Chapitre 11

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Quand ils passèrent les grilles du manoir, Mira eut toute la peine du monde à ne pas se sentir nerveuse. Avoir cet accident qui aurait pu lui coûter la vie avait malheureusement joué en faveur de l'homme.

- Mon dieu. Votre mère va me haïr !

- Au contraire. Rétorqua-t-il en la soulevant dans ses bras. Ma mère sera ravi d'apprendre que j'ai sauvé ma fiancée.

Elle vacillait depuis des heures, voilà pourquoi il venait de la soulever dans ses bras puissant. Ce contact si proche lui coupa la respiration. Quand elle avait quitté le manoir gigantesque il y a quelques heures plus tôt, Mira s'était arrêtée devant les portes en imaginant ce qu'aurait pu lui apporter cette comédie. À présent qu'elle revenait ici sous ses véritables traits, avec sa vraie identité, Mira voyait les choses différemment.

Elle baissa un instant les yeux sur le sol qui paraissait si loin d'elle. C'était la première fois qu'un homme faisait preuve de tant galanterie avec elle. Elle avait l'impression de flotter dans les airs. La douleur de son poignet avait presque disparue. Son visage cuivré était si proche du sien qu'elle pouvait déceler chaque structure de ses traits puissants. Sa bouche cruelle était tordue, mais adouci par une certaine sensualité.

- Vous pensez qu'elle va croire à cette histoire ? Avez-vous conscience que je ne suis pas comme vous le pensez ?

Il s'arrêta sur la dernière marche pour lui offrir un regard limpide comme si cette information lui était égale.

- Ça je pense l'avoir remarqué. Dit-il en dardant sur elle un regard infiniment troublant. Mais je vous ai choisi vous et personne d'autre. Donc nous allons continuer ce que nous avions commencé hier.

- Sur les tonnes de maîtresses que vous avez collectionné aucune d'entre elle a accepté cette comédie ?

Il partit d'un rire gutturale en rejetant sa tête en arrière.

Son rire grave fit vibrer son corps entièrement.

- Premièrement je n'ai pas un tableau de chasse sur lequel je prend plaisir à noter mes conquêtes et deuxièmement, je veux quelqu'un qui ne se berce pas d'illusions.

Mira rit à son tour, mais avec amertume.

- Vous avez peur qu'elles s'imaginent que c'est réelle ? Je comprends cela doit être épuisant d'être poursuivi par des femmes éprises de vous.

Il plissa des yeux.

- Vous n'avez pas idée...murmura-t-il avec une arrogance déconcertante.

Mira se mû dans le silence, n'osant pas rétorquer. Naturellement, cet homme était un demi-dieu. Comment ne pas rougir comme une adolescente ? Combien de femme avait eu le privilège de partager son lit sans songer à devenir la duchesse impérial de la Grèce ?

N'avait-elle pas l'impression d'être une princesse dans ses bras ?

Mira chassa de son esprit toutes ces questions ridicules et inspira imperceptiblement en détournant la tête. Cet homme n'était pas fait pour une fille comme elle. Une nausée familière lui monta à la gorge.

- En attendant vous êtes avec moi mademoiselle Ludington...essayez de voir les bons aspects de cette comédie.

Il la déposa sur le lit avec une lenteur démesurée. Elle remarqua très vite que toutes les affaires qu'elle avait soigneusement plié au petit matin, reposaient toujours au pied du lit.

- Qu'est-ce que cette comédie m'apporte ? Bien que vous n'allez pas me mettre en prison ? Demanda-t-elle d'un ton qui se voulait sec.

Il lui retira ses baskets en effleurant ses chevilles. Immédiatement, Mira sentit des frissons parcourir son épine dorsale.

Mais comme il ne répondait rien, Mira décida de rajouter avec hésitation :

- Si au moins j'étais payée...

Il se redressa sur-le-champ en la considérant avec sérieux. Un silence s'installa dans la chambre impériale.

- Non c'est hors de question. J'aurais l'impression de vous payer salement. Déclara-t-il avec véhémence.

- Oh je vous en prie ! Nous ne sommes pas en train de rejouer le film pretty woman.

Il retira sa basket et la posa à terre.

- Quoi que si mes souvenirs sont exactes, il la soudoie pour aller à des dîners non ? Demanda-t-elle en espérant attirer son attention.

Il parut se radoucir et vrilla son regard dans le sien.

- S'il vous plaît ! J'ai au moins le droit à ça non ? C'est comme un travail ?

Il expira par le nez et semblait sur le point d'abdiquer.

- Je ne vais pas quémander je vous le promet ! Insista Mira animé par l'espoir qu'il la paye. Je n'ai plus de travail et au lieu d'être ici je devrais être en train de chercher un autre emploi. Rajouta-t-elle en soulevant son poignet douloureux pour le poser sur le coussin.

- Très bien ! Céda l'homme les yeux assombris par la colère. Deux milles euros vous irez ?

Mira crut avoir mal entendue. Elle sentit son cœur rater un battement alors qu'il enfonçait son profond regard dans le sien.

- Deux milles euros ? Pour la semaine ? Vous êtes sérieux ?

Il arqua un sourcil.

- Vous voulez que je descende le prix ?

- Non ! Surtout pas ! C'est parfait !

Il pencha son corps plus en avant et s'approcha de son visage. Elle frémit, son cœur battait à la chamade.

- C'est la première fois que j'entache mes principes et mes valeurs mademoiselle alors profitez-en. Murmura-t-il d'une voix tendue.

Mira pouvait l'accorder avec beaucoup d'adjectifs, mais il venait de bafouer quelque chose qui lui tenait à cœur, cela se distingué dans ses yeux gris. Infiniment reconnaissante envers lui, Mira étira un beau sourire en espérant que ses yeux parlent pour elle. Car aujourd'hui Mira avait l'impression d'être riche. Si pour lui, deux milles euros ne représenté rien...pour elle s'était une fortune colossale.

Elle réprima un sourire d'excitation.

- Merci infiniment votre Grâce.

- Je vous en prie...appelez-moi Alek sinon nous ne sommes pas crédible.

- Très bien c'est noté.

Il se retira en une démarche un peu bourrue et s'arrêta devant l'entrée de la chambre.

- Je vais informer ma mère de la situation. En attendant reposez-vous.

Elle nota son information en un hochement de tête en reposa sa tête sur l'oreiller quand il quitta les lieux.

Un bouleversant chantageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant