S01 - EP 27 ► part VIII

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*Mise à jour : mai 2019*

ÉPISODE 27 - (partie 8/8)

— T'es en avance, remarqua Rey.

Red le rejoignait à l'accueil, en venant de l'intérieur de l'établissement.

— Mais non, mignon. Je suis venu réserver.

— C'est le genre de chose qu'on fait au téléphone. Et je l'ai déjà fait, genre, au téléphone.

— Mais oui, mais oui. Va donc annuler au lieu de jouer les grands. On a perdu son pucelage il y a un an, à tout casser, et on s'y croit. La White snow nous attend.

Rey ne releva pas la pique. Il l'avait perdu à quinze ans ! Mais protester soulignerait sa puérilité. Sa réservation annulée, il apprécia le choix de la table. Red l'y conduisit et une surprise l'accueillit.

— T'as vu, Dean, il s'est mis sur son trente-et-un.

— Le costume lui sied à merveille, apprécia l'aîné. Cela dit, je préfère quand il fait son âge avec ses jeans et son look punk. Quel bon vent t'amène, Rey ?

— Euh... bah...

Pris de court par le sourire de Dean, Rey venait encore d'avoir cette vision perturbante d'un Rudy plus vieux de dix ans. Le voyant déglutir, Red compatit. Lui aussi perdrait son latin face à tant de charme. Dean semblait dans son élément, dans ce cadre huppé. Cet homme possédait trop de visages. Cela le rendait imprévisible. Impossible d'anticiper ni poser ses actes en présumant de ses réactions. Red se félicita. Il avait été inspiré de l'inviter en même temps que Rey.

— Il faut une chaise supplémentaire, nota Dean.

— Euh non, pas besoin ! se récria Rey. (Il devait sonner une retraite urgente.) Je vais vous laisser...

— Mais non, l'arrêta Dean. Ça fait longtemps qu'on ne s'est pas vus. (Son regard « on doit discuter » fut non négociable.) Installe-toi, je vais arranger cela.

Dean lui céda son siège et se dirigea vers Sam. Rey s'installa, la mort dans l'âme.

— Je croyais avoir été clair ! siffla-t-il.

— Je suis au Palazzio, sans faute. Tu m'as jamais spécifié de m'y rendre seul.

— Avec un peu de jugeote tu l'aurais compris !

À son énervement, Red servit un sourire de poseur. Les paparazzis et journalistes infiltrés auraient les clichés de leur vie. Le Palazzio était un repère des médias people. De nombreux scoops et scandales y voyaient le jour. Le bar y trouvait son compte. Les chroniqueurs de magazines ou émissions télé y avaient libre accès, sous la condition de ne pas importuner la clientèle de jet-setteurs. En contrepartie, l'établissement récupérait un pourcentage financiers ou promotionnel des retombées médiatiques des bons ou mauvais buzz de la presse à sensation.

Rey le savait-il ? Le garçon avait échappé aux griffes de Wassup'Mag® – fait curieux –, mais sa chance ne le sauverait pas cette fois. Red aurait aimé balayer ses scrupules, cependant, un élan de magnanimité le poussa à prévenir le gamin.

— Rey, sais-tu que demain, tu seras dans les journaux ?

— Décidément, tu m'évites de longues explications.

Le sourire de Rey n'atteignit pas ses yeux. Son plan ne tombait pas complètement à l'eau. Mais il devait se dépêcher, Dean rappliquait.

— Écoute. Je peux me procurer le dossier de mon père sur ta propriété. En échange, je veux que tu me fasses passer pour ton nouveau mec, ici et maintenant.

Une chaise leur fut apportée, coupant la réponse de Red. Dean les rejoignit.

— Que prends-tu ? demanda celui-ci au plus jeune.

— Un cocktail, concéda Rey. Une Blue Breeze.

Dean s'interrogea sur le silence de Red. Ce dernier avait subitement perdu sa bonne humeur. Dans son petit chemin de vie qu'il espérait avoir longue, Red s'était juré de ne jamais jouer avec les sentiments d'autrui. Il savait d'expérience les ravages de ce jeu malsain. S'il portait un masque, ses émotions restaient véridiques. De temps en temps, il semait le faux pour récolter le vrai, mais pas dans une démarche de duplicité.

Or le garnement en face de lui s'engageait sur une mauvaise pente. Une petite leçon s'imposait. Même si, pour cela, il ferait une entorse à ses principes. Rey apprendrait qu'au jeu des embrouilles et des emmerdes, Red Kellin portait le titre d'emmerdeur de première.

Feindre un couple devant tout le monde... Et puis quoi encore ! Certes, le garçon disposait de beaux atouts. Mais dans la présente situation, personne ne croirait en cette farce. Sur un plateau : un blond à se damner aux yeux couleur lagon, sur l'autre : un éphèbe d'un brun ténébreux. La balance de Red Kellin penchait du côté de l'évidence. Nom d'une diva, il tenait au fétichisme attribué par son image décadente.

En outre, il avait juré à son père de ne plus étouffer la voix de son cœur. Il respectait ce serment, même lorsqu'elle lui dictait des conneries... Pour le coup, il présenterait ses sincères excuses à Rudy. Le fils de Dean n'apprécierait pas ce qu'il verrait prochainement dans les journaux ou sur internet.

Red se pencha vers l'homme désormais assis à sa droite. Figé par la surprise, Dean vit les lèvres du chanteur se rapprocher, murmurer « désolé », et rencontrer les siennes. Son réflexe de recul lui fit défaut. Sans doute parce que ses connexions neuronales s'étaient mises en stand-by, inhibées par la supplique dans les yeux de Red, ou par leur intensité hypnotique. À présent, les yeux d'ambre se voilaient sous de longs cils, comme le baiser s'éternisait.

*o*o*

TBC ► EPISODE 28


╬MEDIA ╬
Intro video : Three Days Grace - Over and Over. Des lyrics que dirait bien Red.

So many thoughts that I can't get out of my head
I try to live without you, every time I do I feel dead
I know what's best for me
But I want you instead
I'll keep on wasting all my time
.
Over and over, over and over
I fall for you
Over and over, over and over
I try not to
Over and over, over and over
You make me fall for you
Over and over, over and over
You don't even try to

HOT CHILI - saison 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant