IV

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Je me tenais lamentablement droite, devant la porte qui enfermait la salle du repas et l'affreuse Bête qui m'y attendais. Je ne voulais pas y aller. Je ne saurai dire si c'était la peur, ou peut être la rage qui m'en empêchais. Mais tout me donnait l'impression que je devais partir à tout prix, de suite.

Mes cheveux me grattais, car Marthe avait eu la ferme intention de m'apprêter joliment et de manière à ne pas ' offusquer ' le Maître. Je portais une robe plus luxueuse que je n'en avais jamais eu l'occasion d'en porter de toute ma jeune vie. Mais elle était fort peu confortable.

« Vous ne comptez tout de même pas rester devant cette porte toute la soirée ?, demanda une voix cinglante derrière moi.

- Non. En faite je l'aimerai voyez vous, répondis-je au vieil homme que je redécouvris. »

C'était le même homme qui m'avais conduit pour la première fois devant cette porte. Il n'étais pas plus souriant que la fois précédente d'ailleurs. Cependant il paraissait encore plus vieillit et courbé que la fois dernière. Dans sa main il tenait une incroyable montre à gousset, elle était imposante et le bruit des aiguilles était écrasant. Je pensais avoir surement aperçu une horloge comparable à celle-ci dans une ville plus lointaine. Il se pinça les lèvres et me regarda en hochant la tête.

« Nous avons tous entendu votre petite discussion vous savez, il ne souris pas plus. Et même si je comprend toute à fait la situation dans laquelle vous vous trouvez, sachez que si vous n'entrez pas dans cette pièce pour partager son repas. C'est probablement au cachot que vous finirez vos jours. »

J'hochais la tête à mon tour. Alors il pinça les lèvres, ou peut être était-ce un sourire. Et il toqua à l'immense porte. Quand nous entendîmes tout deux un grand et fort « Oui. » je pris les plis de ma robe dans mes mains, et la serra. Tandis que le vieil homme poussa la porte d'une main fatiguée.

Dans la salle, identique à la fois dernière, brûlait encore un feu dans la cheminée. Des ombre lueurs se reflétaient sur les murs immenses et réchauffaient la pièce dont l'atmosphère était affreusement lourde et pesante.Devant moi, en pleins milieu de la pièce était posé la longue table à laquelle était assis le Maître, au bout, sur son immense chaise.

Il ne se leva pas, ne me regarda pas et ne me salua pas non plus d'ailleurs. Alors j'avançai doucement jusqu'à ma chaise, le seul bruit de mes talons raisonnaient sur le parquet en bois très ancien. Je tirais ma chaise moi-même, en face de l'homme. Loin de lui. J'attendis un long moment il me semble, avant qu'enfin il claque des doigts froidement et fasse accourir deux jeunes domestiques. Des femmes dont j'ignorais l'existence, bien qu'il semble que j'ignore beaucoup de chose de la vie de ce château. Elles le servirent automatiquement, puis virent me servir à mon tour.

« Je vous remercie,ai-je dit d'une voix à peine audible.

- Ce sont des domestiques. On ne remercie pas les domestiques, grogna le bouclé. Je vois que vous n'avez jamais été éduqué. D'où venez vous au juste ?

- D'assez loin d'ici cher Monsieur, répondis-je méchamment, un endroit où on apprend le respect aux hommes, comme aux femmes.

- Un endroit où l'on éduque les femmes ? Alors de quel pays venez vous donc ?, me questionna t-il très condescendant.

- Vous êtes un monstre. »

Le sombre bouclé releva automatiquement la tête et me lança un regard glaciale, alimenté par le feux du brasier qui se consumait près de lui. Il serra une fois de plus la mâchoire et avala son morceau de viande.

« Vous n'êtes pas en droit de vous adresser à moi de cette manière, d'ailleurs vous ne devriez pas même être en droit de vous tenir à ma table et partager mon repas. Vous devriez me servir.

La Belle et La BêteOn viuen les histories. Descobreix ara