Sans attendre d'avantage, Cameron s'élança sur le petit sentier, accourant vers le portail dont les portes étaient entrouvertes. Courant comme un dératé, le cœur battant la chamade dans sa poitrine, il déboula dans la rue, s'éloignant le plus possible de la demeure de Dylan. S'il se rappelait bien, la baraque de Kaleb était à l'autre bout de la ville, et il était à pied. Tout ce qu'il possédait était resté chez Dylan, clé de voiture, portable, portefeuille. Il avait les mains liées. Pourtant, il continuait de courir, comme si la mort le poursuivait, sa faux à la main. Sans argent ni moyen de transport, il lui faudrait bien trois-quarts d'heure de course effréné pour parvenir à ses fins. Autant dire qu'entre-temps, tout pouvait se dérouler, le bon comme le pire. A bout de souffle, Cameron repensa à la moue joyeuse de Kévin, au yeux clairs de Kaleb, intense et profond. Non, pas question de laisser tomber. Rapidement, Cameron traversa la route, sans avoir regarder au préalable s'il n'y avait aucun véhicule. Un bruit de pneu crissant sur le bitume le fit frissonner, tandis qu'une voiture s'arrêtait à quelques centimètres à peine de ses jambes flageolantes. Il était crevé et à bout de souffle.

- Cameron ? Mais bon sang, qu'est-ce que tu fous !

Surpris, Cameron plissa doucement les yeux, aveuglé par les phares du véhicule lui faisant face. Pourtant, il n'eut aucun mal à reconnaitre la voix qui lui hurlait après, et il crut qu'il allait réellement chialer de soulagement.

- Lucie ? Bonté divine, je n'ai jamais été aussi heureux de te voir !

Rapidement, il s'approcha de sa fenêtre, côté conducteur, qui avait été baissée. Posant les mains sur la vitre, il observa le visage surpris de sa collègue, qui complètement perdu, le fixait, les sourcils haussés.

- J'ai besoin que tu me déposes chez un ami, c'est très urgent, s'il te plait.

- Quoi ? Mais qu'est-ce qu'il se passe ?

- Un ami a des problèmes, je dois absolument aller chez lui.

- Ou est ta voiture ?

Cameron grimaça, avant de passer vivement une main sur son visage, angoissée.

- Je n'ai pas le temps de tout t'expliquer, mais j'ai besoin de toi, Lucie.

Suppliant, il joignit les mains devant lui.

- S'il te plait, s'il te plait, c'est réellement important.

Bien qu'hésitant, Lucie se mordilla la lèvre inférieure, tout en tripotant son volant. Il était évident qu'elle avait surement autre chose à faire, mais la, il fallait vraiment qu'elle lui accorde un peu de son temps. La vision de Kaleb au sol, évanouit, avec son petit garçon à ses côtés, pleurants et effrayés, lui donnait la nausée.

- Très bien, monte.

Un long soupir s'échappa de ses lèvres, alors que Cameron s'empressait de contourner la voiture pour s'installer côté passager. Il boucla rapidement sa ceinture, tout en communiquant l'adresse de Kaleb à Lucie. La poitrine se soulevant rapidement, il tentait tant bien que mal de rependre sa respiration, même si cela semblait laborieux après la course effrénée qu'il avait effectuée dans les rues de la ville.

- Tu ne pouvais pas appeler un taxi ? demanda-t-elle, l'air réellement intriguée.

- Je n'ai pas mon portemonnaie.

- Tu es juste sortit comme ça, sans rien prendre ?

Cameron soupira doucement, avant de passer une main tremblante dans ses cheveux.

- Ecoute, c'est vraiment une longue histoire. Je te raconterais ça une autre fois, d'accord ? En attendant, accélère s'il te plait.

Acquiesçant, Lucie appuya d'avantage sur la pédale, élançant son véhicule le long du trottoir, dépassant légèrement les limitations de vitesses. La peur lui serrait les entrailles, et son souffle se faisait court, irrégulier. Il n'arrivait décidément pas à s'apaiser.

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