Les Héritiers du Sang : Le Roi et L'épée. T1

Chapitre 35. Glace et sable chaud.

Iris

Je ne vais pas mentir, le sang que m'a donné Lorana m'a fait beaucoup de bien. Avant hier soir, je ne m'étais jamais senti aussi faible. D'après la sœur de Kalahan, c'est le vampire en moi qui se réveille et fait disparaître la part humaine en la dévorant. Ce qui explique pourquoi je ne me sens pas en grande forme ces derniers temps. D'ailleurs, j'ai aussi remarqué que j'étais plus à fleur de peau, plus sensible et j'ai dû mal avec ça.

Kalahan avait une sorte de réunion avec ses généraux concernant les disparitions des loups et je n'ai pas voulu m'y rendre. Il faut que je trouve déjà ma place dans ma vie avant de devenir quelqu'un d'autre. La femme du roi des loups par exemple ou la fille du souverain des vampires. Sauf que pour le moment, je suis simplement Iris, la chasseuse qui s'est enfuie de la Guilde.

Je ne l'ai pas dit à Kalahan mais je suis sortie courir pendant qu'il était occupé et lorsque je reviens vers la maison de Fenrir, j'aperçois Viktor et Marcus s'entraîner à l'extérieur. Bien sûr, le protégé de mon père est très doué pour le combat au corps à corps, quant à Marcus, il ne semble pas très à l'aise avec un bâton d'entraînement dans les mains.

Le morceau de bois s'écrase devant mes pieds et Viktor affiche un sourire radieux tandis que son acolyte soupire de frustration.

— Le professeur est mauvais ? demandé-je avant de ramasser l'arme en bois.

— Il me connaît trop, c'est ça le problème.

Marcus se penche pour prendre une bouteille d'eau et je peux voir Marie le déshabiller du regard. Elle craque complètement pour le grand brun tatoué.

— Et toi, Iris, tu as envie de me défier ?

Je lâche un petit rire avant de me redresser correctement tout en faisant tournoyer l'arme dans ma paume. Je n'ai pas spécialement envie de me donner en spectacle, surtout qu'il y a des loups à l'extérieur également. Cependant, lui ôter cet air victorieux du visage me tente énormément, je dois l'avouer. Ce n'est pas parce que tu mesures quasiment deux mètres, que tu es une montagne de muscles que tu m'impressionnes. Et puis merde.

Je mords ma lèvre inférieure pour ne pas sourire à mon tour, puis place le bâton sur mon épaule avant de tourner autour du Viking.

— Ne sois pas trop sûr de toi, Viktor.

— Tu as peur ? rit-il en se mettant en position.

Absolument pas. J'aime cette sensation qui se déverse dans mes veines quand je suis sur le point de me battre, c'est grisant et je n'ai pas eu l'occasion de m'entraîner depuis mon départ de la Guilde. J'entends Marie me crier de lui, je cite « faire manger ses dents », tout ça ponctué par deux bras en l'air. Merci ma cocotte, ça me touche.

Je fais pivoter mon arme devant moi avant de planter fermement mes pieds dans le sol en calmant ma respiration. Le Viking fait de même avant de s'élancer dans ma direction. Il est rapide cet enfoiré !

Je pare son attaque alors que nos visages se retrouvent face à face. Ses yeux bleus acier s'ancrent aux miens alors qu'il me surplombe de toute sa hauteur. Je pousse sur mes bras afin de le repousser dans un cri. Nous échangeons quelques beaux coups et je comprends rapidement qu'il n'est pas là pour rire quand son bâton frappe ma joue de plein fouet.

Bordel...

Je m'étale sur l'herbe en secouant la tête puis reprends mes esprits, les dents serrées. OK, tu veux jouer ainsi ? Un petit saut en avant et je me remets sur mes pieds avant de lui asséner un coup sous le menton. Second impact derrière ses genoux et il s'effondre au sol.