~ Chapitre 11 ~ Crochet

1.2K 91 32
                                    

   On était revenus au campement. Alizée était énervée durant tout le trajet, mais elle s'était calmée en tuant un chevreuil. On le faisait maintenant cuire, au-dessus de notre feu de camp. Un odeur de gibier s'échappait et Croc-Blanc fixait l'animal en se pourléchant les babines. Je coupai une cuisse entière et la lui donnait. Il me regarda, semblant hésiter.
- Mange, tu l'as méritée, lui dis-je en pointant la cuisse.
    Il tendit le cou et lécha ma main, comme pour me remercier. Il me regarda ensuite et il me sembla le voir esquisser un sourire... Puis il se mît à manger en arrachant de gros bouts de viande. Alizée taillait son couteau de l'autre côté du feu, mais elle regardait du coin de l'œil la scène, et elle sourit. Elle m'avait remercié sur le chemin du retour mais ne m'avait pas parlé. Je me demandais pourquoi. Attendez... Je repensai à ce qu'elle avait dit à Félix. Et si c'était ça, la raison de sa gêne ? Peut être bien. Mais j'aimerais lui en parler... Je n'osai pas, ayant peur qu'elle se braque. Je regardai le chevreuil. Il était cuit. Je pris une pièce de viande que je tendis à Alizée, qui me remercia faiblement, c'était presque imperceptible. Je grimaçai. Quelque chose l'avait changée, elle n'était plus pareille. Avant, elle m'aurait parlé et aurait lancé quelques vannes sur ma manière de combattre. Mais là, rien. Juste le silence. Elle n'avait même pas daigné adresser un regard à son loup, qui avait pourtant tout essayé pour attirer son attention. Elle était constamment perdue dans ses pensées. Si seulement je pouvais lire dans les pensées... Ce serait tellement plus simple ! Je soupirai. Quelque soit la raison de ce silence si soudain, je devais la trouver. Et par la même occasion, retrouver la Alizée d'avant. Je me servais une pièce de gibier, que j'engloutis. Tiens d'ailleurs, en parlant de ça, Croc-Blanc, qui s'était jeté sur sa pièce, lâcha un gros rot et se coucha sur le côté, repus. Je pouffais. Pas très propre monsieur le loup ! Il s'endormit presque aussitôt qu'il eut posé sa tête sur le sol. Alizée le regarda. Un regard plein de tendresse. Sentant que je l'observait, elle releva la tête pour me regarder. On resta comme ça un long moment puis elle déclara enfin :
- Tiens, je n'en veux plus. Tu peux la finir.
Elle me tendit son bout de viande. Il était quasiment intact ! Oula, pourquoi ne veut-elle plus manger ?
- Je n'ai pas faim, ajouta-t-elle, comme si elle lisait dans mes pensées.
- Mange quand même, tu dois reprendre des forces.
Elle hésita, me fixa longuement et fini par céder. Je soufflai. C'était déjà ça ! Le repas se passa en silence. C'était assez stressant de ne pas parler pendant presque une journée... Pour le coup, on entendait les mouches voler ! Les mouches à caca c'est sûr qu'on les entend ! Elles font un boucan... Ouais si tu veux chier discretos derrière un buisson bah t'es vite grillé ! Ça c'est clair ! Boh, tu peux toujours dire que c'est un champignon qui pue ! Mais oui bien sûr ! Et la marmotte met le... Ah non tais toi ! Tu vas pas refaire le même coup à Crochet hein ! Je soupirai et décidais de ne plus les écouter. Je finis par me lever, voyant qu'Alizée ne me dirait rien aujourd'hui. J'allais partir dans le forêt pour changer d'air, quand elle se leva et me pris dans ses bras. D'abord surpris, je finis par lui rendre son étreinte.
- Merci, me souffla-t-elle.
Pourquoi merci ? C'était normal, j'allais pas la laisser là à se faire tripatouiller par cette bande de gros porcs ! Je lui caressai les cheveux.
- Ne me remercie pas, c'est normal, lui répondis-je.
- Non pas pour ça. Merci de veiller sur moi, depuis toujours et...
Elle sembla hésiter.
- De me rendre heureuse, finit-elle.
Euh là je comprends pas tout ! Quoi tu comprends pas ? Espèce de débile ! Tais toi il ne faut pas lui dire, il doit l'apprendre par lui-même ! Ouais bah c'est pas gagné ! Quoi ? Je nage en plein brouillard là... Alizée me fixait, semblant attendre quelque chose, une réponse. Puis je compris. La phrase qu'elle avait dit à Félix... Elle me semblait si normale ! Enfin pas tout à fait normale, j'avoue... Mais là, j'en compris tout le sens. Je restai scotché. Ressentait-elle des choses pour moi ? Les mêmes que je ressens pour elle ? Parce que si j'ai autant veillé sur elle, comme elle l'a si bien dit, c'est tout simplement parce qu'elle compte énormément pour moi. C'est la première fois qu'une chose comme ça m'arrive. D'habitude, ce n'est que pour m'amuser, ça ne dire qu'un soir... Mais avec elle, je me sens différent. J'ai toujours envie d'être auprès d'elle, de la protéger. Et je ne supporte pas que d'autres garçons s'approchent d'elle. Mais est-ce réciproque ? Je plonge mon regard dans le sien : c'est grâce aux regards que l'intercepter les sentiments de personnes tels que la joie, la tristesse, le chagrin, l'amitié, le bonheur, la nostalgie, ou encore l'amour. Et c'est bien un regard de tendresse que je lis dans son regard. Beaucoup de tendresse. Mon cœur s'emballe. Non, c'est TROP de tendresse. Je ne veux pas qu'elle m'aime trop, au point de se sacrifier pour moi ou d'autres choses du genre. Je ne peux pas. Je ne supporterai pas qu'il lui arrive quelque chose, encore moins si c'était de ma faute. Je me reculai donc, à contre-cœur. Elle sembla déçue, et même plus encore.
- Je... Je vais faire un tour, bégayai-je.
Elle hocha la tête et s'écarta à son tour. Et, sans me lancer un regard, elle se coucha en me tournant le dos.

Hey ! Alors, que pensez-vous de ce nouveau chapitre ? :D je suis bien sadique sur ce coup-là... Crochet qui nous fait un long spitch sur ses sentiments envers Alizée et là bam ! rien. Mouahahah ! XD alors, vous pensez que ça va s'arranger ? Que Crochet et Alizée vont finir par s'avouer leurs sentiments ? :) Et qu'ils POURRONT s'aimer ?
Kiss <3

Entre Vengeance et AmourWhere stories live. Discover now