17

1K 185 39
                                    

La longue robe vert olive de Morgane était très belle et lui allait divinement bien mais le problème était qu'Héloïse était aussi très jolie dans sa robe à volants couleur pêche.
J'aurais préféré de ne pas être confronté à ce genre de situation car évidemment, mon coeur était du côté de Morgane depuis le début mais une partie de mon cerveau ne cessait de me rappeler le beau moment que j'avais vécu avec Héloïse lors de l'anniversaire de la jolie rousse.

Avant que la soirée ne commence vraiment, je suis allé fumer une clope en compagnie de Mathias, mon meilleur ami et lui ai avoué que j'étais troublé. Que je trouvais les deux jeunes filles en question très belles et que j'étais mitigé à leur sujet, que je n'étais sûr de rien. Il s'est contenté de sourire, de rire de bon coeur. Il devait probablement trouver ma réflexion ridicule et sans aucun intérêt.

Pourtant, je m'en foutais de son avis, de sa façon de réagir. Je savais qu'il n'avait pas émis un petit rictus pour se moquer, et quand bien même c'était le cas, je m'entendais trop bien avec Mathias que pour lui en vouloir.
J'avais besoin de lui pour lui faire part du fond de mes pensées en vrac, peut-être même pour qu'il me donne des conseils à ce sujet, lui qui a tant de succès avec les filles- ma soeur en jugera.

-Sois toi-même, Romuald, a-t-il décrété entre deux respirations. Ne te casse pas le cul à essayer de parler de quelque chose qui ne t'intéresse pas; si tu as envie de lui raconter que ton rêve le plus précieux est de trouver un flacon de vernis rose écarlate, fais-le sans réfléchir. Mais par contre, si tu as envie de lui toucher les seins, embrasse-la avant.

J'ai intercepté son conseil d'un sourire radieux, trouvant ses paroles drôles et très gentilles. Je reconnaissais bien mon meilleur ami, car personne d'autre m'aurait donné de conseils pour parler de couleur de vernis ou de la façon de faire pour toucher la poitrine d'une fille qui me plaisait bien.

J'avais envie de passer la soirée avec mon meilleur ami à parler de films classiques, de filles aux courbes divines, des derniers ragots de l'école plutôt que de rester bloqué dans une salle bondée d'adolescents débordant d'hormones, surtout si c'était en plus pour porter un costume aussi hideux que celui que j'avais acheté avec ma mère. En l'enfilant, je me suis davantage rendu compte qu'il ne me plaisait pas, que je ne l'aimais pas, que ce n'était pas moi.
J'aurais donné beaucoup pour passer le reste de la soirée seul, à me contempler dans le miroir de ma chambre après avoir enfilé la robe rouge.

Mathias, lui, n'était pas du même avis que moi et mourait d'envie de rentrer dans la grande salle où se déroulait la fête. Étant donné que je ne suis que Romuald le suiveur, je n'ai pas contredit son envie et l'ai suivi jusqu'à l'intérieur.
Là-bas, il n'y avait pas encore beaucoup d'ambiance mais tous les élèves étaient présents, ou du moins une grosse partie. Certains dansaient déjà et d'autres étaient en train de boire. Si j'étais resté à l'extérieur, j'aurais été capable de deviner les personnes présentes sur la piste de danse et celles avec un verre en main. Sur six ans, les lycéens étaient devenus prévisibles et n'avaient plus rien à se cacher les uns aux autres, même sans se connaître.

Mathias s'est dirigé vers notre groupe d'amis, composé de Luis, François, Héloïse, Morgane ainsi que quelques autres étudiants dont nous sommes moins proches mais avec qui le courant passe plutôt bien. Mon ami était déjà dans l'ambiance et se dandinait sans problème, sans sentir le regard des autres sur lui.

Qu'est-ce que Mathias en avait à foutre de l'avis des autres?
Ce garçon est un mystère, un mystère que je ne parviendrai jamais à déchiffrer.
J'essayais de ne pas réfléchir à ce que les gens pensaient de moi, s'ils m'insultaient ou si je les dégoûtais avec mes cheveux longs et mon style androgyne. Tout cela était excessif, maladif et insupportable.

Tandis que je pensais à cela, Héloïse est venue vers moi, tout sourire et m'a attrapé les mains. Elle avait l'air tout aussi heureuse que Mathias et avait envie de danser, je l'ai tout de suite deviné.
Pour ma part, je n'avais aucune envie de me retrouver au beau milieu de la piste de danse, et encore moins à cette heure si peu tardive. Je n'avais rien bu et me rendais que trop bien compte de ce qu'il se passait autour de moi que pour ne pas imaginer des moqueries à mon égard. Ça a dû se sentir parce que la jolie brune ne m'a pas obligé de bouger et y est allée en compagnie de son amie, Julie.

Je me suis retrouvé seul, étant le seul paranoïaque incapable de se déhancher un minimum et ai calmement attendu que les minutes passent, assis sur une chaise en plastique. Je me sentais con, atrocement con et avais déjà envie de rentrer chez moi. De plus, mon sac à dos, qui contenait la longue robe rouge, était posé sur le sol, à quelques mètres de mes pieds. J'aurais aimé être capable de l'attraper et de me changer là, d'ôter violemment ces vêtements trop masculins qui me prenaient à la gorge.

Morgane s'est approchée de moi et s'est assise à ma droite. Elle m'a tendu un grand gobelet en plastique sans piper mot. Sa présence m'a calmé, m'a rendu beaucoup plus serein.

-Tu es amoureux de Héloïse?, m'a questionné la jeune fille de but en blanc.

J'étais en train de boire ce qui se trouvait dans le verre qu'elle m'avait donné et ai avalé de travers à l'entente de sa question. Je ne m'y attendais pas et ne comprenais pas la raison pour laquelle elle disait ça.
Je n'ai rien répondu, probablement par manque de courage mais ça ne l'a pas empêché de continuer.

-Depuis que vous avez couché ensemble dans mon propre lit, ou du moins, si je m'en souviens bien, a-t-elle remué le couteau dans la plaie, j'ai l'impression que tu n'as d'yeux que pour elle. Que tu es raide dingue de sa personne et peut-être même de son corps.

J'ai trouvé les paroles de la rousse ridicule. Si elle savait à quel point Héloïse ne m'intéressait pas, ou du moins, pas sa personnalité. Son corps était attrayant, même pour un transgenre comme moi, mais je n'en étais pas amoureux.

-Nous n'étions pas sobre, ai-je essayé de mettre les choses au clair, et on s'entend bien. Je n'avais jamais eu aucune relation sexuelle et peut-être que ce soir-là, j'en avais envie, je me sentais prêt.

C'était sincère, et très gênant à avouer. Mais je l'ai fait pour calmer Morgane, pour éviter d'avoir des problèmes avec elle.

-Je vais te dire quelque chose, Morgane mais tu me promets de ne le répéter à personne, ai-je calmement dit.

J'ai failli lui parler, comme je l'ai fait mille fois avec Mathias dans le courant de la semaine, des petits seins de Héloïse mais j'ai remarqué que mon meilleur ami me regardait du milieu de la salle et essayait de me faire comprendre, à l'aide de ses grands yeux, que c'était le moment parfait pour embrasser Morgane.

Alors, je l'ai fait. J'ai embrassé Morgane, en ne quittant pas le grand brun des yeux qui a commencé à crier victoire.

Lorsque nos visages se sont éloignés, j'ai senti quelque chose d'étrange se produire dans le fond de mon ventre. J'ai alors deviné que c'était le moment parfait.

J'ai attrapé mon sac à dos et me suis dirigé vers les toilettes, sans rien dire à personne.

____
Voilà enfin l'avant-dernier chapitre.
Pleins de love sur vous.

Donne-moi ton corpsWhere stories live. Discover now