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-Ça fait combien de temps que tu laisses pousser tes cheveux?

J'ai haussé les épaules face à cette question posée par Héloïse. Tout le monde m'a déjà questionné à ce propos au moins une fois mais c'était la première fois que ça venait de la part de cette fille.
J'étais légèrement étonné qu'elle fasse comme tout le monde.

-Je n'ai jamais vraiment pris la peine de les couper. Ça me plaît comme cela, ai-je répondu.

J'ai attrapé mon cahier de physique dans le fond de mon sac et ai confectionné l'exercice que le professeur allait côter sur dix. La jeune fille assise en face de moi mangeait calmement son sandwich. Je sentais son regard sur moi.
Je n'ai jamais levé les yeux des calculs compliqués que je tentais de faire malgré la gêne que je sentais monter en moi.
J'avais l'habitude que l'on m'observe d'une manière insistante mais ce n'est pas pour autant que ça ne me dérangeait pas.

-Tes mains et tes ongles sont si beaux, Romuald, a-t-elle brisé le silence. J'aimerais tant avoir de si longs ongles que toi.

J'ai levé les yeux du livre et lui ai envoyé un léger sourire. Ce qu'elle disait m'allait droit au coeur et me touchait sincèrement mais néanmoins, j'avais l'impression qu'elle me jugeait en faisant ces remarques.
C'était honteux de ma part de penser qu'une personne aussi gentille que Héloïse soit mesquine mais j'y pensais et le nier serait pathétique de ma part.

Ne sachant pas quoi répondre, je lui ai montré mes longs doigts surmontés d'ongles bien entretenus. Je ne les vernissais pas, bien que l'envie soit présente et plutôt forte donc je me contentais de les bichonner.

-Vas-y, nargue-moi, je ne te dirai rien, a lancé la petite brune.

J'ai souri de toutes mes dents et ai à nouveau déposé ma grande main sur la table, dans son champ de vision.
Elle a bêtement gloussé avant de sérieusement me demander de cesser.
J'ai donc repris ma démonstration mathématique et l'ai terminée dans le même silence présent avant qu'elle ne se soit mise à me parler.

-Alors, les amoureux, ça va?, ai-je reconnu la voix enjouée de Mathias.

Ce dernier a pris place à côté de la jeune fille et lui a vivement embrassé la joue. Ils s'étaient déjà vus au matin mais étaient de très bons amis et aimaient donc beaucoup montrer leur affection.
Je ne les ai même pas regardés mais n'ai pas perdu de temps pour réagir à la phrase d'entrée de mon meilleur ami.

-Nous ne sommes pas amoureux!

-Ha oui, c'est vrai, tu aimes les hommes.

Je l'ai foudroyé d'un regard noir, rempli d'agressivité. Il n'avait pas à dire cela haut et fort sans me demander l'autorisation.
Surtout, qu'il avait tort. Je ne me suis jamais focalisé sur un seul sexe, j'aimais tout le monde.

-Oh, Monsieur Romuald est choqué!, a-t-il souri.

-Tu es minable comme meilleur ami, Mathias, ai-je froidement prononcé.

Ce dernier est venu m'embrasser la joue à mon tour et un énorme sourire ne quittait plus le bord de ses lèvres.
Ça devait faire trois ans que nous étions comme les doigts de la main et il a toujours aimé m'enrager dès que la possibilité se présentait à lui.

-Franchement, si je ne vous connaissais pas, je croirais que vous vous haïssez, a dit Héloïse.

-Mais je le hais, ai-je déclaré.

Je suis excessivement doué pour rester sérieux dans n'importe quelle situation et en disant cela, je semblais l'être. Ou du moins, je le pensais vue la peau de la brunette devenue livide.
J'aurai dû arrêter pour qu'elle se remette à respirer; elle semblait touchée par cette révélation, c'était hilarant.
Toute fois, j'ai continué à jouer et n'ai nullement perdu mon sérieux.

-Ne t'inquiète pas, Hélo, il m'aime énormément, a tenté de rassurer mon meilleur ami.

Je lui ai fait les grands yeux et espérais qu'il comprendrait ce que je voulais lui dire.
J'aurais trouvé drôle de faire croire à la jeune naïve que nous n'étions plus amis et qu'un sentiment de haine avait pris la place de l'amitié.

-Non, mais sérieusement les gars, vous vous parlez encore?

Héloïse paraissait vraiment inquiète. Elle nous regardait à tour de rôle et ses yeux, déjà grands au naturel étaient plus qu'exorbités.
Mathias a tourné la tête et a posé ses yeux foncés dans les miens. Il ne disait mot mais j'étais capable de comprendre ce qu'il essayait de me faire comprendre.
Je l'ai vu se mordre la lèvre inférieure et directement après, nous avons explosé de rire comme deux débiles.

-Vous êtes vraiment de pauvres types!, a-t-elle souri.

-Tu sais très bien que Mathias ne sait rien faire sans moi, ai-je répliqué.

Ce dernier a confirmé d'un hochement de tête. Il ne pouvait nier cela, même par fierté.
Nous nous prenons plus la tête que nous nous disons je t'aime mais ce n'est pas pour autant que notre amitié est faite en carton.

Nous avons continué de discuter durant le reste de l'heure de pause. Nous étions à trois, seulement et parlions de diverses choses à propos de l'école, surtout mais nous sommes aussi passés par d'autres sujets bien différents de notre scolarité.
Lorsque la cloche a retenti pour nous prévenir que les cours reprenaient, Héloïse a machinalement rassemblé ses affaires et a tiré une tête jusque par terre.

-J'ai biologie, a-t-elle simplement dit pour justifier son état dépité soudain.

Elle s'est ensuite éloignée en traînant les pieds, pas vraiment impatiente d'aller en cours.
Pendant ce temps, Mathias et moi nous préparions à notre aise.
Sur le chemin pour aller dans la classe d'allemand, mon meilleur ami m'a demandé si moi aussi, j'avais tant besoin de lui.

-Oui, d'une certaine manière, sauf quand tu parles aux autres de ma sexualité, ai-je sévi.

Il a souri et sans que je puisse m'en empêcher, un léger rictus est venu se former au creux de mes lèvres.



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C'est bien, bien différent de l'histoire de Rosamund.
J'ai déjà hâte devous présenter la fin de celle-ci😂

J'avoue que je n'ai pas trouvé de si bons prénoms que dans "Un corps pour deux". C'est vraiment plus basique...

J'espère que ça vous plaît!♡

Donne-moi ton corpsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant