Chapitre 20

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Elle cligna des paupières interloquée.

- Eclairées ? Répéta-t-elle son cacher son incompréhension. Pourquoi vous pensiez que j'étais le genre de femme à coucher avec un homme et me sauver au petit matin avec un mot doux glissé sur l'oreiller ? Et bien non, je suis désolé de vous faire de la peine.

Quand elle fit la moue, Alek en resta muet. Aucune femme jusque-là ne lui avait exprimé une telle franchise. Alek était peut-être affaibli par son passé, mais n'en demeurait pas moins un homme qui ne s'attachait pas. En général il savait où était les limites du raisonnables avant qu'une femme ne lui déclare son amour. C'est pour cette raison qu'il ne s'attardait pas dans ses relations. Et voilà que cette jeune femme se refusait à lui avant même d'avoir commencé une quelconque liaison. Sans le savoir, elle le poussait à user de toutes ses armes pour qu'elle ne résiste plus à cette alchimie et ce désir qu'il y avait entre eux.

- Je ne suis pas un homme qui s'attache ou qui fait des promesses Mira, je sais que dans cinq jours, nous ne serons plus que deux inconnus l'un pour l'autre.

Il marqua une pause en lui offrant un regard réprobateur.

- Mais avant, je dois vous apprendre à lire et nous devons terminer ce que nous avons commencé.

- Vous pensez pouvoir m'apprendre à lire et à écrire en cinq jours ? Dit-elle avec un air de défit.

- Je suis sûr que je peux vous apprendre bien plus en moins d'une semaine. Railla-t-il avec une voix pourtant à l'intonation dure.

Bouché bée elle le considéra comme l'ennemi numéro un à abattre.

- Vous diaboliquement arrogant !

- Merci infiniment pour ce compliment mademoiselle Ludington.

Elle secoua de la tête, et se laissa tomber sur le fauteuil, comme lassée de toute réplique.

Alek en profita pour se diriger vers sa bibliothèque. Il était un homme de parole, et le temps, bientôt manquerait pour lui apprendre à lire. De ce fait, Alek décida de commencer toute suite.

S'il ne pouvait pas l'avoir entre ses bras pour éteindre le feu qui les consumé tous les deux, il devait au moins tenir parole. En espérant tenir jusqu'à Dimanche sans craquer.

- Allons-y Mira, commençons.

- Qu...quoi maintenant ? Bafouilla-t-elle en se redressant.

- Si on ne commence pas maintenant, jamais nous allons pouvoir atteindre notre but, Mira.

Alek réprima sa mauvaise humeur et ouvrit le livre en se plaçant juste à côté d'elle.

- Mais vous vouliez allez au restaurant ? Non ?

- J'ai changé d'avis. Dit Alek abruptement. Nous n'avons pas le temps d'aller au restaurant, nous mangerons ici, après avoir travaillé.

Mira se pinça les lèvres nerveusement, regrettant amèrement d'avoir objecté sur son invitation. Son instinct à vouloir se protéger l'avait fait trop parler. Elle avait seulement voulu tirer les choses aux claires et voilà que la soirée au restaurant venait de se transformer en un cours de lecture. Elle s'insulta intérieurement. Cette petite altercation lui avait seulement apportée quelques réponses à ses questions...

Alek Kaïros n'était un homme qui pouvait s'éprendre d'une femme aussi facilement. Alors pourquoi un furieux désir manquait de la jeter dans ses bras robustes alors qu'elle savait pertinemment où tout cela la mènerait ? Pourrait-elle survivre à une nuit de passion sans promesse ? Bien sûr que oui ! se dit-elle intérieurement en levant les yeux vers ce beau mâle qui ne cherchait même plus à cacher son attirance qu'il avait pour elle. Dans ses bras, elle était persuadée qu'elle se sentirait femme, peu importe le prix !

- Si vous arrivez d'ici Dimanche à me lire un passage d'un de mes livres les plus compliqué, je vous promets de vous offrir un magnifique dîner.

Elle quitta ses pensées qui devenaient presque brûlante pour lui répondre d'une voix pâteuse :

- Marché conclu.

Dans l'ombre d'un sourire ils commencèrent la lecture du roman, et dès les premières lignes, Alek prit son ton pour découper chaque mot.

Dimanche, 20h.

Mira pliait ses affaires tout en regardant la bague de fiançailles qui lui avait servi pour honorer sa promesse d'aider Alek. Bizarrement, elle la retira sans le moindre remords. Cette bague ne reflétait pas la réalité, mais la fin d'une comédie. Elle était heureuse et se sentait grandi. Hier, elle avait réussi à lire un passage de La petite Dorrit de Charles Dickens sans buter sur aucun mot. Elle n'avait pu s'empêcher de se jeter dans ses bras, ivre de bonheur. Il fallait dire que le Duc était un bourreau du travail et que cette semaine l'avait épuisée bien plus qu'elle ne l'avait imaginé. Entre les cours de lecture le matin et le soir, Mira avait dû également jouer le rôle de fiancée le reste du temps. Elle avait même cessé de compter combien de fois, Alek l'avait embrassé sans retenu devant sa mère et devant les trentaines d'invités de la veille, lors d'un dîner professionnel. Plus de doute, la Grèce tout entière croyait en leur couple monté de toute pièce.

- Vous êtes prête ? Lança une voix bourrue derrière elle.

Son cœur se mit à battre à la chamade. Comme promit, sur le balcon, une fabuleuse table inondée de bougies les attendait pour le dîner qu'il lui avait promis.

Elle ferma son sac et se redressa pour lisser sa robe.

Lentement, elle se retourna. Vêtu d'une chemise noire, et d'une veste impeccable, il était adossé au mur de la chambre, dardant sur elle un regard sensuel. Plus de doute, l'un l'autre ne pouvait cacher leurs désirs chaque fois qu'ils se regardaient. Durant toute la semaine Mira avait été prise d'une imagination, presque affolante. Des fantasmes l'avaient rendu folle au point de ne plus pouvoir réfléchir à chaque fois qu'ils étaient seuls. Alek avait même rejoint le canapé la nuit dernière.

- Je suis prête...

Elle déglutit, le ventre papillonnant.

Mira fit un pas vers lui, puis un autre, cédant aux forces intérieurs qui l'avaient aidée jusque-ici à ne pas craquer. Il s'avança à son tour, comblant l'espace qui les séparait.

Demain, ils reprendront leur vie, alors pourquoi ne pas clôturer ce chapitre par un feu d'artifice ? Songea Mira, la respiration saccadée.

- Je veux vous embrasser Mira...avant de devoir nous dire adieux.

Elle se mordit la lèvre consciemment en souriant. Il l'avait tant aidé dans son apprentissage à la lecture, et bien plus...avec lui, elle s'était sentie enfin libre de s'abandonner à n'importe quelle folie.

Sans lui laisser le temps de répondre, il plaqua ses lèvres contre les siennes en lui offrant un baiser ardent et passionnelle, qui n'avait rien avoir avec ceux qu'il lui donnait en publique. Cette fois-ci, il profitait de leur intimité pour lui décrire en un baiser savoureux tout ce dont il rêvait de lui faire. Impossible de se soustraire à son étreinte presque animale. Mira se laissa basculer dans un autre monde merveilleux, en s'accrochant à ses épaules, espérant au fond d'elle, que cette dernière nuit lui offre bien plus qu'un baiser.

Peu importe les conséquences.

Un bouleversant chantageWhere stories live. Discover now