chapitre 21

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Lou se tourna et se retourna dans son lit sans parvenir à trouver le sommeil. Elle finit par se poser sur le dos pour observer les étoiles par le velux. C'était une nuit magnifique. La lune était ronde et sa lumière éclairait pleinement la chambre de Lou. Elle détestait dormir dans le noir, et d'habitude elle gardait une lumière allumée. Mais là, la lune lui suffisait. Peut-être était-ce ridicule d'avoir peur du noir à son âge, mais pourtant elle ne parvenait pas à se débarrasser de cette frayeur. Son année passée dans la rue aurait dû l'atténuer, mais ça n'avait fait que la renforcer.
Il y avait toujours quelque chose ou quelqu'un tapis dans l'ombre. Et elle se sentait toujours en insécurité à l'idée que quelqu'un ne l'épie.

Elle réussit à s'endormir, d'un sommeil léger et agité.

***

-Tu ne penses qu'à dépenser de l'argent. Dès que tu en as, tu le dépenses. Tu ne comprends rien hein, tu n'es qu'une salope, une incapable!

- Ne parle pas de moi comme ça, tu as compris?! C'est son anniversaire. Je pouvais bien me permettre de lui offrir quelque chose quand même non? Notre argent passe dans ta drogue, je n'en peux plus de cette situation.

Elle agrippa Lou par la main.

- On s'en va.

Un rire rauque fusa dans la pièce tandis que Lou observait d'un air terrorisé la dispute qui déchirait ses deux parents.

- Et tu crois que tu vas aller où? Il gifla la femme, et cette dernière se retrouva au sol.

Un sourire sadique s'étala sur son visage tandis qu'il se dirigeait vers Lou, main levée, sans que personne ne vienne à son secours.

***

Lou se réveilla en sursaut dans son lit, cherchant désespérément à faire parvenir de l'air jusqu'à ses poumons. Elle se leva précipitamment et se rua dans la salle de bain pour s'asperger de l'eau sur le visage.

- Ce ne sont que des souvenirs... Rien ne peut plus m'arriver. Se répétait-elle doucement. Il lui fallut plusieurs minutes avant de pouvoir contrôler les tremblements qui s'étaient emparés de ses jambes et pouvoir faire demi-tour. Mais la terreur qu'elle ressentait ne se décidait pas à la laisser dormir. Elle quitta sa chambre sans faire de bruit, et rejoignit celle de Stiles.
Elle se sentait tellement faible...

- Stiles, tu dors? Chuchota-t-elle près de son oreiller.

- Oui... Répondit-il d'une voix ensommeillée.

- Ce n'est pas possible. Puisque tu me parles d'une façon cohérente, c'est que tu es réveillé.

- Je dormais jusqu'à ce que tu me réveilles. Qu'est ce que tu veux? Marmonna Stiles sans ouvrir les yeux et sans bouger.

-J'arrive pas à dormir.

Stiles se frotta les yeux avant de se redresser. Il la dévisagea quelques instants, partagé entre l'envie de lui jeter un oreiller au visage pour l'avoir réveillé ou aller l'aider.

-Non tu sais quoi rendors toi. Désolé de t'avoir dérangé pour rien.

-Attends.

Il baya à s'en décrocher la mâchoire avant de la regarder cette fois totalement éveillé.

-Je crois que j'ai des somnifères si tu veux.

Lou hocha timidement la tête, se disant que ça ne pouvait que lui faire du bien.
Le brun lui tendit une boîte qui traînait sur sa table de chevet, et elle se saisit de deux cachets.

Il ne savait plus où il en était, partagé entre deux réalités qui s'entrechoquaient dans sa tête en créant un bordel pas possible. Il laissa son regard glisser sur le corps de Lou, conscient de ce qui était en train de se passer dans son esprit sans pour au tant l'accepter.
Il se passa une main dans les cheveux, gêné par la situation. Lou assise en tailleur sur son lit lui rendit la boîte, elle aussi sentant le malaise qui se propageait. Pourtant, elle n'avait aucune envie de s'en aller.
Elle n'avala pas les médicaments, les gardant dans son poing fermé.

-Je crois qu'on est complétement cons.

-Pourquoi tu dis ça?

Elle s'allongea sur le lit par dessus la couette, tournée vers le visage du garçon.

-Parce que, quel adolescent censé recueille chez lui une inconnue, et quel fille encore plus stupide accepte de le suivre?

Stiles était sur le point de répliquer quelque chose, mais elle ne lui en laissa pas le temps.

- Je sais ce que tu vas dire. Mais je veux juste que tu entendes que je te suis désormais redevable à vie. Même si tu te rendras bien vite compte que c'était une grossière erreur de m'avoir fait entrer dans ta vie.

Ils se devisagèrent en silence, perdu dans l'immensité de leur pupille, perdu dans l'avenir qu'ils s'étaient mutuellement offerts.
C'était vraiment stupide, leur vie était vraiment stupide. Mais maintenant qu'ils avaient fait tout ce chemin, ils se voyaient mal tout abandonner. Alors ils restèrent l'un à côté de l'autre dans le lit, laissant le sommeil alourdir leurs paupières déjà imprégnées de fatigue.

-Je ferais mieux de retourner me coucher.

-Lou?

Elle se retourna sur le pas de la porte, tenant la poignée dans sa main gauche.

-Merci. Merci d'être là.

Elle eut un petit sourire triste, avant de quitter définitivement la chambre, rejoignant la sienne le cœur lourd.

Elle avala les cachets après une petite hésitation.

Lou avait juste besoin de dormir et de ne jamais se réveiller.

***

Le lendemain, elle prit un plaisir tout particulier à choisir ses vêtements. Elle n'était pas coquette, juste contente d'avoir le luxe de sélectionner les habits qu'elle voulait porter.

- Je peux utiliser la salle de bain? Demanda-t-elle à Stiles en le croisant sur le pas de sa porte.

- Bien sûr, vas-y. J'irais après toi. Lou le remercia d'un hochement de tête et s'enferma dans la salle d'eau. La première chose qu'elle vit fut le bain. Un beau bain, qui ne demandait qu'à être rempli. Elle fit couler l'eau et se glissa dedans en savourant ce moment. Elle ne se souvenait pas de quand remontait la dernière fois qu'elle avait pris le temps de profiter de l'eau chaude et de ses bienfaits. Elle ferma les yeux et se glissa entièrement dans le bain, laissant l'eau lui recouvrir le visage. Quand elle était plus petite, sa mère et elle prenait souvent des bains ensemble.

Elle aurait voulu retrouver ce temps d'innocence et de joie.

Mais désormais, il lui fallait avancer et prendre sa vie en main.

Elle sortit du bain et se sécha.

Elle ne pouvait pas dire qu'elle était heureuse, mais elle ne pouvait plus nier le fait qu'elle se sentait mieux.

Elle allait mieux.

Parce que l'erreur est humaineWhere stories live. Discover now