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Nous avions coutume de préparer des tables d'indigestions, des bouchers de merveilles et d'exploration de papilles. Il s'agissait davantage de beautés que de délices puisque nous nous régalions d'abord du regard des joies du réveillons et des senteurs féeriques qui nous ramenaient aux prémices de notre enfance. Noël.

Malheureusement la pauvreté faisant, nous avions perdu notre magie et ces rêves qui l'accompagnait, nous mangions au possible et fêtions quand nous le pouvions. Mais jamais l'amour, contrairement à la religion peut-être, ne s'était éteint.

« Êtes-vous certaine que nous puissions continuer l'organisation Mademoiselle Belle ? me demandais Madame Lansbury lorsque la journée fut encore jeune.

– Absolument, d'ailleurs je pense que cela fera beaucoup de bien à Monsieur de participer au réveillon ce soir.

– Je suis de votre avis, mais est-il à jour de cette nouvelle ? Il n'a pas autorisé les festivités de noël depuis bien des années maintenant.

– Faites-moi confiance Marthe, je sais que cette soirée sera la plus belle de ces derniers mois. Voulez-vous bien superviser la cuisine ? Je m'en vais chercher un sapin pour la grande salle ce soir. »

La vieille femme hochait la tête avec joie et nous disparurent en même temps, j'étais partis me chausser malgré des souliers qui perdaient de plus en plus leurs teneurs. Et ne trouvant pas de quoi me couvrir je disparue dans la neige en robe de jour. Le froid était mordant et couvrait ma peau d'innombrable frissons qui rendait douloureux les ecchymoses encore présentes.

Je m'étais équipée d'une petite hache trouvée dans un cellier et m'en allais au fond du jardin près du petit bois chercher un sapin digne des festivités qui nous attendaient dans la soirée. Mais voilà, j'étais bien peu menue bien que mon long séjour m'avais permise de prendre chair et de blanchir ma peau, ainsi il m'était déjà bien difficile de dire si j'allais être capable d'achever ma tâche.

Mais, gelée, trempée de tout mon être et les membres engourdis je continuais de m'enfoncer dans le bois où les chênes et les immenses sapins m'enlaçais. J'avançais à petit pas dangereux le regard vaquant aux différentes branches et épines qui se dénonçaient sur mon chemin, je recherchais le petit arbre parfait.

Je n'en désirais point un gros, ni un grand. Je souhaitais un petit sapin touffus, assez fort et solide pour tenir les lourdes décorations que j'avais fabriquée avec de petit brindilles et détritus, pour les transformer en guirlandes et boules de noël assez singulière.

Ce ne serais, de toute façon, jamais un noël ordinaire. Mais s'il pouvait être d'un semblant agréable et joyeux il serait certainement le plus beau de ces dernières décennies. Quoi que mes dernières festivités d'hivers eussent été confortables ces dernières années, malgré certains troubles, mais je doutais que le Maître et son château figé avait connus quelconques joies durant ces périodes froides.

Et, égoïstement, je voulais rendre mon enfermement un peu moins triste et monotone.

« Que faites-vous dehors par un froid pareil ?!, me questionnais une sourde voix tout près derrière, qui me fit sursauter jusque dans mon cœur frigorifié. »

Etonnement, quoi qu'il soit dépourvu de surprise, Harry se tenait à quelques mètres derrière moi entre deux arbres sombres. Il se tenait grâce à une canne qui lui avait été imposé par un domestique, et serrais un long manteau qu'il avait dû enfiler en vitesse en sortant, puisqu'il n'était pas boutonné et retombait sur lui d'une telle manière qu'il laissait voir que sa chemise n'était plus aussi bien rangée qu'auparavant et que même s'il le niais, sa douleur devait être plus forte encore.

La Belle et La BêteOnde as histórias ganham vida. Descobre agora