INVISIBLE OBSESSION

• Chapitre 17 •

"Parfois, ce n'est pas la peur qui nous fait mentir. C'est l'instinct. Une petite voix qui chuchote : il faut que tu te protèges."

— Inconnu

Daphné

J'ai claqué la portière et j'ai marché, mes clés dans la poche, là où je les avais laissées dès le départ. Mon mensonge m'avait brûlé les lèvres. J'avais menti à Nickolas. Sans sourciller. Sans ciller. C'est ça qui m'a le plus perturbée. C'est pas tellement d'avoir triché, mais que ce soit venu aussi naturellement. La main serrée dans la poche de mon manteau, autour de mes clés que j'avais pourtant prétendu ne pas avoir. Mes doigts, eux, tremblaient encore, et j'avais ce goût étrange au fond de la gorge. Une saveur que je ne savais pas nommer. Peut-être l'inquiétude. Peut-être le manque.

Je me suis engouffrée dans l'immeuble, le cœur cognant, une main serrée sur mon téléphone. Le message envoyé à Toria clignotait encore sur mon écran: « T'es là ? J'ai pas mes clés, je monte. »

Mensonge.

Mais pas totalement. Car j'avais eu besoin de vérifier. Besoin de m'assurer qu'elle était bien à la maison. Parce qu'il y a cette chose. Cette sensation qui ne me lâche plus. Comme un souffle dans ma nuque quand je suis seule. Comme des yeux dans l'ombre, quand il fait trop noir.

Et ce soir, cette chose s'était glissée dans la voiture.

Nickolas ne m'avait pas mise en danger. Ce n'est pas ça. C'est ce qui gravitait autour de lui. Ce regard trop perçant. Cette manière qu'il avait de me fixer comme s'il savait tout de moi. Comme s'il cherchait à me disséquer sans scalpel.

Quand j'ai ouvert la porte de l'appart, l'odeur du riz vinaigré et du poisson frais m'a enveloppée comme une couverture chaude. Et la voix familière de Toria a déchiré mes pensées.

— Néphie ! Tu tombes bien, les sushis viennent d'arriver !

Elle était déjà en pyjama, les cheveux attachés en un chignon, et le sourire qu'elle m'a lancé m'a désarmée. Elle allait mieux. Et je ne savais même pas pourquoi ça m'a presque donné envie de pleurer.

— T'as commandé ?

— Bien sûr. Tes préférés. Saumon, avocat, et les petits makis ridicules que t'adores.

Je l'ai serrée dans mes bras. Longtemps. Plus longtemps que d'habitude. Elle a ri contre mon cou.

— Ok, c'était une journée pourrie ou t'as juste besoin de câlins ?

— Les deux, peut-être.

On s'est laissées tomber sur le canapé, le plateau entre nous, deux paires de baguettes, une bouteille de Sprite ouverte. Et les mots sont venus naturellement.

— J'étais avec lui.

Toria a levé les yeux, la bouche pleine de riz.

— Lui genre... le mec du remplacement de Liam, le faux nerd ?

Je me suis laissée tomber sur le canapé, les jambes repliées sous moi.

— Ouais. Nickolas. Le faux nerd.

— Il est comment ? demande Toria. Je l'ai vu à ta séance de dédicaces, mais c'était rapide, j'ai pas eu le temps de vraiment capter qui il était... Enfin, à part qu'il est incroyablement grand avec son air de faux nerd...

Je me suis raclée la gorge, pinçant un peu les lèvres.

— Il est... mystérieux. Silencieux parfois, mais pas vide. Intense. C'est comme s'il portait quelque chose de lourd sans jamais vraiment le dire. Mais il y a aussi cette douceur en lui, cette manière qu'il a de me regarder comme si j'étais plus réelle que le reste.