S01 - EP 19 ► part IV

5.5K 477 61
                                    

*Mise à jour : avril 2019*

ÉPISODE 19 - (partie 4/6)

Dans un autre bras du même couloir... Dean tombait nez à nez avec la dernière personne qu'il aurait souhaité rencontrer. Pourquoi occultait-il à un moment pareil que Jonathan était un cafteur de première catégorie, qu'il ait sept ans ou vingt de plus !?

— Où est-il ?

Pour toute réponse, Dean se contenta de regarder son interlocuteur dans les yeux. Il ne donnerait pas satisfaction à cet homme. Cette manie de poser des questions implicites l'avait toujours enragé. Une énième façon qu'avait Vince Leblanc de marquer sa suprématie.

Cet individu souffrait du complexe de la prescience. Vince aimait laisser croire qu'il savait tout, jusqu'à vos moindres pensées. Sans doute s'en était-il convaincu lui-même. Irrité, Dean tergiversa. Passait-il son chemin ? Contrairement à sa rencontre avec sa mère, il s'en délecterait. Il ne fournirait pas le plus petit effort.

Mais le défi dans le regard de Vince l'arrêta. Ce dernier anticipait sa réaction de fuite et aiguisait déjà une réplique en conséquence. Par esprit de contradiction, Dean décida de poursuivre cette conversation loin de l'agréer.

Revoir son géniteur après tant d'années l'amena à se demander pourquoi il lui en voulait à ce point. Il ne se rappelait même plus l'intitulé exact de leur inimitié. Peut-être parce qu'elle n'en avait jamais eu. Il s'agissait d'un tout. Sa seule certitude : la réciprocité de cette animosité viscérale. Il ne souffrait pas la présence de Vince, et celui-ci le lui rendait bien.

Malgré tout, Dean tenta de trouver réponse à son interrogation. N'avait-il pas fait le choix, ce soir-là, d'affronter ses démons ? Un retour aux sources, une rencontre avec le passé l'attendait. Pour comprendre ce qui avait merdé, jadis, et pourrissait le présent, en avortant toute perspective d'avenir.

*o*o*

Pour saisir l'essence d'un Leblanc, il fallait obligeamment le remettre dans le bon contexte. Les Leblanc étaient le peuple d'en haut ; clan influent de la haute aristocratie, une jet-set au-dessus de stars plus renommées que les Beat'ONE.

La jet society avait vite été banalisée en VIP ou vulgarisée en people. Bien qu'il existât une promiscuité entre ces différents statuts sociaux, les Leblanc dissociaient la célébrité à la caste bien née. La famille Leblanc se voulait l'image de la société raffinée, bien éduquée. L'élite, par opposition aux petites gens, au peuple. Leur art de vivre s'éloignait de celui des jet-setteurs. Si les nouvelles générations semblaient bafouer ces valeurs puritaines, les anciennes qui veillaient au grain.

Au statut social, s'ajoutait le statut économique. Le patronyme « Leblanc » s'assimilerait aujourd'hui à une marque déposée, s'ils ne s'étaient pas « amusés » à glisser dans l'idée populaire le vocable anglais « White ». Tout le monde connaissait la White chain et tous ses maillons visibles. Du plus nanti au plus démuni, des médias aux politiques, des adultes aux enfants. Nul n'ignorait la dénomination générique du business mené d'une main de maître par le clan Leblanc.

Leur devise, « Now, for perennity. », résumait leur philosophie. « Maintenant, pour la pérennité », car toute entreprise Leblanc s'inscrivait dans le présent et impactait sur le futur. Ils se gaussaient d'être un paradoxe : des avant-gardistes d'actualité !

L'éminente famille comptait parmi les premières à s'être établies sur la Côte Est, il y a un peu plus de deux siècles, et à élever la ville de Balmer à la place de capitale économique et mégapole touristique. En contrepartie, le littoral balmerien – ses nombreuses baies, ses estuaires et ses golfs –, avait contribué à l'essor d'un business familial sur lequel peu auraient parié.

HOT CHILI - saison 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant