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Quinze jours plus tard, il y a eu le quizz musical. Je m'y étais engagé mais je suis tombé malade entre temps donc j'ai été obligé de rester chez moi. Ça me faisait râler parce que j'aurai donné beaucoup pour y être présent.

J'ai alors dû rester à la maison avec Clara et Léonard. Ces deux-là n'avaient pas eu envie de s'inscrire à cette activité et nos parents allaient passer la soirée chez un couple d'amis pour leur anniversaire de mariage. Nous y étions bien sûr invités mais aucun de nous trois n'avait eu envie de rester là-bas sans rien faire.

Nous sommes restés devant la télévision après avoir choisi un film. Léo était tout seul sur un divan tandis que je partageais un fauteuil avec Clara. Cette dernière était à moitié couchée sur moi en faisant tourner son index dans ses cheveux.

Mon petit frère était concentré et regardait avec des grands yeux l'écran tandis que sa soeur jumelle ne semblait pas vouloir voir ce genre de film. Je le remarquais à sa façon de gesticuler. Habituellement, quand un film lui plaît, elle respire à peine pour ne rien louper, aucun dialogue, aucune image, aucun geste.

-Clara, tais-toi, j'entends rien, a râlé notre frère. Ou alors va dans ta chambre si ça ne te plaît pas.

-On est deux à ne pas aimer le film, m'a-t-elle inclus dans l'histoire afin de mieux se défendre.

J'ai directement levé les deux mains en l'air comme pour prouver que j'étais innocent, que je n'avais encore rien dit à ce sujet.

Léonard n'a pas pris cela en compte, il nous a simplement demandés une seconde fois de nous taire.
La brune a mis son pouce en bouche, comme les gamines de cinq ans. C'était mignon et pathétique à la fois mais elle n'a encore jamais perdu cette habitude.

-Romuald, j'ai quelque chose à te dire, m'a-t-elle chuchoté à l'oreille.

Avant que je ne dise quoi que ce soit, un chut s'est fait entendre de l'autre côté du salon. Léonard avait vraiment envie d'entendre chaque parole des acteurs sans que l'on ne le dérange.

Durant une heure, plus personne n'a parlé. Le générique de fin a commencé vers vingt heures vingt et c'était presqu'un soulagement.
Je mourais maintenant de faim et n'avais pourtant aucune envie de me lever pour aller préparer quoi que ce soit.

-Va faire à manger, a dit la seule fille à l'égard son jumeau. Je crève de faim.

-Ben toi, va faire à manger, je ne suis pas ton chien!, s'est-il exclamé.

J'ai directement deviné qu'ils allaient se mettre à se disputer et j'ai alors regretté davantage de ne pas avoir pu aller à l'école, rejoindre mes amis.
Je n'ai rien dit durant plusieurs minutes avant de devoir calmer leur jeu stupide digne d'enfants de six ans. Ils m'ont écouté et sont allés à la cuisine à deux. Après discussion, nous avons simplement décidé de faire décongeler des pizzas achetées deux jours plus tôt au supermarché et de les mettre chauffer.

Lorsque notre minable repas était cuit et sur la table, le téléphone de Léonard s'est bien sûr mis à sonner. Il faut toujours qu'on l'appelle au moment de manger ou de faire une tâche ménagère, c'est presqu'une habitude. Il a alors posé dans une assiette quelques morceaux et est monté dans sa chambre, avec son repas du soir.

Je suis resté avec ma soeur, ce qui tombait à point car elle avait quelque chose à me confier et semblait vouloir que je ne sois le seul au courant.

-Raconte-moi ce que tu avais à me dire, l'ai-je encouragée en mordant une bonne fois dans un morceau de la pizza aux fromages.

Premièrement, ma soeur de seize ans m'a regardé comme si j'avais dit la stupidité du siècle mais très vite, elle s'est essuyée la bouche d'une serviette mauve et a eu l'air de se concentrer.

-C'est à propos de Mathias, a-t-elle commencé avec hésitation.

En entendant le prénom de mon meilleur ami, mes épaules se sont crispées, imaginant le pire. Je savais que ma soeur en était folle depuis pas mal de temps déjà mais que lui, il entretenait une relation avec une certaine Elsa. Il n'en était peut-être pas amoureux mais n'est pas quelqu'un qui joue avec les sentiments des gens, donc il cachait certainement bien son jeu.

-Qu'est-ce qu'il a encore fait, notre cher Mathias?, ai-je pressé Clara, impatient de savoir où elle voulait en venir.

-Il m'a proposé d'aller au bal de fin d'année avec lui et...

-Et?, ai-je coupé. 

-Et il m'a embrassée.

Cela m'a surpris, j'avais presqu'envie de frapper cet abruti d'ami. Enfin, je savais que c'était exactement ce que ma soeur attendait mais il lui suffisait de lui faire du mal que pour je monte sur mes grands chevaux.

-Pourquoi tu fais cette tête-là?, a-t-elle souri. Tu as vu Jésus?

-Je trouve simplement cette histoire excessivement étrange. Je sais que tu l'aimes bien et que c'est un garçon très bien, je ne dirai jamais le contraire mais c'est vraiment bizarre.

-Bizarre? Pourquoi, bizarre?

-Oh, je ne sais pas, Clara, ai-je soupiré. Parce que c'est Mathias et qu'il a deux ans en plus que toi. Et je n'ai aucune envie que tu découvres la vie avec lui.

Elle m'a regardé d'un air interrogatif, ne comprenant pas où je voulais en venir. J'aurais préféré ne pas avoir à lui expliquer le fond de mes pensées mais vu qu'elle ne comprenait absolument rien à mes sous-entendus, je m'en suis senti obligé.

-Le fait de tomber amoureux, de connaître la rupture, la peine que cela engendre et je n'ai surtout pas envie que tu fasses ta première fois avec lui, ai-je honteusement avoué. 

Elle a rigolé, d'abord calmement et puis de plus en plus fort. Ce rire m'a laissé inerte et m'a fortement déplu, elle a dû le comprendre aux traits de mon visage qui se sont durcis. Elle avait l'air de jouer à la plus forte et cela m'insupportait fortement aussi.
J'ai alors attendu qu'elle se soit calmée avant de la regarder dans les yeux à mon tour et de sérieusement lui demander des explications.

-J'ai déjà eu une relation amoureuse, Romuald.

Quelle ne fut pas ma surprise face à ce genre de révélation. Je suis très proche de Clara et l'ai toujours été mais ça ne me plaisait pas vraiment d'apprendre seulement maintenant ce genre de choses. C'était sa vie privée mais j'étais assez proche d'elle que pour avoir le droit d'être mis au courant de ce genre de choses.

-Avec qui et quand ça?

-Tu te souviens du connard du bus qui m'a fait pleurer et a été très impoli avec toi?, a-t-elle essayé de remettre mes pensées dans l'ordre.

Je pense que ça a été le pire moment lorsqu'elle m'a avoué avoir passé sept mois avec ce garçon et d'avoir même échangé une relation sexuelle avec lui. Je comprenais mieux ses pleurs de ce jour-là mais n'étais vraiment pas fier. J'étais même excessivement fâché, déçu de ma petite soeur à qui je fais habituellement confiance les yeux fermés.

Je l'ai donc laissée seule dans le divan et suis allé dans ma chambre à mon tour. J'y ai ruminé durant plusieurs heures avant d'être capable de fermer les yeux.

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Voilà un second chapitre pour me faire pardonner de tout le retard accumulé. Cette histoire n'a pas un scénario génial et je m'en rends bien compte mais je vais la terminer.  (Je veux la terminer)
[24.01.2017]

Donne-moi ton corpsWhere stories live. Discover now