The Way It Happened

#03

ELANA

14 JANVIER 2015

Je m'avançais vers le comptoir je trouvais Ted Harlay, le patron du café qui me sourit en me traitant au passage de sorcière car j'étais toute vêtue de noir et j'avais également mes cheveux noirs lâchés.

- Salut Ted !

- Salut El', tu peux sortir les madeleines du four ?

- Laisse-moi juste me changer et j'arrive !

Je me dirigeais vers l'arrière boutique pour mettre mon tablier et m'attachait les cheveux en queue de cheval. Je déposait le plateau de madeleines sur le comptoir puis je me mit à nettoyer des verres et remplir les sucrières. Voilà en quoi se résumait mes journées ; fac-métro-boulot , à vrai dire , j'enchaînais trois boulot que je n'aimais pas réellement. J'était serveuse, aide-bibliothécaire pendant les cours et je livrais parfois des commandes.

Même si parfois je devais dire au revoir à mes précieuses heures de sommeil, je n'avais pas trop le choix, si je ne voulais pas me retrouver à la rue, je devais payer mon loyer, mes factures et tout ce qui s'en suivait.

En fin de journée, je m'engouffrait dans le métro descendant les escaliers fuyant le froid de la nuit. Soudain, je sentis une sensation bizarre en moi, je m'arrêta net. Ma vision commençait à devenir floue, je clignait fortement des yeux, je restait un instant immobile m'adossant au mur le plus proche.

Je sentis une boule dans ma gorge, mon cœur battait à tout rompre et des sueurs froides m'envahissaient. J'avais l'impression que le temps c'était soudainement arrêté, je me mit à trembler, je sentis mes genoux se dérobaient sous moi, le bruit du métro rugit dans mes oreilles puis...ce fut l'obscurité.

Venues de très loin les voix me parvenaient, elles s'entremêlaient dans un tourbillon, j'ouvris tout doucement les yeux, je me rendis compte que je n'étais plus dans le métro.

Un plafond blanc ? Où suis-je ?

Je fronçais les sourcils, j'avais affreusement mal à la tête, je regardais autour de moi j'étais allongée sur un lit en fer couvert d'un drap blanc. A côté, sur une petite table était posé un pichet et un verre.

- Tu es réveillée ? Me dit une voix féminine, je vis apparaître devant moi dans une blouse blanche, une jeune fille qui s'avança vers moi et me sourit :

- Salut Elana ! me dit-elle

Cette personne... c'était elle !

Son visage m'était familier, mon cœur se mit à battre je n'arrivait pas à y croire cette fille devant moi, c'était comme si à quelques mètres se tenait un fantôme. J'arrivais à prononcer :

- Claire ...Claire Carter !

- C'est moi, ravie de te revoir Elana, ça fait longtemps !

Claire était une très jolie fille, ces yeux étaient d'une couleur miel dorée, elle était de taille moyenne, elle avait les cheveux châtains qui lui tombait sur les épaules.

- Oui, j'avoue.

Elle m'aida à me relever, m'arrangeant mon oreiller pour que je m'y adosse :

- Alors ta devise c'est : plus de nouvelles, bonne nouvelles, à ce que je vois ?

- C'est un peu ça ! dis-je un peu honteuse, elle me projeta un rayon lumineux, d'une petite lampe dans mon œil.

- Tu te souviens de ce qui s'est passée ?

- Je me suis évanouie, c'est bien ça ?

- Oui , tu as eu une hypoglycémie, à quand remonte ton dernier repas ?

- Je mange très peu récemment, je n'ai pas vraiment le temps. Avec les études, le boulot.

- Je vois, tu prends des coupe-faim ? me demande-t-elle, tout en prenant note.

- Non, j'en ai jamais pris !

- Tant mieux, bon tu n'a rien de bien grave, tu dois prendre soin de toi, si tu  n'a pas le temps de manger, tu pourrais manger au moins des barres chocolatés.

- D'accord ! acquiesçai-je, je ne pu m'empêcher de la fixer, elle n'avait pas changé et pourtant je l'ai connu quand elle était plus jeune que ça.

- J'ai appelée Adam. 

- Quoi tu...tu ...pourquoi tu l'as appelé ?

- Je n'avais pas le choix, je devais avertir un membre de ta famille.

Je restais silencieuse, cela faisait presque cinq ans que je ne l'avais pas vu.

- OK, je vois ! dis-je après un soupir.

À vrai dire, je connaissais Claire par le biais de mon frère, Surprise ! Oui, j'avais un grand frère, après la mort de notre père, nous n'avons plus étaient aussi proches, c'est comme s'il n'existait pas. Claire était sa meilleure amie comme quoi l'amitié entre garçon et fille pouvait exister. Ils ont suivi les cours de médecine ensemble, ils s'étaient connus bien avant l'université lorsqu'ils participaient à des décathlon scientifique et ils sont encore devenu plus proches quand ils ont travaillaient comme maîtres nageurs dans le country-club des parents du petit-ami de Claire.

- Bon, je vais te reconduire chez toi, tu habites où ?

- Dans le quartier de Green Wall.

- Quoi ?! T'habites à Green Wall ? s'écria-t-elle quelque peu choquée.

- Oui, pourquoi ? 

En posant cette question je savais très bien où elle voulait en venir, Green Wall n'était pas un quartier qui avait une très bonne réputation, si vous venez un jour à Portland, je vous conseillerai vivement d'éviter de passer par là, de jour comme de nuit d'ailleurs.

- C'est hors de question !

- Mais...

- Comment tu peux habiter dans un quartier malfamé comme Green Wall ! s'indigna-t-elle.

- Désolé, mais c'était tout ce que je pouvais me payer.

- Tu passeras la nuit chez moi.

- Mais Claire ....

- Je ne veux rien entendre, je pars chercher mes affaires, je te retrouve à la réception, le temps que je signe ton carnet de charge.

Je fis oui de la tête.

Dans la voiture, le silence régnait, je me sentais mal à l'aise je tournais mes pouces, un peu anxieuse à l'heure qu'il est plein de questions me venaient en tête, je regardais du coin de l'œil Claire et je me décidai à dire :

- Il sera là ...enfin, je veux dire Adam sera chez toi ?

- Il est à Houston en ce moment, il a un congrès là-bas .

- Ah ... Et il ...il va bien ?

- Oui, ne t'inquiète pas.

- Il est en colère, n'est-ce pas ? demandai-je en connaissant déjà la réponse  

Claire arrêta la voiture au feu rouge et se retourna vers moi :

- Écoute, il s'est posé des questions et c'est totalement normal,  tu as disparue du jour au lendemain sans prévenir, je pense que sa colère est justifiée, m'expliqua-t-elle avec un petit brin de colère

- Tu ne sais pas ce qu'il s'est passée, Claire !

- Je demande qu'à savoir.

- Tu lui as dit quoi ? Lui demandai-je en croisant les doigts qu'elle ne lui ai rien raconter sur mon petit passage à l'hôpital, pour moi ça l'était, mais je connaissais parfaitement Adam, enfin s'il était resté la même personne avec qui j'ai autrefois vécu, il faisait des tas pour un rien.

Alors que la voiture se remit en marche, elle me répondit plus calmement

- Je lui ai juste dit que tu es venue parce que tu avais mal au ventre .

- Merci ! dis-je doucement.