Chapitre 27

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Elina

Personne ne parla. Il n'avait pas dit qu'il s'était réveillé, seulement qu'il avait été ramené à sa chambre. Qu'est-ce que ça voulait dire ? C'était forcément positif, non ? Alors pourquoi il avait l'air si inquiet ? Pourquoi personne ne parlait ? J'étais paralysée, tétanisée, à l'idée que mon vague espoir n'est rien fait d'autre que nous porter malheur. Je n'arrivais pas à avancer. J'avais peur de ce que je verrai, de ce que j'avais fait...

Je regardais le sol, le regard vide. Je ne comprenais même pas comment je pouvais encore tenir debout alors que je n'envoyais plus aucun ordre au reste de mon corps. Je sentis Maria me prendre par la main, me sortant de mes pensées, me faisant revenir parmi eux. "On y va ?" me demanda-t-elle doucement. Je fis oui de la tête, je la regardai. Elle se mit à avancer en tournant le regard et me fit avancer avec elle. Les garçons marchaient devant nous. J'apercevais Mike et Anna nous rejoindre. 

Anna me rejoignit directement. Elle entoura ma taille, m'enlaça, me frotta le dos en me demandant comment j'allais. J'allais bien. Physiquement, j'allais bien. Le mal-être était ailleurs. Alors je ne parlais pas, je me remis seulement en marche.

On finit par rejoindre ce qui était apparemment la chambre de Julian. Elle n'était pas loin de la mienne, mais le trajet me semblait durer une éternité. Le médecin qui s'occupait de lui était devant la porte et parlait avec une infirmière. Il la salua quand il nous vit arriver. Elle lui tendit un papier et s'en alla. Aucune expression ne pouvait se lire sur son visage. Il était impassible, sérieux.

Andrew se présenta au médecin. Il nous présenta. Je ne bougeai pas. Je ne parlais pas. Il lui serra la main et entra dans la chambre. La porte ouvrait sur un petit couloir qui contenait la porte vers la salle de bain. C'est tout ce à quoi je pouvais faire attention pour le moment. Rien que l'idée de voir Julian, allongé, sur ce lit... C'était une réalité à laquelle je ne pouvais pas me confronter. 

Tout le monde était devant moi à écouter le médecin parler et à le suivre, je restai derrière volontairement. Ils s'arrêtèrent. Je m'arrêtais aussi. Je n'écoutais plus rien. Je regardais le sol. J'avais besoin de me concentrer. Je sentais mon estomac se nouer, je ne me sentais pas bien. J'avais l'impression que mon corps pouvait lâcher à tout moment. J'avais envie de vomir. Une sensation étrange se logeait dans mes lèvres. J'étais trop anxieuse à l'idée de faire face à tout ça. 

"Ça va aller ? Tu es pâle... Tu veux retourner à ta chambre ?" me demanda Ryan doucement en se mettant à côté de moi. Je fis non de la tête, je ne pouvais certainement pas laisser Julian ici, seul. Je n'étais pas prête à relever le regard, mais je devais le faire. 

Le médecin parlait toujours, je ne l'écoutais pas. Il prenait le temps de répondre aux questions concernant Kessy. Alors je pris le temps de poser mes yeux sur Julian. Ils se posèrent sur ses pieds, mon coeur se figeait. Je remontais doucement sa silhouette qu'englobait la couverture. Tout avait l'air normal pour le moment, il était seulement là, allongé. Rien de grave, pas vrai ?

J'arrivais doucement au haut de son corps. Son bras gauche était emplâtré, il dépassait de la couette. C'était bête, ce n'était pas grand chose, ce n'était qu'un plâtre, mais ça créait quelque chose en moi, une boule qui grossissait et des larmes qui montaient. Un plâtre, je pensais. Ça voulait dire qu'il s'était cassé quelque chose ? Je ressentais une douleur violente, comme si quelque chose en moi était en train de se briser... Et elle ne se calma pas quand mon regard se posa sur l'hématome qui prenait toute son arcade gauche, la rougeur et la blessure qui gonflaient le coin de sa bouche, le bandeau qui entourait sont front... et les tuyaux... qui sortaient de son nez.

J'entendis quelques bribes de discussion. J'entendis le médecin parler de traumatisme crânien, de côtes brisées, de je-ne-sais-quoi. Mon cœur se serrait. Ma gorge se nouait. Je souffrais de le voir comme ça, je souffrais de le voir comme ça à cause de moi. Je n'avais rien et il était dans cet état.

From Paris to him 2 : Un nouveau commencementDonde viven las historias. Descúbrelo ahora