XIX

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Quand je suis parti mon futur beau frère avait quitté la maison après s'être occupé de sa fiancé qui avait manqué de défaillir à moulte reprises. Edward m'avait assise devant le portillon de la maison, caressé allègrement ma joue et replacé mes mèches brunes désordonnées. Lloyd est arrivé avec un sac en toile, tout essoufflé, j'avais déjà acquiescé.  

" Je pense qu'il serais plus sage que tu partes quelques temps Belle, peut-être retourner chez ton ami le Comte ou trouver une chambre au village juste le temps que les choses se calme, me proposa Lloyd la voix tremblotante.
- Tu as raison, répondis-je en hochant la tête fébrilement. 
- Je t'ai mis de quoi prendre une voiture dans le baluchon, ou acheter des provisions. 
- Merci, c'est adorable, j'empoigna le sac d'une main blafarde et vieillit. Je ne sais pas encore ce que je vais faire, ni où j'irais. Mais quand j'y serais je vous enverrais un courrier, j'espère que vous pourrez me donner des nouvelles. 
- Absolument Belle, répondis Edward en prenant mon visage en coupe et baisant mon front. 
- Et excusez-moi auprès d'Anna, s'il advient que je ne peux pas y assister. "

Ils acceptèrent. 
Or, je ne savais pas ou aller ni vers qui me diriger. J'étais orpheline de mère, la réciproque était presque effective du côté de mon père et je n'avais aucune famille autour d'eux. Je ne pouvais pas me diriger vers le Comte, ni madame Lansbury d'ailleurs. Je leur devais déjà beaucoup trop, et la relation que j'entretenais avec ces personnes était en grande partie, voir totalement, la cause de ma déchéance. J'étais donc seule dans le froid et la pénombre, le long manteau de Charles et le sac en toile des garçons sur le dos. 

Peut-être Anna refusera-t-elle de me revoir, à présent que j'avais tout loupé des -meilleures- années de sa vie. J'ai volontairement décidé de rester au château lorsque nous y étions tombés, je lui avais ordonné de fuir, de rentrer chez nous par tout les moyens et de m'abandonner avec ma cheville endommagée et cette voix effrayante en fond. Mais en faisant cela, même si je restais toujours convaincu de mon bon choix, je ne l'avais pas vu grandir, je n'avais pas assisté à la cour semi amoureuse que lui avait faite Postiche et j'aurais grandement aimé l'entendre et la voir tomber amoureuse. S'il s'agit bien de ça. Et à présent je ne serais certainement pas là pour assister à son mariage, l'unique moment de sa vie où elle aurais eu besoin de moi, d'une femme de sa famille. 

Mère ne sera pas là pour la voir dans sa robe, elle ne pourra pas lui donner 'la conversation', et je ne crois pas être en mesure de lui donner non plus. Elle n'aura personne avec qui se réjouir de sa première grossesse, personne avec qui se morfondre ou prendre peur. 
Et je louperais certainement tout ça.

*


J'empreintais toujours les routes les plus clairs et les plus traversées, entre nous ce ne sont pas les occasions de se faire éventrer qui manquais par chez nous. Et une jeune femme seule dans les bois ne manquerait pas de les attirer, ni le bruit des quelques pièces qui s'entre-choquaient dans mon pochon. 

J'étais monté dans une voiture qui m'avais mener dans un petit village charmant à quelques milles de mon ancien logis, en direction du Sud. Une charmante femme m'y avais offert le coucher et avait proposé de nettoyer mes habits pour mon départ le lendemain matin, nous avions ensuite longuement parlé, de sa vie, de la mienne.
Tout en restant très évasive sur les raisons de mon voyage, elle m'avait conté que la cousine d'une sœur, du frère d'un voisin et cetera était un jour tombé folle amoureuse d'un soldat français, qu'elle avait épousé et suivit dans son pays natal. Au fur et à mesure j'avais appris que la jeune femme avait vécu une vie merveilleuse avant de mourir du choléra -de faite l'histoire n'étais pas si jeune-, mais que le France à travers les lettres que la jeune femme envoyait régulièrement, semblait être un fabuleux pays. Outrageusement composé de romantisme, gastronomie, invention et idées folles, nos voisins français représentaient dans la bouche de cette femme le fleuron de la réussite actuelle. 

La Belle et La BêteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant