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Les semaines étaient horriblement longues. Toutes semblables, je trouvais le temps monotone et je ne saurais réellement capable d'indiquer la date actuelle. Cela faisait un moment que j'étais enfermé ici, prisonnière mais je ne saurais être en mesure, ni très certaine d'indiquer la date.

Mais il devait s'être passé de longues semaines.

Marthe arrivait toujours, à l'aide d'un moyen ou d'un autre, de m'aider à faire passer le temps, mais il restait tout de même assez ennuyeux.

Alors nous lavons le linge, le plions aussi, j'astiquais les sols et les poignées de portes, j'ouvrais et rabattais les rideaux pour tenter de donner un peu de vie à ce château mais à vrai dire je commençais à douter qu'il y en ai même une once d'existence.

Je n'allais jamais plus loin que la court derrière le château, où y poussaient quelques aromates, bien étonnant que quelque chose pousse ici d'ailleurs. Et je prenais l'air.

Je ne voyais plus le Maître Styles, ou très peu du moins. Mais je savais qu'il rodait toujours quelques parts, qu'il espionnait mes moindres mouvements. Pour cela, je n'allais plus dans le jardin quand bien même y était horriblement tentant de s'y promener.

J'évitais tout repas en présence du Maître des lieux, et attendait simplement, caché, qu'il sorte enfin de ses lieux pour aller manger à mon tour avec les autres domestiques. Dont la présence m'était bien plus agréable que la sienne.

Il ne c'était jamais excusé.

Les domestiques étaient assez rares en effet. Je connaissais maintenant assez bien Marthe, qui semblait la plus courageuse et la seule qui puisse encore concevoir que le château soit un lieu bon et agréable à vivre. Je côtoyais le vieil homme à la montre gousset, qui se nommait George et me lavais appris quelques temps auparavant. Il y avait quelques femmes, fatiguées par l'ennui et l'ombre, qui étaient toute fois encore assez jeunes, bien qu'il soit tout de même trop tard pour pouvoir leur souhaiter un mariage heureux. Et le palefrenier qui se joignait à nous chaque soir.

J'ignorais jusqu'alors que le domaine comptait une écurie, et pour cause j'appris qu'il ne restait que très peu de chevaux et tous très fatigué. Trop, pour pouvoir les monter. Ainsi l'homme d'un âge incertains s'occupait d'un tas d'autres broutilles dans le château, qui devait tomber en miette. Son art favori étant d'allumer les bougies et cierges des lieux. Si bien que tous riaient de lui et le surnommaient Lumière.

J'aimais assez cette idée, et je comprenais particulièrement cet homme. Tout comme lui, j'aimais apporter un peu de clarté entre ses murs, peut-être essayons tous deux de nous convaincre qu'en en apportant à l'intérieur nous pourrions nous sentir aussi libre qu'en dehors.

Évidemment cette idée était fausse. Mais nous aimions le croire.

« Quel jour sommes-nous pensez-vous ? avais-je demandé à Lumière lorsque je l'aidais à allumer la salle du repas.

- Lundi, ou peut-être mardi. Avait-il répondu dans un chuchotement.

- Comment pouvez-vous en être sûr ? L'avais-je questionné.

- Je n'en sais absolument rien Mademoiselle, mais avons-nous vraiment besoin de le savoir ? Donnez-vous la date qu'il vous plaira et vous finirez par en être persuadée. »

Et il avait raison. Alors je tentais de compter les jours de la sorte, si bien que je voyais rapidement le premier mois passer et les quelques semaines qui suivirent ensuite.

Un supposé jeudi, je portais le linge blanc pour Marthe jusqu'à la lingerie, puisque la pauvre femme souffrait d'un mal au dos et ne pouvais le faire elle-même. Quand tout à coup nous avons aperçu le Maître marchant dans le même couloir, en face de nous.

La Belle et La BêteTempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang