chapitre 23

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- Stiles, sérieusement, je ne veux pas abuser de votre gentillesse.

- Lou, sérieusement, je ne veux pas abuser de ta sympathie, mais tu vas prendre ce foutu cahier premier prix absolument immonde avant que je ne le fasse moi-même et que je te renvoie à la maison pour que je puisse faire les courses en paix.

- D'accord... Dit-elle.

Elle mit le cahier dans le cadi et continua à faire les courses. Le supermarché était gigantesque et Lou restait collé à Stiles pour éviter de se perdre. Elle n'avait pas l'habitude d'être dans ce genre d'endroit immense.

- Ho, des Chocapic ! Stiles avait dit ça d'une voix aiguë avant de se jeter sur le paquet. Il l'embrassa d'ailleurs avec un sourire gaga sur le visage.

- Stiles, ce sont des céréales. Dit Lou incrédule devant l'état dans lequel se mettait Stiles pour un paquet de blé soufflé.

- Peut-être, mais dedans, il y a une lampe de poche sabre star Wars!! Dit-il d'un ton hystérique. Elle ouvrit des yeux ronds.

- Star Wars? Articula-t-elle.

- Tu ne connais pas?!

- Dans ma famille on n'était pas trop du genre à regarder des films ou quoique se soit d'autre si tu vois ce que je veux dire.

Il hocha la tête.

- Ho je vais devoir te le faire voir. Non mais c'est dingue, personne ne regarde Star Wars ou ça se passe comment?!

- Il n'y a que moi! Ria-t-elle.

- Et Scott! Il est indigne de mon amitié. Plaisanta-t-il.

Lou perdit son sourire. Sa première rencontre avec Scott avait été comment dire... mouvementé.

- C'est une blague hein. Dit Stiles en remarquant la tête que tirait Lou. Elle se força à sourire. Elle n'avait pas mesuré que si elle allait au lycée, elle croiserait Scott tous les jours. Et puisque c'était le meilleur ami de Stiles, ils devaient tout le temps traîner ensemble. Tout ceci lui sembla soudain bien compliqué...

Stiles déambula dans les rayons en attrapant de-ci de-là des produits. Lou y jetait un coup d'œil et reposait ceux qui n'étaient pas sur la liste. Des chips, des gâteaux, un jeu vidéo... Elle tenait à faire ces courses d'une façon irréprochable.

Ils s'arrêtèrent au rayon surgelé.

- Comme mon père n'est pas souvent au bureau et que je ne sais pas cuisiner, je me fais souvent des plats surgelés. Alors tu veux quoi, des lasagnes ou de riz avec du saumon? Stiles lui montra deux boites qui ne lui semblèrent pas du tout appétissantes. Ces choses se mangeaient elles réellement?

- Ni l'un ni l'autre, je sais cuisiner. Sourie-t-elle, fière de pouvoir lui montrer qu'elle savait faire quelque chose.
- Ma mère m'a appris.

- Ho super! Il sourit.
- Tu pourras me faire des bons petits plats. Ricana-t-il.

- Je te dois bien ça!

- Lou, tu ne me dois rien, compris?!

- Ho du sucre, il nous faut du sucre. Elle partit en sens inverse chercher du sucre.

- C'est ça houai, change de sujet. Marmonna-t-il en souriant.

Il poussa son cadi un peu plus loin pour aller chercher du lait.

Et c'est là qu'il la vit. C'était une femme d'une petite cinquantaine d'année, bien propre sur elle, avec une jolie tenue assortis à son maquillage et à ses boucles d'oreilles. Elle portait des lunettes rouges et essayait d'attraper un pack de lait bien trop haut pour elle.
Stiles resta là les bras ballant, incapable de bouger. Il se contentait de l'observer. Il ne remarqua même pas que Lou était revenu et qu'elle dévisageait son visage triste d'un air inquiet. La femme se retourna et son visage s'illumina à la vue de l'adolescent.

- Stiles! Elle s'avança vers lui, un sourire gigantesque collé sur le visage.
Elle le prit dans ses bras avant de le détailler du regard.

- Mme Martins, vous allez bien? Bafouilla-t-il incertain.

- Je ne t'ai pas vue depuis l'enterrement, tu ne viens plus en cours? Dit-elle en fronçant les sourcils.

- Mais ce sont les vacances...

- Ho c'est vrai! Elle éclata d'un rire sonore.
- Suis-je bête!

Stiles eut un sourire, ceux du genre qu'il se forçait à porter.

Le regard de la femme qui jusque-là, s'était concentré sur Stiles, tomba sur Lou qui regardait la scène sans savoir quoi faire.

- Mais qui est cette charmante jeune fille? Dit Mme Martins en souriant à Lou. Cette dernière le lui rendit, mais cette femme la mettait mal à l'aise. Peut être étais-ce dans sa manière d'être, de sourire ou de rire.

Il y avait quelque chose chez cette femme qui la rendait triste.

C'est comme si elle portait le poids de toutes les douleurs du monde sur ses frêles épaules. Comme si un univers de souffrance s'écrasait sur elle, la tuant à petit feu au passage, sapant ses forces.
Elle était triste à voir. Lou en aurait presque détourné les yeux, cherchant à fuir cette vision qui sans qu'elle ne comprenne pourquoi, la terrifiait.

- Je vous présente Lou, c'est une amie à moi.

- Ho! Elle sourit de nouveau, et son regard se fixa soudain sur un point invisible derrière les deux adolescents. Son sourire tomba, ainsi que ses mains. Tous les artifices qu'elle mettait en place pour faire bonne mine s'effondrèrent, laissant place à la réelle nature de son visage. Il était dévasté par la tristesse et la douleur. Une douleur qui ravageait les traits fins de son visage. Elle était détruite par le chagrin, et cela se voyait. Lou remarqua alors la coiffure étrange de la femme. Elle ne devait pas s'être brossée depuis plusieurs jours. Et la jeune fille vit aussi que la certaine Mme Martins portait une paire de chaussons rose. Il y avait quelque chose d'étrange dans son comportement.

- Hé bien ça m'a fait plaisir de te revoir! Dit-elle en retrouvant son magnifique sourire. Mais désormais, il sonnait faux sur son visage désespérément triste. Elle fit demi-tour d'une démarche gauche en fredonnant un air d'une comptine, le regard de nouveaux dans le vague en oubliant son pack de lait.

Lou sentit les larmes lui monter aux yeux.

- Qui est cette femme? Dit-elle timidement.

- La mère de Lydia. Murmura-t-il. Ils restèrent quelque minutes de plus encore à observer l'allée dans laquelle Mme Martins avait disparus.

- Viens Stiles, on y va. Elle l'attrapa fermement par le bras et le tira ailleurs. Elle comprit soudainement pourquoi elle se sentait aussi triste. Lydia voyait à travers ses yeux que sa mère était détruite. Elle voyait à quel point sa mort l'avait blessé. Mais elle ne pouvait pas l'aider. Elle s'occupait de Stiles, et c'était déjà bien.

Elle ne pouvait pas sauver tout le monde.

Lou ne le pouvait pas. Elle avait une vie à mener.

Je suis désolé...

Ce n'est pas de ta faute Lou. Ce n'est pas de ta faute.

Non ça ne l'était pas, et pourtant, elle se sentait coupable.

Parce que l'erreur est humaineWhere stories live. Discover now