Les Héritiers du Sang : Le Roi et L'épée. T1

Chapitre 4. Un chaperon à vampire.

Kalahan

Cette soirée était la pire idée du siècle. Me trouver une femme et redorer mon blason, c'est ça ? Un fiasco total. Je suis affalé dans un énorme fauteuil mis en valeur sur une sorte d'estrade. J'ai vraiment honte. Que suis-je exactement ? Le trophée tant désiré par ses dames ? Les louves se trémoussent pour attirer mon attention, sauf que la seule chose qui me plaît, c'est le petit parasol dans mon cocktail. Il est noir avec la petite silhouette d'un loup hurlant à la lune. Ça, c'est du marketing ! Je veux les mêmes à la maison.

Je n'ai jamais éprouvé la moindre envie pour ces femelles. À tel point que j'ai fini par cesser de les regarder. Plus le temps avance, plus je me persuade que je suis passé à côté de ma destinée. Ses mots me hantent depuis que ma sœur les a prononcés. Celle qui m'était promise est sans doute un songe, trop lointain pour encore pouvoir m'atteindre.

Contre toute attente, au milieu de cette mascarade, une présence me subjugue. Ma peau se couvre de frissons délicieux, mon cœur se met à battre plus vite. D'où vient cette aura ? D'une louve ? Aucune chance. Je scrute les alentours à la recherche de l'origine de mon trouble jusqu'à ce que mon regard se pose sur la chasseuse venue surveiller mon peuple.

C'est elle, je peux le sentir. J'ignore comment décrire ce que je ressens en cet instant précis. Moi, le roi légitime des loups, je frissonne pour une humaine dont l'existence se résume à traquer et tuer les surnaturels. Il n'y a pas plus navrant. Pourtant, lorsque nos regards se croisent brièvement, mon palpitant rate quelques battements. Cette femme est de toute beauté, je ne peux pas le nier.

Une louve me ramène sur Terre en aventurant sa main au mauvais endroit. Je la saisis mais cette idiote est bien trop ivre pour que m'énerver ait une quelconque utilité alors, je me contente de la repousser. Par chance, ma soirée prend une tournure plus agréable lorsque Syara débarque, une chope de bière à la main. Je suis sauvé !

— Alors ? On a enfin une reine ?

— Très drôle. Bien sûr que non.

Nous échangeons rapidement une accolade chaleureuse avant de passer aux choses sérieuses.

— Tu finiras par trouver, ne t'en fais pas. À quand ta prochaine visite ?

— Je veux revenir, arrêter d'être dans l'ombre. Je sens que les loups ont besoin de moi.

— Quelque chose va mal, n'est-ce pas ? Mon instinct ne me trompe jamais, mon roi.

Sa stature imposante ferait fuir n'importe qui. C'est un homme avec des seins, sans blague. À chaque fois que je la regarde, je me dis : elle est mariée et mère de quatre enfants, les pauvres. Syara est le genre de louve qui fend les bûches à mains nues. Mais si même elle sent l'orage, c'est que des heures sombres arrivent.

Je l'entraîne un peu plus loin, à l'abri des regards, mais surtout, des oreilles indiscrètes. Elle me regarde avec incrédulité puis croise ses bras sur sa poitrine.

— Les vampires pensent que le Vatican prépare une guerre.

— Valérian a trop tiré sur la cocaïne. Ils sont nos plus vieux alliés. Wind les voit régulièrement.

— Et il est subitement devenu très riche, Syara.

— Tu insinues que notre frère est un traître ?

Cela paraît complètement fou, je sais. Mais quand on y pense, c'est logique. L'Église traque les surnaturels depuis toujours. Depuis que nous sommes leurs alliés, les nôtres se meurent.

— J'ai besoin de toi, je t'en prie.

— Bien, que veux-tu ?

— Les dossiers sur tous les loups morts pour le Vatican ces dix dernières années.