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Les parents de Romuald avaient mal, très mal mais ont ordonné que leur fils aîné soit enterré une semaine après la découverte de son corps.

Il a été difficile pour eux de voir leur fils aîné sans vie ainsi que tous les hématomes dans son cou.
Ils ont été appelés à venir sur les lieux lorsqu'il était sûr que c'était bien Romuald, comme pour affirmer le pourcent de doute qu'avaient les ambulanciers. Toute la petite famille, maintenant composée de quatre membres seulement, est arrivée les pieds très lourds et le morale au plus bas devant la salle de fête.

Clara n'a pas lâché la main de son frère jumeau durant tout le trajet en voiture; ils avaient tous les deux tout aussi mal. Léonard était incapable de cacher ses sentiments pour une fois et de nombreuses larmes roulaient sur ses joues sans qu'il n'essaie de les retenir.

L'adolescente, elle, mourait de froid et était effrayée à l'idée de voir son grand frère adorée sans vie, avec le regard vide et les mains incapables d'attraper les siennes pour lui dire que tout va bien, que ce n'est qu'un mauvais rêve.

-Tu crois que c'est de notre faute?, a chuchoté Léo à l'oreille de sa soeur, malheureux par la situation.

Cette dernière a serré davantage la grande main moite de son jumeau, comme pour lui faire comprendre qu'il ne devait pas avoir ce genre de pensées, qu'il ne fallait qu'il croit à des conneries pareilles.

-Je pense que c'est une accumulation de choses.

La petite famille a affirmé, comme l'avaient fait tous les étudiants du lycée, que c'était bien le corps de Romuald.
Ce dernier a été enterré dans les règles de l'art une semaine plus tard. Énormément de personnes étaient présentes, car Johanna, la mère, aurait été incapable de refuser aux lycéens de venir s'ils en avaient envie.

Cela avait révolté Léonard, qui avait déjà entendu plus de mille insultes destinées à Romuald et prononcées par des faux-jetons qui ont osé pointer le bout de leur nez ce jour-là.

Mathias aussi avait envie de tout démolir lorsqu'il a remarqué des gars comme Valérien dans la foule. Ça l'avait mis hors de lui et l'idée de refaire le portrait à ces gens-là ne lui quittait pas l'esprit. Pourtant, il s'est tenu à carreaux par respect pour son meilleur ami, sa mère, son père et les jumeaux qui devaient tellement souffrir.

L'enterrement s'est passé dans le calme et une atmosphère très triste. Beaucoup pleuraient, très peu regardait le cercueil dans lequel reposait maintenant Romuald.

Ce soir-là, les membres restants de la fraterie ne se sont pas quittés d'une semelle, comme la semaine qui avait précédée la messe pour leur frère, mais avec davantage de peine.
Ils sont tous les deux allés s'allonger dans le lit de Clara, dans l'espoir de s'endormir et oublier, le temps de quelques heures, la malheureuse réalité.

Mais il a fallu que Léonard remarque un bout de papier dépasser d'un livre. Ce dernier était posé sur le bureau, à la vue de tous mais personne ne s'était encore rendu compte de la présence du papier.
Il l'a attrapé et l'a rapidement parcouru:

"Merci beaucoup pour la robe. Elle va m'emmener dans un monde meilleur, monde dans lequel je souhaite aller depuis des mois et des mois.
Je t'aime, Clara. J'aime Léonard. J'aime Papa et j'aime Maman. Dis-leur à tous les trois que je les aime tellement. Merci pour tout ce que tu as fait pour moi. Merci de m'avoir tenu en vie un peu plus longtemps. Merci d'avoir été toi.
Je remercie tellement les forces supérieures  (rigole si tu veux) de m'avoir placé dans une famille si merveilleuse que celle que j'ai eue. Souris tout le reste de ta vie".

Et à la fin, un petit coeur était dessiné de manière abstraite à côté du prénom Romuald.

C'était le seul mot que ce dernier avait laissé pour sa famille, bien qu'il avait prévu de se pendre depuis pas mal de temps. Il avait également déposé dans le paquet de cigarettes de Mathias un petit mot chiffoné sur lequel il avait maladroitement écrit un: "Merci d'être qui tu es. D'avoir été un merveilleux meilleur ami et de m'avoir toujours accepté. Je t'en suis tellement reconnaissant. Je t'aime."

Ces deux mots d'adieu ont été retrouvés à deux jours d'intervalle mais faisaient encore mal dix ans plus tard.

Romuald s'était infligé la mort parce que la société l'acceptait uniquement comme un homme. Romuald ne pouvait pas vivre avec ce mal-être qui lui bouffait l'intérieur petit à petit.

Romuald savait depuis le début qu'il était une fille.

Fin


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Ce dernier chapitre est abstrait mais nécessaire.

Donne-moi ton corpsWhere stories live. Discover now