The Way It Happened

#08

ELANA

16 Janvier 2015

Nous étions arrivés enfin au bout de la jetée ou le voilier était amarré

- Je te présente Pearl, dit-il avec fierté en désignant le bateau.

- T'as donné un nom à ton bateau ...choquant ! dis-je, mon regard balaya la coque lisse et blanche, les voiles bleues et les nombreux cordages. Rassure-moi Tu sais naviguer seul, tu ne va pas nous tuer ?

- Je suis plus à l'aise sur un bateau que sur terre ! clama Nathan, pourquoi tu n'as pas confiance ?

- Désole de te faire de la peine, mais non.

Je hochai la tête, malgré que j'éprouve une soudaine pointe d'anxiété.

- Je me demandais juste si c'était mes dernières heures à vivre.

- Arrête de parler et monte !

- oui, mon capitaine ! dis-je en faisant le salut du soldat, il me tendit la main pour m'aider à monter sur le bateau

- c'est bon, je vais me débrouiller.

- Elana fais pas ta meuf, tu veux ! tu ne pourras jamais monter seule, alors s'il te plait, donne-moi ta main !

Je le regardai un instant et me décida de la prendre tant bien que de mal, une fois a bord je la relâchai vite, le fond tangua légèrement et je m'assis aussitôt, le cœur battant à bord Nathan hissa le foc, puis leva l'ancre et lentement le voilier glissa vers le large, une brise vive et froide soufflait.

On rama en silence, j'avais l'impression que nous glissions sur l'eau, le soleil brillait et je fermai les yeux envahie de sentiments indéfinissables , j'entendis les cris des mouettes. 

Quand j'ouvris les yeux je vis Nathan, il avait les yeux rivés sur l'horizon sur son visage on pouvait lire la fatigue , et sous ses cheveux en bataille ses prunelles semblaient encore plus dorées , sentant mon regard il se tourna vers moi :

- Tu veux essayer de barrer ?

- Euh ...Pourquoi pas ?

Je m'approchai avec prudence sur le pont glissant.

- Tu verras, ce n'est pas difficile. m'assura-t-il

Il prit ma main et la plaça à coté de la sienne puis il me montra un petit drapeau .

- C'est le témoin qui indique d'où vient le vent pour avancer il ne faut pas naviguer contre lui, d'accord ? et pour garder le cap fixe ce point, ajouta-t-il en désignant une île au loin. ça sera ton repère.

Quand Nathan lâcha la barre, j'eus une bouffée de panique. Nous virâmes aussitôt vers la gauche.

- Barre avec fermeté ! dit-il en rectifiant ma trajectoire, c'est comme si tu tenais le guidon de ton vélo.

Les premières minutes, ce fut une épreuve du feu, les mâchoires serrées, je m'efforçais de garder le cap.

- Je t'ai sous-estimé, tu te débrouille bien pour une novice.

- Serai-ce un compliment ?

Nathan détourna le regard et grommela quelque chose :

- Tu as toujours fait du bateau ? m'enquis-je

- Toujours, je partais souvent avec mon grand frère en mer, quand je ne vais pas bien c'est sur voilier que je viens me réfugié.

- C'est comme moi avec ma guitare, alors.

- C'est un peu ça !

Nous étions entrain de bavarder comme deux amis qui se connaissaient depuis longtemps, je le regardais, je l'écoutais ...et je me sentais merveilleusement bien, j'avais oubliée tout ce qui s'était passé la matinée même, comment avait-il réussi à avoir ce pouvoir sur moi ?

Nathan

16 Janvier 2015 

La maison était bien silencieuse, Claire était surement de garde ce soir donc je resterais seul, enfin avec Elana, cette dernière se dirigea vers la cuisine en direction du réfrigérateur elle prit une petite bouteille d'eau :

- Tu veux boire quelque chose ? me demanda-t-elle le dos appuyé au bar

-  Tu me proposes à boire dans ma propre maison ? dis-je accoudée à l'îlot centrale, le menton posé sur les mains je la regardais, elle haussa les épaules et fouilla dans le frigo.

- Il y'a une première fois a tout, alors tu veux du lait ou tu préfères du soda ? me dit-elle en me les montrant.

- D'après toi qu'est ce que je vais choisir ?

Elle secoua la tête et ouvrit une canette de soda et attrapa un verre et me le passa :

- J'ignorais que tu pouvais être serviable, dis-je en me redressant, je lui passais devant et pris dans le placard du haut un paquet de spaghetti

- Tu va nous faire a manger ?

- Disons que JE vais me faire a manger, et que si tu en veux il n'y aura pas de problème.

- Tu ne peux pas t'empêcher d'être sarcastique ?

Je haussai les épaules en souriant.

- C'est toi qui le dis , moi je pense que c'est ce qui fait mon charme.

- Alors le ! s'exclama-t-elle en levant les yeux au ciel

On était a table entrain de manger nos fameuses spaghetti a la sauce bolognaise, Elana se régalait, elle n'avait rien pris depuis ce midi et je voyais bien qu'elle s'était forcée à prendre du poisson, je parie qu'elle détestais en manger.

- On dirait que tu n'as pas mangé depuis une éternité ?

- C'est le cas, je te signalerai qu'il est dix heures du soir et le poisson qu'on a mangé était juste dégueulasse .

- Moi je l'ai trouvée bon.

- T'as des goûts bizarres !

Pendant un instant elle me fixa :

- Pourquoi tu me regardes comme ça ? l'interrogeai-je

- Je me disais juste que ..... on est ensemble depuis ce matin, et on ne s'est pas pris le bec, pas même une fois , c'est bizarre non ?

- On a battu le record alors ! tu devrais être contente.

- Non, mais plus sérieusement.

- Je commence à te supporter.

Un sourire se dessina sur sa bouche :

- Tu sais, j'ai jamais eu d'amis, ma seule amie je pense que c'est ma guitare.

- Ah bon ? pas une seule, Pourquoi ?

- Je suis devenue comme ça, une grande solitaire.

- mais pourquoi ? 

- on dit qu'on est maître de nos vies et qu'on a les clefs, moi on me les a prises.

- C'est très poétique.

- J'ai de l'inspiration ce soir ! dit-elle en souriant 

- Tu sais personne n'a la vie parfaite .

- Je ne dis pas le contraire, je sais que chacun a ces problèmes... seulement certains choisissent d'avancer malgré tout.

- Comme toi ? elle me regarda puis elle acquiesça, Je trouvais ça sympa de discuter avec elle.

- Merci pour aujourd'hui c'était sympa, la balade en mer m'as fait du bien, dit-elle en débarrassant son assiette.

Et à ce moment précis je me suis rendu compte que je commençais a bien l'aimer, ce qui était HORS DE QUESTION !

Je ne pouvais pas. 

Je ne me le permettais pas.