XI

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Le sommeil n'avait pas été long à m'atteindre, à peine allongé sous l'immense amas de couverture je m'étais assoupie. Je ne me souviens même pas avoir rêvé, ni m'être réveillé en pleins milieu de la nuit à cause d'un cauchemar tordant. J'étais si exténué que je n'avais pas pris le temps de peigner mes cheveux ni même de retirer l'épingler qui les retenais. Lorsque je me suis réveillé le jour de noël, le soleil était déjà bien haut et la neige avait décidé de nous faire grâce en ce jour bénis. Il faisait un temps magnifique même si le froid était insupportable.

Je ne m'étais pas longtemps attardé la veille, après la disparition du Maître il ne m'avait fallu que quelques dizaines de minutes avant de sentir la lourdeur de mes paupières peser sur mon regard, je m'étais simplement excusé auprès de mes congénères et il m'avait bien sûr pardonné mon état de fatigue. Tous étaient éméchés ou suffisamment entraînés par leur danse pour ne pas s'offusquer de mon absence.

Ainsi j'avais passé la plus belle nuit que j'eus connu depuis mon arrivé au château. En me redressant sur l'oreiller j'avais aperçu le paquet qui cachait les magnifiques présents que m'avait offert le Maître, il me prit l'envie pressante de les enfiler sur le champ et d'aller explorer le jardin du domaine emmitouflé de neige, mais je savais que cela n'était pas raisonnable et que le froid aurait rapidement un impact sur ma santé.

Quand trois petits coups secs frappèrent contre ma porte je savais que Marthe était déjà levé et s'apprêtait à me mettre en état. Elle n'attendit pas mon consentement et entra dans la chambre.

« Comment vous sentez-vous Mademoiselle Belle en cette belle journée ? me demanda-t-elle avec entrain et une jolie voix sifflotant.

– Je vais bien merci infiniment, bien que je me sente encore quelque peu endormis.

– Oh je crois bien que tous les habitants de ce domaine se sente comme vous Mademoiselle, toutefois je suis très heureuse que le Maître est acceptez ces festivités car j'y ai pris beaucoup de plaisir !

– J'en suis toute aussi ravie. Et j'aimerai tant pouvoir revoir toutes ces personnes avec un sourire aussi joyeux sur leurs visages, ce fût une soirée très plaisante je m'en suis réjouis.

– J'aimerai que toutes vos journées soient comme ça à présent Mademoiselle.

– Aussi festive non, ou alors mon corps ne suivrais plus et je ne serais que sommeil. Mais aussi joyeuse, je l'aimerai oui en effet. Il ne manquait qu'une chose, même si au long du réveillon je n'y pensais même plus.

– Votre famille je présume ?

– En effet. »

Nous en étions restés sur ces paroles, je pense qu'aucune de nous deux ne voulait noircir cette belle journée. Mais le fait était qu'à mon réveille je m'étais abruptement demandé s'il ma famille avait été aussi joyeuse que moi, s'ils avaient réussi à manger ce soir-là et s'ils n'avaient pas ressentis trop de peine. Je regardais mon lit et mes draps avec beaucoup de d'égout en me remémorant que chaque soir je sautais dans ce lit avec le plus grand bonheur du monde, tandis qu'Anna devait se coucher dans le sien, le nôtre, seule et la peur au ventre.

J'espère qu'elle ne se reproche pas l'incident de la rose, qui est pour moi déjà oublié, qu'elle ne m'imagine pas malheureuse ou le corps mort gisant sur le sol. Parfois j'aimerai savoir, être une souris, un insecte ou obtenir un moyen de les voir au moment même où je pense à eux, un miroir sur le monde en somme.

« Vos cheveux sont dans un drôle d'état, mais nous parviendrons bien à en venir à bout n'est-ce pas ? dit-elle lorsque nous étions toute deux positionnées devant la coiffeuse et que retirant les quelques épingles restantes elle tentait de me brosser. »

La Belle et La BêteWhere stories live. Discover now