Devoir n°3 : Gabriella Johnson

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C'est donc aujourd'hui.

Je lisse un peu nerveusement ma chemise et tripote maladroitement la rose que ma sœur m'a placé dans les cheveux. 

Oui, c'est aujourd'hui. 

Nous nous tenons tous les trois sur le seuil de la porte, malgré tout ce que j'ai pu subir en ces murs, malgré toutes les privations et malgré tout ce que j'ai sacrifié pour rester dans ce taudis, je l'aime. Je les aime. Je ne veux pas partir. 

Je tombe à genoux et les serre aussi fort que possible dans mes bras. Nos larmes se confondent. 

J'ai déjà dis au revoir à ma mère, je lui ai dis que c'était une trois à présent, que ses enfants étaient tous des trois, qu'ils pourraient avoir une vie meilleure. 

Je me sépare de Jane et d'Andrew, Kate s'occupera d'eux. Elle est passée ce matin un peu avant l'aube, elle voulait savoir comment elle pouvait m'aider. Je lui ai demandé qu'elle prenne soin de ma famille et qu'elle m'envoie une lettre tous les jours pour donner des nouvelles. Je lui fais entièrement confiance. 

Elle m'accompagnera jusqu'à la place de la ville, ma mère étant trop faible pour le faire et mon père étant inexistant. Pour ce qu'il est de Jane et d'Andrew, je ne veux pas qu'ils voient ça. 

Trois petits coups se font entendre dans la pièce semblables à trois balles venant m'atteindre directement en plein cœur. 

J'ouvre la porte et trouve Kate dans l'encadrement, les larmes me montent immédiatement aux yeux. 

Je serre une dernière fois ma fratrie dans mes bras dans un silence quasi total et jette un regard de pur détresse à la chambre de ma mère. 

Je lui ai dis au revoir. 

Elle sera là lorsque je reviendrais. 

Tout. ira. bien. 

Je suis Kate silencieusement dans la limousine. Je suis si bouleversée que je me rends à peine compte du luxe qui m'entoure. 

Je n'ai pas l'habitude de faire des trajets en voiture. Mon principal moyen de locomotion reste mes deux jambes et lorsque je ne peux absolument pas me rendre à mon lieu de travail à pied, je prends le bus. 

Prendre une limousine c'est un peu comme grimper sur une girafe ailée à pois verts pour moi. 

Le trajet se déroule dans le silence le plus complet, je ne suis pas d'humeur à papoter et Kate le sait bien. 

Lorsque nous arrivons, nous sommes de suite aveuglées par les flashs des photographes et certaines questions qui ne parviennent pas jusqu'à mes oreilles. 

Ou que je ne veux tout simplement pas entendre. 

On me pousse jusqu'à une petite estrade où je suis propulsée aux côtés du maire sans même me rendre compte de quoi que ce soit. Le soleil m'aveugle complètement et je dois cligner des yeux plusieurs fois afin de recouvrer un semblant de vue. La foule auparavant bruyante se tait complètement lorsque le maire commence à parler, j'observe un instant les visages qui me font faces. Ces visages que j'ai déjà croisés pour la plupart et qui ne se souviennent sûrement pas de moi. Les domestiques sont invisibles, je le savais déjà bien avant mais avoir cette réalité sous les yeux fait encore plus mal. 

Je sais que le maire continue de parler mais je ne prête pas le moins du monde attention à ce qu'il dit. Je pense à ma sœur qui doit être en train de faire tout son possible pour réparer notre poste de télévision. Je me demande quand est-ce qu'elle se rendra compte que je l'ai débranché. 

La Sélection - RPG [INSCRIPTIONS FERMEES]Where stories live. Discover now