme un con contre le goudron. Je ferme les yeux, recroquevillé comme un mort en me préparant psychologiquement à vivre ma première nuit dehors jusqu'à ce que je retrouve la force de me relever.

My only one Where stories live. Discover now