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ELANA

12 janvier 2015

Il n'y pas de bonne ou mauvaise décision dans cette vie, c'est juste qu'on se retrouve parfois, très souvent même, face à des choix qui nous semble tous plus mauvais les uns que les autres, mais il faut quand même en faire un.

Alors, on prend la décision qui nous semble être la plus juste du moins, la moins mauvaise, celle qui nous semble la plus mauvaise.

Assise sur ce banc, je suis vraiment inspirée par les rythmes qui m'entourent, le bruit des portes qui s'ouvrent et se referment, les annonces des haut-parleurs, les voix des gens, le martèlement de leur pas à n'importe quelle heure de la journée. 

C'est dans ce brouhaha que le son de ma guitare s'élève les gens passent, m'écoutent quelques instants, puis retournent à leur quotidien. 

J'aime me dire que pendant quelques instants que je leur fait oublier leur tracas et leur soucis. Pour eux, je ne doit être que cette jeune guitariste de rue au cœur blessé et solitaire. Une pauvre fille qui a été abandonnée par ses parents, car elle était trop rebelle. 

Une fille qui a commis sans doute l'irréparable pour qu'elle se retrouve dans cette situation et qu'elle est présente dans un endroit qui n'est pas fameux.....peut-être bien.

Parfois même souvent, je vois bien dans leurs regards qu'ils sont curieux de connaître mon histoire, ils veulent savoir pourquoi je suis ici, à jouer de la guitare à mes heures perdues .

Et bien... je dois vous dire que dans toutes ces hypothèses, il n'y a aucunes de juste, malheureusement c'est bien plus profond que cela.

Je me souviens exactement du jour où j'ai commencé à venir ici. C'était un jour froid du mois de février, mes yeux remplis de larmes que j'essayais malgré moi de contenir, ma guitare au dos sans réfléchir je l'ai mise sur mes genoux, je l'ai enlevé de sa housse et sans m'en apercevoir j'ai commencé à y jouer et cela m'avait en quelque sorte apaiser.

J'ai toujours voulu être musicienne, pour moi la musique guérissait l'âme. Dans mon cas elle guérissait une âme plus que meurtrie, mais à l'heure actuelle, je ne suis qu'une simple étudiante en arts.

Avant de venir m'installer à Portland, j'ai grandi dans la ville de Chicago, dans l'État de l'Illinois à plus de 1300 kilomètres d'ici. J'aimais bien Chicago, elle regroupait tant de souvenirs mais elle est très vite devenue un endroit que je voulais quitter à tout prix.

J'ai voulu absolument m'y enfuir, cette idée me traversait l'esprit chaque jour, surtout lorsque je revenait du lycée, quand le bus scolaire passait devant le panneau « Aéroport International de Chicago » , je n'avais qu'une seule envie c'était de descendre et de prendre le premier avion, loin très loin de là où j'était. 

Après avoir eu mon diplôme j'ai excusé mon rêve, j'ai tout quitté. J'ai laissée une maison remplit de souvenirs qui me hantaient, j'ai décidé d'aller étudier à l'Université de Portland dans l'Oregon. 

Je me suis donc retrouvée seule dans une ville étrangère, à l'autre bout du pays, mais j'avais eu ce que je voulais, être assez loin de tout .

J'ai perdue mon père à l'âge de six ans, l'âge où on ne comprenait pas tout à fait ce qu'il se passe autour de nous, c'est quand le temps commençait a passé que je me suis rendue compte que rien ne sera plus tout à fait pareil.

Quatre ans plus tard, ma mère s'était remariée avec le voisin d'à coté. Vous voyez le type d'homme qui vient réconforter une femme désespérée dans la période la plus difficile de sa vie, c'était lui ! Il a volé au secours de ma mère qui était pour lui une femme qui vivait très mal la mort de son mari. 

Sans surprise, elle en est tombée amoureuse, pas que je lui en veuille d'avoir remplacé mon père en très peu de temps, loin de là ! Cela me faisait plaisir de la voir enfin retrouver le bonheur et de me dire que les secondes chances existaient .

Avec lui, elle se comportait comme une adolescente de quatorze ans qui vivait pour la première fois une histoire d'amour et cela m'amusait de la voir dans cet état. Lorsqu'elle me l'avait annoncé, la seule question qui m'était venue à l'esprit :

- Tu te sens bien avec lui ? à laquelle elle m'avait répondu avec un large sourire.

- Oui !

- Alors ça me va ! avais-je répondu. Pourvu que ma mère soit heureuse me disais-je. 

Maintenant que je suis à des milliers de kilomètres d'elle, j'ai un sentiment amer en me rappelant notre complicité, notre relation fusionnelle, nos soirées cinéma et nos virées shopping. 

Je crois qu'elle faisait semblant de ne pas voir celle que j'étais devenue, c'était sans doute plus facile pour elle d'ignorer les choses que de leur faire face, mais elle se mentait à elle-même, je n'était plus sa petite fille chérie, celle qui allait dans sa chambre au milieu de la nuit parce qu'elle croyait qu'il y avait un monstre sous son lit. 

Assise sur ce banc, je suis interloquée de savoir, qu'est-ce que les gens voient en moi ? Pour moi, je suis juste Elana Williams, une fille pas particulièrement jolie, une fille plutôt banale.

Me tirant de ma rêverie, l'alarme de mon téléphone se mit à sonner me rappelant à l'ordre, c'était l'heure de ranger ma guitare, de prendre mon sac et de me transformer de guitariste du métro en serveuse .

En sortant du métro le vent me fouetta le visage, je l'enfouis dans ma grosse écharpe en laine, les mains dans les poches de mon manteau noir marchant d'un bon pas vers mon lieu de travail, qui était juste à une rue de là. 

L'hiver s'était installé y'a quelque mois déjà et ils nous avait pas fait de cadeau. Franchement, je détestais cette période de l'année, ce ciel gris monotone, ce froid qui nous glaçait les os avec son air humide. 

Ça me déprimait encore plus que je ne l'étais et j'en perdait toute énergie. Debout, devant le feu rouge, je me tenait immobile sur le trottoir, je regardait les passants pressés comme d'habitude l'ambiance ici n'est pas si différente que celle du métro, de l'autre côté se trouvait le Coffee Shop.

The Way It HappenedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant