"Les âmes se reconnaissent bien avant que les yeux ne se croisent."
– Inconnu
Nickolas
La nuit avait déjà enveloppé la ville lorsque je poussai la porte du café. L'air extérieur était chargé d'humidité, et quelques halos de lumière froide se reflétaient sur les pavés. J'avais eu une longue journée. Trop de bruit, trop de visages, trop de voix.
Ce café était une bulle hors du temps, un endroit où l'on pouvait disparaître sans que personne ne pose de questions. C'est ce que j'aimais. Ce silence feutré, ces conversations qui se noyaient dans la musique en arrière-plan, les gestes anodins des clients absorbés par leur routine.
Je pris place au bar, commandai un café noir. Le liquide brûlant dans ma tasse apporta une chaleur bienvenue, mais mon esprit était ailleurs.
Le comptoir en bois lisse sous mes doigts, la chaleur de la tasse de café entre mes mains... Des repères dans une vie où tout semblait glisser entre mes doigts.
Je portai la tasse à mes lèvres, appréciant l'amertume du café noir. Mon regard vagabondait sur la salle, passant distraitement d'un client à un autre, sans vraiment s'attarder. Jusqu'à ce qu'elle entre.
Je ne l'ai pas vue immédiatement. C'est l'écho léger de ses pas sur le parquet qui attira mon attention, un son presque imperceptible, mais qui résonna malgré tout. Puis, il y eut son reflet, capturé un instant dans la vitre, avant que mon regard ne se pose réellement sur elle.
Elle s'installa près de la baie vitrée. Son long trench brun glissa le long de ses épaules alors qu'elle s'installait, dévoilant une silhouette élégante, familière. Et sous la table, ses jambes croisées révélaient l'éclat noir de ses Mary Janes vernies.
Elle était là. Comme un mirage ancré dans le réel.
Je ne m'attendais pas à la revoir. Pourtant, une part de moi savait que ce n'était pas un hasard.
Elle ouvrit son ordinateur, l'air concentré. Ses doigts couraient sur le clavier, habiles, précis. Je me surpris à essayer d'imaginer ce qu'elle pouvait bien écrire. Des pensées volatiles, des fragments de mots sur un écran lumineux. Peut-être que c'était cela qui me fascinait chez elle. Cette intensité silencieuse, cette manière d'exister sans chercher à attirer l'attention, et pourtant... impossible de ne pas la remarquer.
Je pris une autre gorgée de café, posant mon coude sur le comptoir, les doigts effleurant le bord de ma tasse. Elle ne m'avait pas encore vu. Et moi, je n'arrivais pas à détourner les yeux. Je la voyais. Chaque mouvement, chaque soupir qu'elle laissait échapper en tapant sur son clavier.
Puis, elle releva la tête.
Nos regards se croisèrent.
Un instant suspendu. Une seconde où plus rien d'autre n'existait.
Elle ne détourna pas les yeux immédiatement. Moi non plus.
Il y avait quelque chose dans cette manière qu'elle avait de regarder. Pas de gêne, pas d'hésitation. Juste une curiosité silencieuse, presque instinctive. Comme si elle essayait de me comprendre, de m'analyser, comme je le faisais moi-même.
Un serveur vint poser son café latté vanille et un roulé à la cannelle devant elle, brisant la connexion. Elle baissa les yeux, remercia d'un sourire discret, puis prit sa tasse entre ses mains. Mais je vis.
Elle était troublée. Pas beaucoup. Juste un peu.
Je ne savais pas pourquoi je restais là à l'observer. Ce n'était pas mon genre. Je ne perdais pas mon temps à ce genre de choses. Pourtant, quelque chose en elle captait mon attention.
Un détail. Une impression.
Et alors que je m'efforçais de détourner les yeux, elle releva la tête.
Nos regards se croisèrent.
Elle ne détourna pas immédiatement les yeux. Moi non plus.
Une seconde. Deux. Trois.
Puis elle reprit sa tasse entre ses mains, en repoussant une mèche de ses cheveux bouclés derrière son oreille, comme pour se protéger de ce silence invisible entre nous.
Je souris à peine.
Elle finit par détourner le regard.
Et cette fois, c'est elle qui détourna les yeux la première.
Le temps s'étira, rythmé par le cliquetis de son clavier et le murmure des conversations autour de moi. La musique planait dans l'air, vaporeuse, irréelle.
Puis, sans prévenir, elle commença à ranger ses affaires.
Je la regardai refermer doucement son ordinateur, ajuster son trench et attraper son sac avec des gestes mesurés.
Une dernière gorgée de café, un soupir presque imperceptible, puis elle se leva.
Elle passa près de moi, son parfum vanille flottant brièvement entre nous avant qu'elle ne pousse la porte du café.
Je la suivis du regard.
Elle marcha lentement sur le trottoir, disparaissant peu à peu dans l'obscurité de la rue. Je n'aurais pas su dire pourquoi, mais son absence laissa un vide étrange dans l'espace qu'elle venait d'occuper.
Un léger raclement de gorge me ramena à la réalité.
— Toujours fidèle à tes habitudes, Nick.
Je ne me retournai pas tout de suite.
La voix était familière. Raspée, légèrement traînante. Un mélange de moquerie et de professionnalisme.
Je levai les yeux et croisai le regard de Wesley, l'un de mes contacts. Un type toujours sur le fil, ni vraiment fiable ni totalement imprévisible.
Il s'assit sur le tabouret à côté de moi et posa un dossier sur le comptoir.
— Des nouvelles ? demandai-je en attrapant ma tasse.
— Ça dépend. Tu cherches encore ce foutu fantôme ?
Je ne répondis pas.
Il soupira et fit glisser le dossier vers moi.
— Un témoin a parlé d'un homme correspondant à sa description dans un entrepôt désaffecté, vers le port. Rien de concret, mais ça vaut le coup d'aller voir.
J'ouvris le dossier et parcourus les photos floues, les notes griffonnées à la hâte.
— Tu comptes y aller ce soir ? demanda Wesley en haussant un sourcil.
— Peut-être.
Il rit doucement.
— Fais gaffe à ne pas trop te perdre dans tes pensées, Nick. C'est dangereux.
Il se leva et tapota mon épaule avant de quitter le café.
Je restai encore un instant, fixant la dernière photo du dossier. Puis je refermai la chemise cartonnée, glissai quelques billets sur le comptoir et me levai à mon tour.
L'air frais de la nuit me frappa dès que je passai la porte. Je marchai tranquillement jusqu'à ma voiture, une BMW noire garée un peu plus loin. J'ouvris la portière, jetai le dossier sur le siège passager et m'installai derrière le volant.
Un dernier regard vers la rue où elle avait disparu.
Puis je mis le contact, et le moteur ronronna doucement dans la nuit.
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Coucou, ça va ? Alors ?...🤭
On a enfin la meet cute de nos deux protagonistes !! 🫠
Dite moi ce que vous avez pensez de ce chapitre ! Votre ressentie m'intéresse énormément, alors partagez ce que vous voulez: vos théories, vos impressions, vos moments favoris ou ceux qui vous ont marqués 🤍
Merci de lire cette histoire, rendez-vous au prochain chapitre... ♡
Promis, les choses ne vont faire que s'intensifier....
Bisous,
-Dana Turner 💋
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INVISIBLE OBSESSION
RomanceDaphné pensait mener une vie ordinaire. Ecrivaine à succès, entourée de ses amies, elle ne se doutait pas que, dans l'ombre, quelqu'un l'observait. Nickolas, agent de l'OGS, est un homme de l'ombre. Son monde est régi par des missions, des ordres et...
