Chapitre 19

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En fin de journée, après leur conversation, Mira était restée en retrait dans le salon privé, repensant sans cesse à leur conversation qui lui avait permis d'en apprendre plus sur son passé. Elle inspira profondément en agrippant les accoudoirs. Mira ne pouvait plus ignorer l'intense sensation qu'elle ressentait à chaque fois qu'il posait ses mains sur sa peau. Depuis qu'elle était dans le monde du travail, elle avait beaucoup appréhendé les réactions face à son problème qui chaque jour rendait son quotidien éprouvant. Et depuis qu'elle était au côté du Duc, elle s'était souvent demandé s'il réagirait de la même manière que les autres. Son regard...Jamais elle ne pourrait oublier son regard doux et rassurant quand il lui avait avoué connaître son secret. Il n'avait ni ri, ni même montré une lueur d'amusement dans ses yeux d'acier. Il lui avait tout simplement séché les yeux, pour que son chagrin s'estompe. Bien qu'il avait grandi dans l'opulence, cet homme refermait un douloureux passé. Son père lui avait laissé en héritage, des coups incessants sur sa peau cuivrée, sur ce torse à l'apparence solide, avait subi des douleurs physiques, qu'il n'oublierait jamais.

Mira sentit une larme rouler sur sa joue, sans avoir la moindre envie de l'essuyer.

- Mira ?

Elle sursauta et dut rapidement passer sa main sur son visage pour effacer toute trace de son chagrin. Elle se leva d'un bond quand il émergea entre le deux portes, plus beau que jamais. Une question se posa à son esprit déjà bien embrouillé, par les récents évènements qui n'avaient eu de cesse de les rapprocher.

Etait-elle assez jolie ? Est-ce qu'elle était aussi attirante que les femmes qu'il avait rencontrées au cours de sa vie ?

Elle chassa toute pensée, en clignant des yeux et arbora un sourire qu'elle espérait chaleureux.

- Oui ? Il y a un problème ?

Il plissa des yeux et s'avança vers elle, mains dans les poches avec une démarche nonchalante.

- Ne vous ai-je pas suggéré de vous reposer après nos confidences ?

Elle sourit en croisant les bras.

- J'ai bien essayé mais vous, vous êtes mis à vociférer au téléphone juste en-dessous de la fenêtre.

Il grommela quelque chose entre ses dents serrées et se passa une main dans ses cheveux.

- Ne sommes-nous pas censé jouer un couple amoureux ?

Ne comprenant pas le sens de sa question, Alek plissa du front. Jamais jusque-là, il s'était confié à une femme, jusqu'à donner les moindres détails de l'accident qui avait bien failli le tuer. Reparler de son père avait fait ressurgir en lui ce qu'il essayait de cacher à la face du monde.

- Que voulez-vous dire ?

- Et bien, ce n'est pas dans cette chambre que nous allons duper le monde avec...

- Je ne dupe pas le monde très chère Mira. Coupa-t-il d'une voix rauque.

Interloquée elle opta par une position de défense. De nouveau, sa beauté farouche le frappa. Il fut tenté de baisser sa garde et de laisser cette information en suspens, mais il connaissait trop bien cette jeune femme. Car, bien qu'elle fût d'une beauté incroyablement spectaculaire, elle faisait preuve d'audace et de méfiance. Pouvait-il lui en vouloir ? Après des années à s'élever seule, en quête d'un repaire.

Alek voulait à présent être ce repaire.

Dès l'instant où sa véritable identité était tombée, Alek aurait presque voulu la kidnapper. L'avait-il fait sans s'en rendre compte ?

- Mais vous avez raison. Reprit-il enfin après avoir refoulé son désir presque animal qui lui ordonner de foncer droit sur et saisir ses lèvres. Ce n'est pas ici que nous pouvons faire nos preuves.

Son rideau de cheveux épais et infiniment doux reflétait par le seul rayon du soleil qui venait de s'infiltrer entre les tapisseries recouvrant les fenêtres.

- C'est pourquoi j'ai décidé de vous emmener au restaurant.

Le petit miaulement adorable qui sortit de ses lèvres l'aurait presque fait éclater de rire s'il ne comptait sérieusement sur cette soirée pour faire tomber le rempart qui l'empêchait d'atteindre la confiance de cette jeune femme. Il jouait consciemment avec le feu. Dans une semaine, Mira quitterait cette endroit. Alors pourquoi, il n'arrivait pas à mettre un terme à la chaleur qui embrasait son corps. Il suffisait qu'il quitte la pièce et qu'il se plonge dans son travail pour éteindre son envie violente de l'embrasser et de parcourir son corps avec ses mains qui tremblaient rien qu'à l'image sensuelle qui venait de s'introduire dans son esprit.

- Vous voulez faire quoi ? Répéta-t-elle.

- Je vais vous emmener dîner dans un lieu qui fera sans aucun doute briller vos yeux.

Alek insuffla un second souffle. Ça lui était tellement difficile de ne pas faire ressurgir sa vraie nature. Lui dire qu'elle n'avait pas le choix aurait été tellement plus facile. Mais il aimait contempler ses petites rougeurs adorables. Des rougeurs qui lui indiquaient qu'elle était tout sauf une femme à l'allure persuadée d'être assurément la plus belle et la plus désirée. Non, Mira Ludington était assurément la plus belle jeune femme qu'il avait l'honneur de voir. Naturelle et timide deux qualités qui faisaient d'elle une créature infiniment désirable.

- Pourquoi avez-vous peur Mira ?

- Je n'ai absolument pas peur !

Alek sentit ses muscles se tendres par l'immense désir qu'elle lui inspirait. Avec sa tignasse elle ressemblait à une guerrière émergeant des flammes. Son regard luisait d'appréhension malgré la ténacité de ses propos.

- Alors pourquoi vous ne voulez pas ?

Elle leva le menton, en l'observant d'un œil méfiant.

- Je me méfie de vous pour être tout à fait franche.

- Ah vraiment ?

- Oui vraiment. Affirma-t-elle sur un ton bravache. Que les choses soient claires Monsieur le duc, je ne serais pas votre quatre-heures, je n'ai...

Alek éclata de rire. La jeune femme serra les poings devant sa moquerie.

- Mon quatre-heures ? Répéta-t-il en essayant de recouvrer son sérieux. Allons Mira, je crois que nous savons tous les deux, que si mon intention était de vous mettre dans mon lit dès le départ, vous seriez nu depuis longtemps.

Elle écarquilla les yeux, en reculant la tête.

- Et bien, merci de me mettre au courant votre Grâce !

- Je suis ravi d'avoir eu cette conversation mademoiselle Ludington, mes pensées sont éclairées à présent. Déclara-t-il d'une voix rocailleuse.

Un bouleversant chantageWhere stories live. Discover now